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Qu'il eft fec! qu'il eft brute & qu'il eft ennuïeux !
Mais tu vois ce Portrait d'un œil bien curieux.

CLITANDRE, à part.

Comme ici de moi-même il faut que je fois maître ! Qu'il faut diffimuler!

DAMIS.

Tu remarques peut-être.

Qu'au coin de cette Boëte il manque un des Brillans?
Mais tu fçais que la Chaffe hier dura long-temps.
A tout moment on tombe, on fe beurte, on s'accroche.
J'avois quatre Portraits balottez dans ma poche.
Celui-ci par malheur fut un peu maltraité.

La Boëte s'eft rompuë; un Brillant a sauté.
Parbleu, puifque demain tu t'en vas à la Ville,
Paffe un peu chez Rondet: il eft cher,mais habile.
Choifi, comme pour toi, l'un de fes Diamans.
Je lui dois, entre nous, plus de vingt mille francs.
Adieu: ne montre au moins ce Portrait à perfonne.
CLITANDRE, à part.

Où fuis-je ?

DAMIS.

Adieu, Marquis, à toi je m'abandonne.

Sois difcret.

CLITANDRE, à part.

Se peut-il ?...

DAMIS revenant.

J'aime un ami prudent.

Va, de tous mes fecrets tu feras confident.
Eh! peut-on poffeder ce que le cœur defire,
Etre heureux, & n'avoir perfonne à qui le dire ?
Peut-on garder pour foi, comme un dépôt facré,
L'insipide plaifir d'un amour ignoré ?

C'eft n'avoir point d'amis qu'être fans confiance.
Ç'eft n'être point heureux que de l'être en filence.
Tu n'as vû qu'un Portrait, & qu'un feul Billet doux...

Eh bien ?

CLITANDRE.

DAMIS.

L'on m'a donné, mon cher, un rendez-vous.
CLITANDRE, à part.

Ah! je frémis.

DAMIS.

Ce foir, pendant le Bal qu'on donne,

Je dois, fans être vû, ni fuivi de perfonne,

Entretenir Hortenfe ici, dans ce Jardin.

CLITANDRE, feul.

Voici le dernier coup. Ah! je fuccombe enfin,

DAMIS.

Là, n'es-tu pas charmé de ma bonne fortune?

CLITANDRE.

Hortenfe doit vous voir ?

DAMIS.

Qui, mon cher, fur la brune.

Mais le Soleil qui baiffe, amene ces momens,
Ces momens fortunez, defirez filong-temps.
Adieu. Je vais chez toi rajuster ma parure,
De deux livres de poudre orner ma chevelure,
De cent parfums exquis mêler la douce odeur:
Puis, paré, triomphant, tout plein de mon bonheur,
Je reviendrai foudain finir nôtre aventure.
Toi, rode près d'ici, Marquis, je t'en conjure.
Pour te faire un peu part de ces plaifirs fi doux

Je te donne le foin d'écarter les Jaloux.

&

SCENE VIII.

CLIT ANDRE feul.

AY-je affez retenu mon trouble & ma colere?

Hélas ! après un an de mon amour fincere,
Hortenfe en ma faveur enfin s'attendriffoit;
Las de me réfifter, fon cœur s'amolifloit.

Damis en un moment la voit, l'aime, & fçait plaire.
Ce que n'ont pû deux ans, un moment la fçû faire:
On le prévient. On donne à ce jeune éventé
Ce Portrait que ma flâme avoit tant merité.
Il reçoit une lettre... Ah! celle qui l'envoïe
Par un pareil Billet m'eût fait mourir de joïe;
Et pour combler l'affront, dont je fuis outragé
Ce matin par écrit j'ai reçû mon congé.

De cet écervelé la voilà donc coëffée !

Elle veut à mes yeux, lui fervir de trophée :
Hortenfe, ah! que mon cœur vous connoissoit bien

mal!

かの

SCENE IX.

CLITANDRE, PASQUIN

CLITANDRE.

Enfin, mon cher Pafquin, j'ai trouvé mon Riyal.

PASQUIN.

Hélas! Monfieur, tant pis.

CLITANDRE.

Oui, c'eft cet étourdi.

C'eft Damis que l'on aime ;;

PASQUIN.

Qui vous l'a dit 2.

CLITANDRE.

Lui-même.

L'indifcret à mes yeux de trop d'orgueil enflé,
Vient se vanter à moi du bien qu'il m'a volé.
Voi ce Portrait, Pasquin. C'est par vanité pure 2.
Qu'il confie à mes mains cette aimable peinture..

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