C'eft des plus illuftres ames En vain, guerriers magnanimes, HIPERM NESTRE. CANTATE II. FILLES, cruellement fidelles A leur pere aveuglé d'un perfide courroux, Dans les bras du fommeil immoloient leurs époux. La feule Amante de Lincée Ecoutoit fon amour, & confultoit fa loi; Pour moi, pour mes fœurs, au Tartare Soleil, demeure au fein de l'onde, Epargne ce fpectacle au monde, Pour moi, pour mes fœurs, au Tartare; Qu'a fait mon époux, fort barbare, Sa main, pour le percer, trois fois eft fufpendue, Pâle, tremblante, irréfolue, Retombant fur fon lit, qu'elle arrofe de pleurs, Tendre époux, moitié trop chérie,. Ah! plutôt, inflexible pere, Tendre époux, moitié trop chérie, Mais, ô tranfport, dit-elle, ô difcours inutile! Que je tarde à délibérer! Ouvre les yeux, fuis, cours, cherche au loin quelque afyle, Profite de la nuit tranquile, Nous nous perdons tous deux à différer : Devançant le retour de la rapide aurore, Mon pere furieux, & mes parjures fœurs, Viendront, des crimes que j'abhorre Conformer dans ton fang les infames noirceurs. Qu'attends-tu,cher époux, pars,adieu, prens encore Ces avides baifers, ces trop courtes douceurs. Pars donc ; & pour faveur derniere, Pour prix de t'avoir conservé, Souvien-toi d'une époufe, à toi feul toute entiere, Qui s'expofe au péril, dont elle t'a sauvé. Hymen, combien ta puissance, Produit de nobles effets, Quand l'amour d'intelligence Serre les nœuds que tu fais ! Mais quand, dans tes nœuds coupables, A quels crimes effroyables Hymen, combien ta puissance L'HY VER. CANTATE III. HATE-toi, cher Bacchus, précipite tes pas, L'Hyver suivi des vents, des glaçons, des frimats, Tonnez, foufflez dans les airs: Fondez avec violence Sur nos champs & nos jardins; Cruels Auteurs des Orages, Faflent trembler l'univers. Dieu du vin, prends soin de ta gloire, Tu n'entends déjà plus ces brillans airs à boire, Ces chorus altérans, jufqu'au Ciel élancés. Dans tous les cabarets regne un morne filence. Les buveurs oififs tout le jour, Vagabons, éperdus, doutent de ta puissance, Pour chercher les plaisirs dans celle de l'amour. Amis, quel caprice étrange Vous entraîne chez Vénus? Ah! que vous perdrez au change! Le Dieu du vin dédommage Amis, quel caprice étrange Ah! que vous perdrez au change! Ciel! qu'apperçoi-je! un Dieu ! c'eft Bacchus, c'eft lui-même, Des pampres verdoyans, découpés en feftons, Nez boutonnés, teints rubicons, |