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C'eft des plus illuftres ames
Qu'Amour cherche à triompher.
Malheur au cœur que fes flammes
Ont la force d'échauffer.

En vain, guerriers magnanimes,
Vous vantez vos actions;
Si vos courages fublimes
Sont foumis aux paffions.

HIPERM NESTRE.

CANTATE

II.

FILLES, cruellement fidelles

A leur pere aveuglé d'un perfide courroux,
Les Danaïdes criminelles,

Dans les bras du fommeil immoloient leurs époux.

La feule Amante de Lincée

Ecoutoit fon amour, & confultoit fa loi;
Mais Danaüs vengeur, s'offrant à sa pensée,
En excitant fon bras, la rempliffoit d'effroi.

Pour moi, pour mes fœurs, au Tartare
L'Hymen alluma-t'il fes feux ?
Qu'a fait mon époux, fort barbare,
Qui mérite un trépas affreux ?

Soleil, demeure au fein de l'onde,
Frémis d'éclairer nos forfaits;

Epargne ce fpectacle au monde,
Eteins tes rayons pour jamais..

Pour moi, pour mes fœurs, au Tartare;
L'Hymen alluma-t'il fes feux ?

Qu'a fait mon époux, fort barbare,
Qui mérite un trépas affreux ?

Sa main, pour le percer, trois fois eft fufpendue,
Trois fois ne fçachant où frapper,
Sa main, d'elle-même abbatue,
Laiffe le poignard échapper..

Pâle, tremblante, irréfolue,

Retombant fur fon lit, qu'elle arrofe de pleurs,
Elle adreffe ees mots à l'objet qui la tue,
Auprès d'elle endormi, fans prévoir fes malheurs,

Tendre époux, moitié trop chérie,.
Quelle eft la rigueur de mon fort?
Je meurs, fi j'épargne ta vie,
Ou je mourrai du regret de ta mort.

Ah! plutôt, inflexible pere,
De cent coups ouvre-moi le flanc;
Que feule au moins je dégénere
De ta fureur à t'abreuver de fang.

Tendre époux, moitié trop chérie,
Quelle eft la rigueur de mon fort?
Je meurs, fi j'épargne ta vie,
Ou je mourrai du regret de ta mort.

Mais, ô tranfport, dit-elle, ô difcours inutile!

Que je tarde à délibérer!

Ouvre les yeux, fuis, cours, cherche au loin quelque afyle,

Profite de la nuit tranquile,

Nous nous perdons tous deux à différer : Devançant le retour de la rapide aurore, Mon pere furieux, & mes parjures fœurs,

Viendront, des crimes que j'abhorre Conformer dans ton fang les infames noirceurs. Qu'attends-tu,cher époux, pars,adieu, prens encore Ces avides baifers, ces trop courtes douceurs. Pars donc ; & pour faveur derniere, Pour prix de t'avoir conservé,

Souvien-toi d'une époufe, à toi feul toute entiere, Qui s'expofe au péril, dont elle t'a sauvé.

Hymen, combien ta puissance,

Produit de nobles effets,

Quand l'amour d'intelligence

Serre les nœuds que tu fais !

Mais quand, dans tes nœuds coupables,
Le cœur ne fuit pas la main,

A quels crimes effroyables
N'ouvres-tu pas le chemin ?

Hymen, combien ta puissance
Produit de nobles effets,
Quand l'amour d'intelligence
Serre les nœuds que tu fais !

L'HY VER.

CANTATE

III.

HATE-toi, cher Bacchus, précipite tes pas,

L'Hyver suivi des vents, des glaçons, des frimats,
Exerce fon courroux fur la vigne mourante.
Hâte-toi, cher Bacchus, précipite tes pas,
Vien voir de tes enfans la troupe languissante :
Un fâcheux avenir nous glace d'épouvante,
Le preflant défefpoir nous conduit au trépas.
Cruels Auteurs des Orages,

Tonnez, foufflez dans les airs:
Aquilons, que vos ravages
Faffent trembler l'univers.

Fondez avec violence

Sur nos champs & nos jardins;
Mais laiffez-nous l'efpérance
De vendanger des raisins.

Cruels Auteurs des Orages,
Tonnez, foufflez dans les airs,
Aquilons, que vos ravages

Faflent trembler l'univers.

Dieu du vin, prends soin de ta gloire,

Tu n'entends déjà plus ces brillans airs à boire, Ces chorus altérans, jufqu'au Ciel élancés.

Dans tous les cabarets regne un morne filence.
-On voit par tout les pots triftement renversés.
A la vivacité fuccede l'indolence.

Les buveurs oififs tout le jour,

Vagabons, éperdus, doutent de ta puissance,
Et font prêts de quitter ta cour,

Pour chercher les plaisirs dans celle de l'amour.

Amis, quel caprice étrange

Vous entraîne chez Vénus?

Ah! que vous perdrez au change!
Retournez vite à Bacchus.

Le Dieu du vin dédommage
Auffi-tótun pauvre amant ;
Pour un buveur qui s'engage,
Vénus en fait-elle autant?

Amis, quel caprice étrange
Vous entraîne chez Vénus?

Ah! que vous perdrez au change!
Retournez vîte à Bacchus.

Ciel! qu'apperçoi-je! un Dieu ! c'eft Bacchus, c'eft lui-même,

Des pampres verdoyans, découpés en feftons,
Compofent fur fa tête un joyeux diadême.
Ila fon Tyrfe en main; mais il parle, écoutons:
La vigne eft à l'abri de l'horrible furie
De la plus rude des faifons.

Nez boutonnés, teints rubicons,

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