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DES VERS LET TRISÉS

O U

TAUTOGRAMMES (1).

On nomme vers lettrisés ou tautogrammes, ceux dont tous les mots commencent par la même lettre. On n'en connaît guère qu'en latin; ils sont très-difficiles, et ne valent ordinairement rien; il faut les mettre au rang de ces difficiles nuga, indignes d'occuper un écrivain sensé ; aussi en rencontre-t-on très-peu. Cependant la bizarrerie et la difficulté des petits poëmes de ce genre les rend curieux; et c'est ce qui nous engage à en présenter quelques exemples.

Leo Placentius a publié sous le nom de Publius Porcius, un poëme tautogramme de neuf à dix pages, intitulé PUGNA PORCORUM, dont tous les mots commencent par la lettre P. Ce poëme, dont le style est digne des héros qu'on y célèbre, a été imprimé, pour la première fois, non pas à Louvain en 1546, comme je l'ai lu quelque part, mais à Anvers en 1533, in-8°. ; et il a été réimprimé dans le Nuga venales de 1644, in-12, et dans celui de 1720, également in-12. Voici le titre de cet ouvrage Pugna porcorum per P. (Publium) Porcium (Leonem Placentium), poetam. Paraclesis pro potore. (Avec cette épigraphe ) :

Perlege porcorum pulcherrima præla, Potor,
Potando poteris placidam proferre poesin.

Niverstadii, apud Gasparum Myrrheum, Mel

(1) Tautogramme vient du grec tautos, même, et gramma lettre, même lettre; c'est-à-dire, que la même lettre se trouve au commencement de chaque

mot.

chiorem Thureum, et Balthasarum aureum, 1720. Ce titre est tiré de l'édition du Nuga venales de 1720. L'auteur commence par une petite Dédicace en prose, en dix lignes. En voici le titre et le début :

Potentissimo Patrono Porcianorum P. Porcius. Poeta prosperitatem precatur plurimam. Postquam publicè porci putamur; praestantissime patrone, placuit porcorum pugnam poemate pangere, potissime proponendo pericula pinguium, etc. Un petit préambule en vers précède le poëme, il commence ainsi :

Præcelsis proavïs pulchre, prognate patrone,

Pectore prudenti pietateque prædite prisca,
Præter progeniem, præter præclara parentum
Prælia pro patriâ, etc.

Après ce préambule, qui a dix-huit vers, commence le poëme; nous en citerons seulement quelques vers:

Plaudite Porcelli porcorum pigra propago.
Progreditur, plures porci pinguedine pleni
Pugnantes purgent, pecudum pars prodigiosa,
Perturbat pede petrosas plerumque plateas,
Pars portentosa populorum prata profanat.
Pars pungit populando potens, pars plurima plagis.
Prætendit punire pares, prosternere parvos.
Primo porcorum præfecti pectore plano.
Pistorum porci prostant pinguedine pulchri
Pugnantes prohibent porcellos, ponere pænas
Præsumunt pravis: porro plebs pessima pergit
Protervire prius, post profligare polentes.

etc., elc.

Voici les sept derniers vers de ce poëme bur

lesque :

Postquam parturiunt præclara penaria prædas
Perficiunt pacem patitur populusque....

Posteaquam patuit prærepta pecunia plebi.
Plangunt privatim procerum præcordia pacem.
Plectunt perjuro perjuria plura patrantes.
Proptereà Porci, Porcelli plebs populusque.
Posthac principibus prohibent producere pugnam.
Personavit Placentius post pocula.

une pièce

On trouve, à la suite du poëme, une de vers ainsi intitulée :

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Potentissimo pientissimo, prudentissimoque Principi. Patri purpurato, præsenti Pontifici, (le Prince Evêque de Liége), Placentius plurimum precatur prosperitatis.

Elle commence ainsi :

Perge, pater patrice, patriarum perfice pacem.
Promereare palam palmam placidissime princeps,
Possessæ pacis primam perhibe pietatem
Priscorum patrum per prudentissima pacta♦

etc.

Elle finit par ces vers:

Prudens pontificis pectus, per plura probetur

Plectra poetarum, plerique poemata promant

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Præcipuam plerique parentele probitatem
Pertractant prosa, præstante poemate prorsus
Præcellat princeps pacis, princeps pietatis.
Pensa pauperiem, princeps præclare, poeta.

Ce singulier ouvrage est terminé par une seconde pièce de vers iutitulée Præcatiuncula P. Porcit poetæ, dont voici le début :

Parce precor pingui pagello, parce prudente

Pugnantium parœmiae

Parce parum pulchro picturatoque pocsi,

Prosente picto poculo.

Phobo postposito placuit profundere plura,
Præceps poemaque promere.

elc.

Porcorum populus, porcellorumque precatur
Promiscue plebecula,

Perfectam pugnam perfecto ponere prælo
Propediem Placentium.

Charus centurio curavit comere chartas

Censorem, cura commisit chalcographorum.

Enfin ce morceau est suivi du testamentum ludicrum Grunnii Porcelli, cujus D. Hieronymus ad Eustochium meminit. C'est une mauvaise farce en prose latine. Le Pugna Porcorum, comme nous l'avons dit, ne vaut rien, et n'a que le mérite de la difficulté vaincue; comment pourrait-on faire quelque chose de bon avec de pareilles entraves?

Un nommé Henri Harder a composé un petit poëme de 93 vers, sous le titre de Canum cum

Cattis certamen carmine compositum currente ca

lamo C. Catulli Caninii (Henrici Harderi ) à la fin du Nuga venales de 1720. Il débute ainsi :

Cattorum canimus certamina clara canumque,
Calliope concede chelyn, claroque camœnæ.
Condite cum cytharis celso condigna cothurno
Carmina certantes canibus committite cattos,
Commemorate canum casus casusque caltorum „
Comprimis causas certamina cuncta creantes.
Currentem cupide cruda cum carne catellum
Conspexere catti captique cupidine cœnœ.
Comprendunt catulum, capiunt coguntque carerc
Carne, canis clamor complebat compita cuncti
Confluxere canes; conamina cruda cattorum
Conqueritur catulus, captus carnesque cibosque
Commemorat, etc.

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Voici les six derniers vers du poëme :

Colle cavo comitum congesta cadavera condunt
Ca'torumque canumque cohors curantque cruentos
Complexi catulos catti cattosque catelli

Civili certant caudâ, cubitis que cohærent :
Cantatur, crudam claudunt convivia cædem
Cunclaque composito cessat certamine clades.

Ubaldus bénédictin de Saint-Amand > , qui vivait du tems de Charles-le-Chauve, au neuvième siècle, a fait un poëme tautogramme, en l'honneur des chauves; tous les mots commencent par un C. Il a été imprimé avec le Pugna Porcorum de Placentius, à Louvain, en 1546. Comme il n'est pas long, nous allons le donner en entier :

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