La bonne à reculons s'avançant, répondit: Le Brillant qui te flate, eft d'un fi noir préfage, Il faut avoir rendu l'efprit. Je ne veux point ici doüer la Teftacée, D'ame immortelle & de pensée ; * Mais la Fable en fes jeux met tout à l'uniffon ; Quelquefois au nom propre ajoûtant un furnom, Matiere, oiseau, ferpent, quadrupede, poiffon. Qui n'auroient point d'efprit à rendre, De l'inftin& de la brute à leur foible raifon. Se rit de la folle espérance, Qui les tient dans fes nœuds toûjours embarraffés. * Nos Naturaliftes donnent ce nom aux Poissons à coquilles LE MOINEAU ET LA FAUVETTE. JE E ne parlerai point de nos amours, Fauvette, Lui difoit un Moineau. La belle étoit jeunette; Elle crut fes fermens, avec lui s'expofa, Le Et fous la verte épine écouta fa fleurette. trompeur n'en dit mot, mais il la méprifa: Plus n'eût fait fa langue indifcrette. LE CHIEN QUI TOURNE LA BROCHE, Q UOI! dans ma tournante machine,' Sifiphe impatient, malheureux Ixion, Il faut donc que je fois toûjours en action? Près du feu, dans le mois de Juin, Sans jamais avancer chemin. Pour qui, dans ces travaux, tracaffai-je ma vie? Eh! que me revient-il de ma peine infinie? Que me difputent mes confreres, Partagent avec moi le fruit de mes miferes. Laridon tournebroche exprimoit fon chagrin. Pour des A M. DE MORINAY, Gentilhomme Ordinaire de la Chambre du Roi. SAge & charmant mortel, dont la Philofophie Conferve fon air pur & fon aménité Et de toute vertu Partifan respecté, Tu paffes les beaux jours que la Parque te file; Toi, dont la charité fertile, A l'indigent perfécuté, Affure dans fes bras un falutaire afyle, Comme dans fes heureux rameaux Un arbre étalant fon feuillage, Une douce retraite aux innocens oiseaux. Cher Parent, lis ces vers, que dans ma folitude, Que doit à la noblese, à la bonté du tien, La vive amitié qui m'anime. Bb iiij CANTATES HERCULE ET OMPHALE. CANTATE L'UNIVERS I. 'UNIVERS délivré de cent monftres terribles; Dans l'indomptable Hercule admiroit le héros, Dont les exploits & les travaux, Lui faifoient efpérer les biens sûrs & paifibles, Des Cieux la masse chancelante En lui trouve un fecond Atlas ; Dragons, Serpens, remparts,murailles, Des Cieux la maffe chancelante Pendant qu'accumulant conquête fur conquête Semant partout l'éclat de fon nom glorieux,{ De nouveaux lauriers ceint fa tête, Que lui feul il fe croit plus fort que tous les Dieux, Il voit Omphale ; & fa défaite Eft l'ouvrage de deux beaux yeux. L'aimable jeunesse, La feinte douceur, Le foûris trompeur, Joignent leur adresse, Pour charmer fon cœur ; Lui-même il fe laiffe En proie au vainqueur. Il s'enivre à longs traits du poifon qui le tue; Et, pour comble d'infulte à sa valeur vaincue, Il cherche dans le tendre Hercule, En vain, guerriers magnanimes, |