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un

sens opposé à celui qu'exprime le quatrain

lu en entier. Le voici :

Par les plus grands forfaits
Sur le trône affermi,
Dans la publique paix

C'est le seul ennemi.

Cette moitié du quatrain est injurieuse au roi; qu'on y réunisse l'autre moitié, l'injure disparaît:

Par les plus grands forfaits j'ai vu troubler la terre;
Sur le trône affermi le roi sait tout dompter.

Dans la publique paix l'amour seul fait la guerre :
C'est le seul ennemi qui soit à redouter.

Voici des vers brisés d'une singulière espèce :

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qu,

On voit que les syllabes du milieu sont communes à celles du haut et du bas, en s'y joignant toujours à gauche; ainsi os est commun à quos et à II, hos; guis est commun à an anguis et à san, sanguis; etc. Ce qui donne ces deux vers:

Quos anguis dirus tristi mulcedine pavit
Hos sanguis mirus Christi dulcedine lavit.
Il en est de même de l'exemple suivant :

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prose, qu'on pourrait appeler prose brisée. Ce sont des morceaux dont la disposition des lignes présente un double sens. Nous allons en donner un exemple, dans les deux lettres suivantes (1), qui offrent chacune deux sens diamétralement opposés.

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MADEMOISELLE,

Je m'empresse de vous écrire pour vous déclarer
que vous vous trompez beaucoup si vous croyez
que vous êtes celle pour qui je soupire;
Il est bien vrai que pour vous éprouver,
je vous ai fait
ai fait mille aveux. Après quoi
vous êtes devenue l'objet de ma raillerie; ainsi
ne doutez plus de ce que vous dit ici celui
qui n'a eu que de l'aversion pour vous, et
qui aimerait mieux mourir que de
se voir obligé de vous épouser, et
changer le dessein qu'il a formé de

de

Vous

hair toute sa vie, bien loin de Vous

aimer, comme il vous l'a déclaré. Soyez donc
désabusée, croyez-moi ; et si vous êtes encore
constante et persuadée que vous êtes aimée,
Vous serez encore plus exposée à la risée
de tout le monde et particulièrement de
celui qui n'a jamais été et ne sera jamais

Votre serviteur,

A.....

(1) Ces lettres présentent d'abord un sens, étant lues à la manière accoutumée; mais si ensuite on ne lit que la première, la troisième, la cinquième ligne, etc. c'est-à-dire, toutes les lignes impaires, ou y trouvera un à celui qu'a présenté la première lecture.

sens opposé

MONSIEUR,

Réponse.

Soyez assuré que je vous reconnais bien pour une personne qui n'est rien moins que sincère, et que je vous ai regardé comme un homme haïssable et tout-à-fait indigne de mon estime; C'est donc inutilement que vous m'écrivez aussi incivilement,

que vous désabusée.

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et

m'exhortez si fortement à être Comment pourrais - je être constante, puisque vous êtes vraiment le seul homme que j'ai en aversion, bien loin d'être i' objet de ma pensée pensée, comme vous l'avez faussement cru. Vous auriez au contraire pu découvrir par toutes mes actions et par ma haine, que j'étais loin d'avoir pour vous. des sentimens émanés d'un cœur sincère, si vous aviez eu seulement le sens commun. Je finis en protestant de n'oublier jamais un affront si sensible; et si à l'avenir une personne aussi franche et aussi aimable m'approchait pour me dire autant de faussetés que vous, qui m'avez dans toute occasion trahie, quoiqu'au déhors vous m'ayez toujours témoigné l'amour le plus pur et le plus tendre, je le traiterai, monsieur, comme je vous traite, vous qui êtes et qui avez toujours été un scélérat, de tous les hommes le plus infidèle, et duquel je je suis au désespoir d'avoir jamais pu

tout-à-fait

me dire

La servante,

B....

On raconte qu'un ami de l'évêque Theogonius, n'osant lui écrire ouvertement, de peur que sa lettre ne tombât en d'autres mains, pour le reprendre de son injustice et des mœurs peu épiscopales qu'il déguisait sous le masque de piété, lui écrivit une longue lettre qui faisait son panégyrique; mais qui, étant lue à rebours, rendait un sens contraire, et plus convenable au personnage à qui elle était adressée. Cette lettre est rapportée dans Comiers, page 265 de son traité de la parole, des langues et ércitures, et l'art de parler et d'écrire occultement; Liège, 1691, in-12.

DES VERS BURLESQUES.

Ces vers tiennent à un genre de poésie qui travestit les choses les plus nobles et les plus sérieuses, en plaisanteries bouffonnes. Il paraît que le burlesque n'a point été connu des anciens. On ne trouve rien qui en approche dans Aristophane, Menandre, Plaute, Terence, Lucien, Apulée et Pétrone, tous auteurs très-gais et qui sont à peu près les seuls qui auraient pu travailler dans le genre burlesque s'ils l'eussent connu. Cependant quelques-uns disent que du tems de Ptolemée fils de Lagus, un nommé Raintou avait traité en ridicule des sujets sérieux de tragédie. C'est sous le règne de Louis XIII et au commencement de celui de Louis XIV que le style burlesque était le plus en vogue. Il nous est venu des italiens; Bernica, Lalli, Caporali sont les premiers qui se sont exercés dans ce genre. Sarasin se vantait d'être le premier français qui s'en fût servi. Charles Coipeau d'Assouci entreprit de mettre en vers burlesques le ravissement de Proserpine,

grand et pompeux poëme de Claudien; il publia aussi Ovide en bel humeur, ce sont les Métamorphoses; ces deux mauvaises productions ont attiré à leur auteur, ce bon vers de Boileau :

Et jusqu'à d Assouci tout trouva des lecteurs.

Un misérable poëte a traduit en vers burlesques 38 Odes d'Horace qui ont été imprimées à Leyde chez Sambit en 1655. Henri de Picou a dédié au prince de Conti l'Odyssée d'Homère dans le même genre, imprimée chez ce Sambit, aussi en 1653. On voit en tête de ce livre une Epitre burlesque de Pénélope à Ulysse, faite sur le modèle de celle d'Ovide.

Jacques Moreau a composé en grands vers latins un poëme intitulé la Pigméide, ou combat des Grues et des Pigmées, divisé en 8 chants. Paris, Sebastien Hip. 1676. Cet ouvrage est rare, il a été peu lu, cependant il y a de bonnes plaisanteries. Dans le premier chant, l'auteur invoque ainsi Apollon:

Mentite tuis & semper alumnis

Pharmacopola tenax, aut dentis ut erutor ægri;
Da graciles, & Phoebe, viros et inania castra
Fabel'asque rudes, simulataque Pergama veris
Fingere, elc.

On trouve dans le second livre une description comique du coucher du soleil :

Jan Tartessiacas rhedam flectebat in undas
Declivis cœlo Titan, sitiensque labore,
Pervigili lambebat aquam, fessosque diurno
Tramite quadrupedes ægrè fumantia torquet;
Ad stabula, hic roseis ignita repagula pulsant.

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