ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

Ca, maraut, apprends-moi la noirceur effroïable...

[blocks in formation]

Ah! Monfieur, cette affaire eft embroüillée en diable.
Mais je vous apprendrai de furprenans fecrets,

Si vous me promettez de n'en parler jamais.
DAMIS.

Non, je ne promets rien ; & je veux tout apprendre.
PASQUIN.

Monfieur, Hortenfe arrive & pourroit nous entendre à Clitandre.

Ah! Monfieur, que dirai-je, hélas ! je fuis à bout. Allons tout trois au bal, & je vous dirai tout.

SCENE XVIII.

HORTENSE, un mafque à la main, & en domino;

Qui

TRASIMON, NER IN E.

TRASIMON.

Ui, croïeż, ma Coufine, & faites votre compte,
Que ce jeune éventé nous couvrira de honte.

D

Comment ? montrer par tout, & Lettres & Portrait ?
En public à moi-même ? après un pareil trait
Je prétends de ma main lui brûler la cervelle.

HORTENSE à Nerine.

Eft-il vrai que Julie à fes yeux foit fi belle,

Qu'il en foit amoureux ?

TRASIMON.

Il importe fort peu.

Mais qu'il vous déshonore, il m'importe morbleu,
Et je fçai l'interêt qu'un parent doit y prendre.

HORTENSE, à Nerine.

Crois-tu que pour Julie il ait eû le cœur tendre?

Qu'en penfes-tu ? dis-moi.

NERINE.

Mais l'on peut aujourd'hui

Aifément, fi l'on veut, fçavoir cela de lui.

HORTENSE.

Son indifcrétion, Nerine, fut extrême.

Je devrois le haïr; peut-être que je l'aime.
Tout-à-l'heure, en pleurant, il juroit devant toi
Qu'il m'aimeroit toûjours, & fans parler de moi,

[ocr errors]

Qu'il vouloit m'adorer, & qu'il fçauroit se taire.

TRASIMON.

Il vous a promis-là bien plus qu'il ne peut faire.
HORTENSE.

Pour la derniere fois, je le veux éprouver.
Nerine, il est au bal; il faut l'aller trouver:
Déguife-toi. Dis-lui qu'avec impatience
Julie ici l'attend dans l'ombre & le filence.
L'artifice eft permis fous ce mafque trompeur,
Qui, du moins de mon front cachera la rougeur,
Je paroîtrai Julie aux yeux de l'infidele.

Je fçaurai ce qu'il penfe, & de moi-même, & d'elle:
C'eft de cet entretien que dépendra mon choix."
à Trafimon.

Ne vous écartez point. Reftez près de ce Bois.
Tâchez auprès de vous de retenir Clitandre.

L'un & l'autre en ces lieux daignez un peu m'attendre:
Je vous appellerai, quand il en fera teinps.

Dij

I

SCENE XIX.

HORTENSE feule en domino, & fon mafque à la main.

L faut fixer enfin mes vœux trop inconftans.

Sçachons, fous cet habit à ses yeux travestie, Sous ce mafque, & fur-tout fous le nom de Julie Si l'indifcrétion de ce jeune éventé

Fut un excès d'amour, ou bien de vanité

Si je

dois le haïr, ou lui donner fa grace:

Mais déja je le vois.

[ocr errors]
[ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Où toutes les Beautez donnent leur rendez-vous ?
Ma foi, je fuis affez à la mode, entre nous.
Oui, la mode fait tout, décide tout en France,
Elle regle les rangs, l'honneur, la bienséance.
Le mérite, l'efprit, les plaifirs.

HORTENSE, à part.

L'étourdi.

DAMIS.

Ah! fi pour mon bonheur on peut fçavoir ceci,

Je veux qu'avant deux ans la Cour n'ait point de Belle, A qui l'amour pour moi ne tourne la cervelle.

Il ne s'agit ici que de bien débuter.

Bien-tôt Æglé, Doris ... Mais qui les peut compter?
Quels plaifirs! quelle file!...

HORTENSE, à part.

Ah! la tête legere!

DAMIS.

Ah! Julie, eft-ce vous? vous, qui m'êtes fi chere!
Je vous connois, malgré ce masque trop jaloux ;
Et mon cœur amoureux m'avertit que c'est vous.
Orez, Julie, ôtez, ce mafque impitoïable.
Non, ne me cachez point ce vifage adorable,

Dnj

« ÀÌÀü°è¼Ó »