را de chercher auprès de leurs Souverains VILLIERS une meilleure condition. Le Grand Maître averti de cette efpece de complot, convoqua une af Temblée de tout ce qu'il y avoit de Chevaliers à Meffine: il y fit faire la lecture du Bref du Pape, que le Prieur de Meffine lui avoit remis, par lequel il étoit défendu à tous les Chevaliers fous de griéves peines, de s'éloigner de la perfonne du Grand-Maître fans fes ordres, & fans fa permiffion expreffe. Il leur dit enfuite qu'après la perte de Rhodes, eux feuls, pour ainsi dire, formoient le Corps représentatif de la Religion, & que fi dans une fi triste conjoncture ils fe féparoient, l'Ordre s'anéantiroit infenfiblement, & tomberoit peut être dans le mépris des Princes fouverains de la Chrétienté. Il ajouta qu'après avoir expofé tant de fois leurs vies en differentes occafions contre les Infideles, & fur-tout pour la défense de Rhodes, il attendoit justement de l'obéiffance qu'ils avoient vouée aux pieds des autels la patience néceffaire pour procurer à la Religion, avant que de fe féparer, un établiffement qui remplaçât leur perte, & qui fût reconnu pour le Chefd'Ordre, & la réfidence de tous les Chevaliers. Svj DE L'ISLE VILLIERS ADAM. Ce difcours, où il fit entrer adroi DE L'ISLE- tement de tendres exhortations jointes à la repréfentation des ordres du Pape, & foutenues de fa propre autorité, calmerent les efprits, & appaiferent les mécontens. On ne fongea plus qu'à chercher un port où la Religion, fuivant fon inftitut, pût continuer les fecours qu'elle donnoit depuis tant de fiecles aux Chrétiens qui navigeoient dans ces mers. . Le deffein du Grand- Maître étoit de fe rendre inceffamment à Rome pour en conferer avec le Pape; mais ce grand homme n'étoit pas encore à la fin de fes peines & de fes travaux. Une affreufe pefte s'éleva dans Melfine; & pour en éviter la contagion, il fit rembarquer les Chevaliers fains, les bleffez, & tous les Rhodiens qui l'avoient fuivi. Ce nouvel embarquement se fit avec autant de précipitation que leur départ de Rhodes: il falloit même éviter un ennemi bien plus redoutable, que les Turcs; mais malf.1.3.1.1. gré cette précaution, la pefte fe gliffa dans les vaiffeaux de la Religion; pla fieurs Chevaliers en moururent, & entre autres Gregoire de Morgut, Grand Prieur de Navarre, qui s'étoit fignalé au fiege de Rhodes, & les Che VILLIERS DE L'ISLE. valiers de Saint Martin Grimault & Avogadre. Le Grand - Maître également malheureux für terre & fur mer, & portant, pour ainfi dire, fon ennemi dans fon fein, réfolut, pour le foulagement des malades, de chercher un air plus fain ; & avec la permission du Viceroi de Naples, il débarqua fa colonie dans le golfe de Bayes. Après id. p. 16. avoir reconnu le pays il marqua un camp proche les ruines de l'ancienne ville de Cumes; on y conftruifit par fon ordre des cabanes & des baraques pour le logement des Chevaliers & des Rhodiens : & de peur de furprise de la part des Corfaires de Barbarie, qui rodoient le long de ces côtes, fit entourer ce petit camp de larges foffez & de retranchemens, qu'il fit paliffader & fortifier par l'artillerie qu'on tira des vaiffeaux. Un prompt fuccès fuivit ce changement d'air; la plupart des malades guérirent; & après un mois de fejour dans un climat fi doux & fi temperé, le GrandMaître dans l'impatience de conférer avec le Pape au fujet d'un endroit convenable pour l'établiffement de font Ordre, après lui avoir donné avis de fon départ, fe rembarqua avec fa colonie, & arriva peu de jours après à il VILLIERS Civita - Vecchia. Il envoya auffi-tôt à Rome le Chevalier de Chevriere DE L'ISLE ADAM. pour baiser de fa part les pieds au Pape, & lui demander en même tems une audience au fujet de la trifte révolution qui venoit d'arriver dans fon Ordre. Le Saint Pere fit partir l'Evêque de Cuença, Prélat Espagnol, & de fa famille, pour le féliciter fur fon heureuse arrivée dans fes Etats. Mais au lieu de répondre à fon empreffement, il lui fit dire par cet Evêque qu'il ne lui confeilloit pas de fe remettre fi-tôt en chemin, furtout pendant les ardeurs de la canicule; qu'il fe reposât tranquillement avec fa colonie dans Civita- Vecchia & que › dans quelque tems, il lui feroit fçavoir le jour qu'il pourroit lui donner audience: prétexte dont ce Pontife fe fervit pour n'avoir pas le Grand- Maître pour témoin d'une déclaration de guer. re qu'il devoit faire publier folemnellement contre la France. Pour l'intelligence de ce ligence de ce point d'hi ftoire, il faut fçavoir qu'Adrien ne fut pas plûtôt élevé fur la Chaire de Saint Pierre, qu'à l'exemple de fes prédeceffeurs il en avoit donné avis au Grand - Maître : & par le même Bref il lui marquoit qu'il n'avoit été fenfi ble à cette nouvelle dignité, que par le defir d'en employer toute la confideration auprès des Princes chrétiens pour les réunir dans une fainte ligue contre les Infideles : proteftation qu'il lui avoit réiterée depuis dans toutes fes lettres. Mais comme fi cette décla ration n'eût été que pur ftile Apofto- VILLIERS DE L'ISLEADAM. |