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Ce front, ces doux regards, cet aimable fouris,

Qui de mon tendre amour font la caufe, & le prix.
Vous êtes en ces lieux la feule que j'adore.

HORTENSE.

Non; de vous mon humeur n'eft pas connue encore.

Je ne voudrois jamais accepter votre foi,

Si vous aviez un cœur, qui n'eût aimé que moi.

Je veux que mon Amant foit bien plus à la mode,
Que de ses rendez-vous le nombre l'incommode,

Que par trente Grifons tous fes

pas foient

comptez

Que mon amour vainqueur l'arrache à cent Beautez,

Qu'il me faffe fur-tout de brillans facrifices.
Sans cela, je ne puis accepter les fervices.

Un Amant moins couru ne me fçauroit flatter.

DAMIS.

Oh! j'ai fur ce pied-là de quoi vous contenter,
J'ai fait en peu de temps d'affez belles conquêtes.
Je pourrois me vanter de fortunes honnêtes:
Et nous fommes courus de plus d'une Beauté,
Qui pourroient de tout autre enfler la vanité.
Nous en citerions bien qui font les difficiles,
Et qui font avec nous paffablement faciles.

Mais encor?

HORTENSE.

DAMIS.

Eh!... ma foi, vous n'avez qu'à parler,
Et je fuis prêt, Julie, à vous tout immoler.
Voulez-vous qu'à jamais mon cœur vous facrifie,
La petite Ifabelle, & la vive Erminie,

Clarice, Æglé, Doris ?...

HORTENSE.

Quelle offrande eft cela?

On m'offre tous les jours ces facrifices-là.
Ces Dames entre nous, font trop fouvent quittées.
Nommez-moi des Beautez, qui foient plus respectées.
Et dont je puiffe au moins triompher fans rougir.
Ah! fi vous aviez pû forcer à vous cherir
Quelque femme, à l'amour jusqu'alors infenfible,
Aux manéges de Cour toûjours inacceffible
De qui la bienséance accompagna les pas,
Qui fage en fa conduite, évitât les éclats
Enfin qui pour vous feul eût eû quelque foibleffe!

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DAMIS, s'affeiant auprès d' Hortenfe.

Ecoutez. Entre nous, j'ai certaine Maîtreffe,

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A qui ce Portrait-là reffemble trait pour trait,
Mais vous m'accuferiez d'être trop indifcret..

HORTENSE.

Point, point.

DAMIS.

Si je n'avois quelque peu de de prudence;

Si je voulois parler, je nommerois Hortenfe.
Pourquoi donc à ce nom, vous éloigner de moi ?
Je n'aime point Hortenfe, alors que je vous voi.
Ellen'eft près de vous ni touchante ni belle.
De plus certain Abbé fréquente trop chez elle i
Et de nuit, entre nous, Trafimon fon Coufin
Paife un peu trop fouvent par le mur du Jardin,

HORTENSE.

A l'indifcretion joindre la calomnie!
Contraignons-nous encor. Ecoutez, je vous prie.
Comment avec Hortenfe êtes-vous, s'il vous plaît

DAMIS.

Du dernier bien : je dis la chofe comme elle eft.

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Peut-on plus loin pouffer l'audace & l'imposture?

DAMIS.

Non, je ne vous ments point, c'eft la verité pure.

Le traître !

HORTENSE à part

DAMIS.

Eh! fur cela quel eft votre souci ?

Pour parler d'elle enfin fommes-nous donc ici ?

Daignez, daignez plûtôt...

HORTENSE.

Non, je ne fçaurois croire

Qu'elle vous ait cedé cette entiere victoire.

DAMIS.

Je vous dis que j'en ai la preuve par écrit.

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DAMIS.

C'est trop me faire injure

Il lui donne la Lettre.

Tenez donc vous pouvez connoître l'écriture.

HORTENSE, fe démafquant.

Oui je la connois, traître ; & je connois ton cœur,
J'ai réparé ma faute enfin, & mon bonheur

M'a rendu pour jamais le Portrait & la Lettre
Qu'à ces indignes mains j'avois ofé commettre.
Il est temps; Trafimon, Clitandre, montrez-vous.

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SCENE DERNIER E.

HORTENSE, DAMIS, TRASIMON,

CLITANDRE.

HORTENSE, à Clitandre.

Si je ne vous fuis point un objet de couroux,

Si vous m'aimez encor, à vos loix affervie,

Je vous offre ma main, ma fortune, & ma vie.

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