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DAMIS.

Ma foi chez elle encor je ne fuis point reçû.
Je l'ai long-temps lorgnée, & grace au Ciel j'ai plu
D'abord elle rendit mes billets fans les lire ;

Bien-tôt elle les lût, & daigne enfin m'écrire.
Depuis près de deux jours je goûte un doux espoir;
Et je dois en un mot l'entretenir ce foir.

EUPHEMIE.

Eh bien, je veux auffi l'aller trouver moi-même.
La Mere d'un Amant qui nous plaît, qui nous aime,
Eft toûjours que je croi reçûë avec plaifir.
De vous adroitemént je veux l'entretenir,
Et difpofer fon cœur à preffer l'hymenée,
Qui fera le bonheur de votre destinée.
Obtenez au plûtôt & fa main, & la foi.

Je vous y fervirai, mais n'en parlez qu'à moi.

DAMIS.

Non, il n'est point ailleurs, Madame, je vous jure,
Une Mere plus tendre, une amitié plus pure;
A vous plaire à jamais je borne tous mes vœux.

EUPHEMIE.

Soïez heureux, mon Fils, c'eft tout ce que je veux.

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M

SCENE II.

DAMIS, feul.

A Mere n'a point tort, je fçai bien qu'ente monde Il faut,pour réüffir, une adreffe profonde. Hors dix ou douze Amis, à qui je puis parler, Avec toute la Cour je vais diffimuler. Ça pour mieux effaïer cette prudence extrême, De nos fecrets ici ne parlons qu'à nous-même. Examinons un peu fans témoins, fans jaloux, Tout ce que la Fortune a prodigué pour nous. Je suis dans une Cour, qu'une Reine nouvelle Va rendre plus brillante, & plus vive & plus belle, Je ne fuis pas trop vain ; mais entre nous je croi Avoir tout-à-fait l'air d'un favori du Roi.

Je fuis jeune, affez beau, vif, galant, fait à peindre, Je fçai plaire au beau Sexe, & fur-tout je fçai feindre. Colonel à treize ans ; je pense avec raison,

Que l'on peut à trente ans m'honorer d'un bâton.

Heureux en ce moment, heureux en esperance,
Je garderai Julie, & vais avoir Hortenfe.
Poffeffeur une fois de toutes les beautez
Je lui ferai par jour vingt infidelitez;

Mais fans troubler en rien la douceur du ménage,
Sans être foupçonné, fans paroître volage,
Avec cet air alfé, que j'attrape fi bien,

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Je vais être de plus maître d'un très-gros bien.
Ah! que je vais tenir une table excellente !
Hortense a bien, je crois, cent mille francs de rente.
J'en aurai tout autant; mais d'un bien clair & net.
Que je vais désormais couper au Lanfquenet!

SCENE II I.

DAMIS, TRASIMON.

DAMIS.

EH! bonjour Gommandeur.

TRASIMON.

Aïe ! ouf! on m'eftropie...

DAMIS.

Embraffons-nous encor, Commandeur,je te prie.

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Déride un peu ce renfrogné minois.

Réjouis-toi, je fuis le plus heureux des hommes.

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Avec ce front glacé que tu portes ici,

TRASIMON.

Mais je ne prétens pas vous réjouir auffi.

Vous avez fur les bras une fâcheufe affaire

DAMIS.

Eh! ch! pas fi fâcheuse.

TRASIMON.

Erminie & Valere

Contre vous en ces lieux déclament hautement:
Vous avez parlé d'eux un peu legerement;

Et même depuis peu le vieux Seigneur Horace

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Voilà bien de quoi je m'embarraffe. Horace eft un vieux fou, plûtôt qu'un vieux Seigneur, Tout chamarré d'orgueil, pétri d'un faux honneur, Affez bas à la Cour, important à la Ville, Et non moins ignorant,qu'il veut paroître habile. Pour Madame Erminie on fçait affez comment Je l'ai prife & quittée un peu trop brufquement. Quelle eft aigre, Erminie, & quelle eft tracaffiere! Pour fon petit Amant mon cher Ami Valere, Tu le connois un peu ; parle ; as-tu jamais vû Un efprit plus guindé, plus gauche, plus tortu... A propos, on m'a dit hier en confidence,

Que fon grand Frere aîné, cet homme d'importance, Eft reçû chez Clarice avec quelque faveur,

Que la groffe Comteffe en creve de douleur.

Et toi, vieux Commandeur, comment va la tendreffe?

TRASIMON.

Yous fçavez que le Sexe affez peu m'interreffe.

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