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DAMIS.

il le faut avouer, les Femmes de la Ville Ma foi ne fçavent point écrire de ce ftile.

Il lit.

,,Enfin je cede aux feux dont mon cœur eft épris ; ,,Je voulois le cacher; mais j'aime à vous le dire.

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Ce que cent fois mes yeux vous ont fans doute appris ,, Oui, mon cher Damis, je vous aime,

,,D'autant plus que mon cœur peu propre à s'enflâmer, ,,Craignant votre jeuneffe, & fe craignant lui-même, ,,A fait ce qu'il a qu'il a pû pour ne vous point aimer. „Puissai-je, après l'aveu d'une telle foiblesse,

دو

رو

Ne me la jamais reprocher !

Plus je vous montre ma tendreffe,

,,Et plus à tous les yeux vous devez la cacher:

TRASIMON.

Vous prenez très-grand foin d'obéïr à la Dame,
Sans doute ; & vous brûlez d'une difcrete flâme.

CLITAN D-R E,

Heureux, qui d'une femme adorant les appas,
Reçoit de tels Billets, & ne les montre pas.

Bij

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Celle qui me l'écrit eft cent fois plus aimable.

Que vous feriez charmez, fi vous fçaviez fon nom! Mais dans ce monde il faut de la difcrétion.

TRASIMON.

Oh! nous n'éxigeons point de telle confidence.

CLITANDRE.

Damis, nous nous aimons; mais c'est avec prudence.

TRASIMON.

Loin de vouloir ici vous forcer de parler...

DAMIS.

Non, je vous aime trop, pour rien difsimuler.
Je vois que vous penfez, & la Cour le publie
Que je n'ai d'autre affaire ici qu'avec Julie,

CLITANDRE

Il eft vrai qu'on le dit.

DA MIS.

On a quelque raifon,

Mais vous auriez de moi méchante opinion,
Si je me contentois d'une feule Maîtreffe.
J'aurois trop à rougir de pareille foibleffe..
A Julie en public je parois attaché ;

Mais

par ma foi j'en fuis très-foiblement touché.

TRASIMON.

Ou fort, ou foiblement, il ne m'importe guere..

DAMI S.

La Julie eft coquette, & paroît bien legere.
L'autre eft très differente; & c'eft solidement
Que je l'aime,

CLITANDRE.

Enfin donc cet objet fi charmant....

DAMIS.

Vous m'y forcez, allons, il faut bien vous l'apprendre.
Regarde ce Portrait, mon cher ami Clitandre.
Ca, dis moi, fi jamais tu vis de tes deux yeux
Rien de plus adorable, & de plus gracieux.

C'eft Macé qui l'a peint, c'eft tout dire, & je penfe

Que tu reconnoîtras...

CLITANDRE.

Jufte Ciel! c'eft Hortenfe

DAMIS.

Pourquoi t'en étonner

TRASIMON.

Vous oubliez, Monfieur

Qu'Hortenfe eft ma Coufine,& chérit son honneur :

Et qu'un pareil aveu...

DAMIS.

Vous nous la donnez bonne.

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J'ai fix Coufines, moi, que je vous abandonne :

Et je vous les verrois lorgner, tromper, quitter,
Imprimer leurs Billets, fans m'en inquieter.

Il nous feroit beau voir, dans nos humeurs chagrines;
Prendre avec foin fur nous l'honneur de nos Coufines.
Nous aurions trop à faire à la Cour; & ma foi,
C'eft affez que chacun réponde ici pour foi.

TRASIMON.

Mais Hortenfe, Monfieur...

DAMIS.

Eh bien, oui, je l'adore.

Elle n'aime que moi, je vous le dis encore:
Et je l'épouferai, pour vous faire enrager.
CLITANDRE, à part.

Ah! plus cruellement pouvoit-on m'outrager a

DAMIS.

Nos nôces, croïez moi, ne feront point fecretes; Et vous n'en ferez pas, tout Coufin que vous êtes. : TRASIMON.

Adieu Monfieur Damis,'on peut vous faire voir, Que fur une Coufine on a quelque pouvoir.

SCENE VIL

DAMIS, CLITANDRE.

DAMIS.

Ue je hais ce Cenfeur, & fon air pédantesque,

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Et tous ces faux éclats de vertu romanesque !

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