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La bonne à reculons s'avançant, répondit:
Que ton fens eft petit!

Le Brillant qui te flate, eft d'un fi noir préfage,
Que pour en teindre fon corfage,

Il faut avoir rendu l'efprit.

Je ne veux point ici doüer la Teftacée,

D'ame immortelle & de pensée ;

*

Mais la Fable en fes jeux met tout à l'uniffon ;
Et fans tirer à conféquence,

Quelquefois au nom propre ajoûtant un furnom,
Fait parler avec éloquence

Matiere, oiseau, ferpent, quadrupede, poiffon.
L'Ecrevifle ne peut rendre l'efprit fans doute,
C'eft façon de conter. Mais il eft force gens,
Vêtus d'habits pompeux, fous la célefte voûte :
(Et je vois tous les jours nombre de ces pimpans;
Efpece rare, à les entendre)

Qui n'auroient point d'efprit à rendre,
Si l'on faifoit comparaison

De l'inftin& de la brute à leur foible raifon.
Moralifons encor: Fafte & magnificence
Ne peuvent éblouir que les cœurs infenfés;
Au lieu que tout homme qui penfe,

Se rit de la folle espérance,

Qui les tient dans fes nœuds toûjours embarraffés.

* Nos Naturaliftes donnent ce nom aux Poissons à coquilles

LE MOINEAU ET LA FAUVETTE.

JE

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E ne parlerai point de nos amours, Fauvette, Lui difoit un Moineau. La belle étoit jeunette; Elle crut fes fermens, avec lui s'expofa,

Le

Et fous la verte épine écouta fa fleurette. trompeur n'en dit mot, mais il la méprifa: Plus n'eût fait fa langue indifcrette.

LE CHIEN QUI TOURNE LA BROCHE,

Q

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UOI! dans ma tournante machine,'

Sifiphe impatient, malheureux Ixion,

Il faut donc que je fois toûjours en action?
Sufpendu dans une cuifine,

Près du feu, dans le mois de Juin,
Ardent voyageur qui chemine

Sans jamais avancer chemin.

Pour qui, dans ces travaux, tracaffai-je ma vie?
Pour vous, cruels humains, amis de gloutonnie,
Dont les creux eftomacs deviennent les tombeaux
De mille innocens animaux.

Eh! que me revient-il de ma peine infinie?
Hélas! prefque rien; quelques os,

Que me difputent mes confreres,
Qui, joüiffant d'un doux repos,

Partagent avec moi le fruit de mes miferes.
C'est ainsi qu'en foi-même, accufant le deftin,

Laridon tournebroche exprimoit fon chagrin.
I vous enveloppoit dans fa plainte commune,
Laboureurs, qui des champs que vous enfemencez,
Rapportez le plus clair à la taille importune,
Et vous petits commis, vagabons, harraffés,
Qui par monts & par vaux pourfuivez la fortune,
patrons oififs que vous enrichiffez.

Pour des

A M. DE MORINAY,

Gentilhomme Ordinaire de la Chambre du Roi.

SAge & charmant mortel, dont la Philofophie

Conferve fon air pur & fon aménité
Au milieu des douceurs d'une agréable vie,
Où, fans orgueil & fans envie,

Et de toute vertu Partifan respecté,

Tu paffes les beaux jours que la Parque te file; Toi, dont la charité fertile,

A l'indigent perfécuté,

Affure dans fes bras un falutaire afyle,

Comme dans fes heureux rameaux

Un arbre étalant fon feuillage,
Préfente, à l'abri de l'orage,

Une douce retraite aux innocens oiseaux.

Cher Parent, lis ces vers, que dans ma folitude,
Les vertus, approuvant ma poëtique étude,
Ont dictés à mon cœur, amoureux du vrai bien
C'eft un hommage légitime,

Que doit à la noblese, à la bonté du tien,

La vive amitié qui m'anime.

Bb iiij

CANTATES

HERCULE ET OMPHALE.

CANTATE

L'UNIVERS

I.

'UNIVERS délivré de cent monftres terribles; Dans l'indomptable Hercule admiroit le héros, Dont les exploits & les travaux,

Lui faifoient efpérer les biens sûrs & paifibles,
Qu'offre après les combats l'agréable repos.

Des Cieux la masse chancelante

En lui trouve un fecond Atlas ;
Les géants, faifis d'épouvante,
Tombent écrafés fous fon bras.

Dragons, Serpens, remparts,murailles,
Tout cede à fes moindres efforts;
La terre, à travers ses entrailles,
Le voit franchir les fombres bords.

Des Cieux la maffe chancelante
En lui trouve un fecond Atlas;
Les géants, faifis d'épouvante,
Tombent écrasés fous fon bras.

Pendant qu'accumulant conquête fur conquête

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Semant partout l'éclat de fon nom glorieux,{
Du tonnant Jupiter le fils ambitieux

De nouveaux lauriers ceint fa tête,

Que lui feul il fe croit plus fort que tous les Dieux, Il voit Omphale ; & fa défaite

Eft l'ouvrage de deux beaux yeux.

L'aimable jeunesse,

La feinte douceur,
La délicateffe,

Le foûris trompeur,
La molle langueur

Joignent leur adresse,

Pour charmer fon cœur ;

Lui-même il fe laiffe

En proie au vainqueur.

Il s'enivre à longs traits du poifon qui le tue;
Le traître Amour, fur lui fecoüant fon flambeau,
Avec un ris amer lui vole fa maffue;

Et, pour comble d'infulte à sa valeur vaincue,
Met dans fes nobles mains un indigne fuseau.
Près d'Omphale occupé d'un travail ridicule,
Il foûpire, il gémit: interdit & confus,

Il cherche dans le tendre Hercule,
Le grand, le fier Hercule, & ne le trouve plus.

En vain, guerriers magnanimes,
Vous vantez vos actions;
Si vos courages fublimes
Sont foumis aux paffions.

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