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elle le bonheur de vous être utile.

LA MARQUIS E.

Qu'entends-je, ô ciel!

JULIETTE.

Oui, madame, je l'avoue, je vous ai trahie, į Vous deviez foixante & dix mille francs....

LA MARQUIS E.

Ah, Dieu! fe peut-il?....

DORIZ É E.

Ils font payés.

LA MARQUIS E.

Ah, ma tante!...

JULIETTE lui baifant la main.
Souffrez, madame....

LA MARQUIS E.

Comment pourrai-je reconnoître tant de bien

faits, & comment pourrai-je jamais expier toutes mes fautes!.. Mais, ma tante, mon cœur eft déchiré quand je penfe qu'une telle générosité doit déranger votre fortune, & que pour réparer mes folies, il vous en coûte les plus grands facrifices.

DORI ZÉ E.

Non, mon enfant, raffurez-vous, j'avois cette fomme; pouvois-je en faire un usage qui

me fût plus cher ? Voilà le fruit de l'économie ; on peut par elle rendre un fervice effentiel à ce qu'on aime. Quelle eft la fantaisie fatisfaite dont on doive jamais attendre un plaifir qu'on puiffe comparer à ce bonheur inexprimable?

LA MARQUIS E.

Vous me fauvez l'honneur aux yeux du monde; mais quels remords vous me laiffez! Je n'ai jamais fenti comme dans cet inftant la coupable extravagance de ma conduite. Quand vous faites tout pour moi, par une inconcevable fatalité, je n'en fuis peut-être que plus à plaindre... Pouvez-vous m'aimer encore? Puis-je me flatter de n'avoir rien perdu de mes droits fur votre cœur, après en avoir tant abufé?... Pourrezvous déformais & m'eftimer & croire mes promeffes?... Ah! daignez par pitié, s'il eft pollible, me raccommoder avec moi-même... DORIZÉ E.

Calmez-vous, ma fille, calmez-vous, & ne me fuppofez pas des inquiétudes pour l'avenir, que votre repentir détruiroit, fi j'avois pu les concevoir. Vous vous êtes égarée, il est vrai; mais je ne dois attribuer la plus grande partie de vos fautes qu'à moi-même.

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LA MARQUIS E.

A vous? O ciel!...

DORIZÉ E.

Oui, fans doute: je vous ai donné de bons confeils, mais je ne vous ai peint les dangers du monde que trop vaguement. Si je vous avois bien détaillé tous fes écueils, avec l'efprit & l'ame que vous avez, vous les auriez évités, j'en fuis fure. Vous avez reçu par l'expérience une leçon cruelle que j'aurois pu vous épargner. Mais tout eft réparé ; oublions nos peines & nos regrets, & ne fongeons qu'au bonheur dont nous allons jouir.

LA MARQUIS E.

-Ah, le bonheur! Enfin vous me l'avez fait connoître : c'est dans le fein de fa famille, c'est en rempliffant fes devoirs qu'on peut le trouver. La vertu & les fentimens les plus doux & les plus naturels y conduifent & le procurent. La vanité, l'affectation & les faux airs en éloignent. Il n'eft enfin le partage que d'un ame pure & d'un efprit jufte.

DORIZÉE l'embrassant.

Il doit être le vôtre. Il le fera, j'en fuis certaine. Mais venez, mon enfant, allons au - de

f

vant de M. de Germini; venez.

LA MARQUIS E.

Je vais donc le revoir, & rien ne troublera ma joie. . . . Ah, ma tante! ... Juliette, venez avec nous, je veux goûter le plaifir d'être dans le même inftant réunie à tout ce que j'aime !

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JULIETTE.

Vous devez lire dans mon cœur, madame, & vous y voyez fûrement l'excès de mon bonheur & de ma reconnoiffance.

DORIZ É E.

Ne perdons plus de tems, venez, Juliette; allons, ma chere fille. ( Elle prend fous le bras la Marquife, qui donne le fien à Juliette.) LA MARQUISE en s'en allant.

Ah, que je fuis heureuse!

Fin du Tome premier.

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