Un petit vent l'aiguise, Il n'est plus d'Artémise O la grande bêtise D'aimer fidellement ! Cet exemple suffit, ce vieux genre de poésie n'étant plus en usage. Cependant nous ne pouvons pas quitter le virelai, sans dire un mot du lai, qui, je crois, a précédé le virelai. Le lai est une ancienne poésie française composée de petits vers; on prétend qu'ils sont une imitation des vers trochaïques des tragédies grecques et latines. Il y avait deux sortes de lai, le grand et le petit; le grand lai était un poëme composé de douze couplets de vers de différentes mesures, sur deux rimes. Le petit lai, était de seize ou de vingt vers, divisés en quatre couplets, presque toujours sur deux rimes. Comme il avait un vers plus petit que les autres, qui finissait chaque couplet, on appelait cette sorte de poëme arbre fourchu. Le seul exemple du lai, que j'ai trouvé dans le père Mourgues, page 246 de son traité de poésie, édition de 1729, in-12, remplit pas entièrement les conditions du lai; mais il en donne une idée : Sur l'appui du monde Que faut-il qu'on fonde D'espoir ? Cette mer profonde, y ne En débris féconde, Fait voir Calme au matin l'onde, Et l'orage y gronde Autre exemple : La grandeur humaine Est une ombre vaine Une ame mondaine A perte d'haleine La suit, Et pour cette reine Trop souvent se gêne Nous terminons ici notre PETITE POÉTIQUE CURIEUSE. Nous souhaitons qu'elle amuse un instant les amateurs de ces singularités, et qu'elle prouve aux jeunes poëtes combien il est ridicule de s'adonner à une genre futile, de mauvais goût, et qui n'a pour tout mérite que la difficulté vaincue. On nous permettra d'ajouter à ce recueil quelques petites pièces de vers, plus singulières et plus curieuses par le sujet et par la manière dont il est traité, que par le génie poétique. Cette description a été faite au commencement du dix-septième siècle; on y voit, en peu de vers, un petit tableau caractéristique de chaque ville d'Italie, à cette époque. Sancta es sanctorum pretioso sunguine ROMA. Maxima pars hominum miseram canit esse CREMONAM, Vina UZINI varias generosa vehuntur ad urbes. Libera LUCA tremit ducibus vicina duobus. Flent Pis amissum dum contemplantur honorem. 1 EMPORIA in portis consistit gloria clausis. Mordicùs urbs MUTINE ranas tenet esse salubres. Contemnunt omnes ANCONE mania Turcas. Litibus imponit finem MACERATA Picenis. Urbs LIVII celebris nimis est proclivis ad arma. Spernit mundanas sincera NovARIA fraudes. FANUM virginibus fertur florere venustis. L'ouvrage (1), d'où nous avons tiré les vers ci-dessus, renferme encore un article, qui peut y faire suite, puisqu'il a rapport à l'Italie. Il a pour titre : Depuis près de 200 ans que cette liste est faite, les caractères ont pu varier. (1) Antidotum melancholia, Francofurti 1667--1670, in-12. Ce volume composé de deux parties, renferme beaucoup de choses insignifiantes, triviales et même libres; on trouve, à travers ce fatras, quelques pièces supportables et même curieuses, |