SCENE III. IDALIE, CHOEUR. IDALIE. Pour les cœurs délicats l'amour a trop d'alarmes, Ils en devraient toujours éviter le danger; Mais les cœurs délicats, trop touchés de ses charines, Sont les plus prêts à s'engager. CHOEUR. Pour les cœurs délicats, etc. ACTE II SCÈNE PREMIÈRE. AIMABLES PARIS. IMABLES lieux, agréables retraites, Qui m'avez vu goûter Des douceurs si parfaites, Non je ne saurais vous quitter. Vous me représentez sans cesse Les plaisirs dont mon cœur s'est laissé transporter : Soyez toujours témoins de mon ardeur extrême; ENONE, SCÈNE II. PARIS, ENONE. PARIS. savez-vous quel ennui me tourmente? . On me veut arracher des lieux où je vous voi. Mon bonheur passait mon attente; J'ai reçu les respects d'une cour éclatante, En vous le racontant ma douleur en augmente. . É NONE. Vous êtes fils du roi ! quel coup pour une amante ! PARIS. Le roi m'a commandé de ne le quitter pas; La reine à chaque instant me serrait dans ses bras; Je me suis dérobé, j'ai volé dans ces lieux. ÉNONE. Retournez, retournez dans cette cour pompeuse. PARIS. Votre amour seul m'est précieux. ÉNONE. Ah! ne m'amusez plus par votre ardeur trompeuse. PARIS. Fiez-vous, belle Énone, au pouvoir de vos yeux. ÉN ONE. Laissez mourir Énone, elle est trop malheureuse. Faut-il que vous cessiez de l'être ? Lorsque vous sûtes m'engager, Je descendis du rang où le ciel m'a fait naître, Qui jamais eût prévu que vous dussiez changer PARIS. Ah! si pour conserver de si tendres amours, Qu'avec vous si long-temps ces bois m'ont vu porter; Accoutumée à vous chanter; (1) Voilà la même faute que Racine a faite au commencement de la première scène d'Andromaque. Et touché désormais des seuls regards d'Énone, Mon cœur ne se souviendra pas Qu'il soit dans l'univers ni couronne, ni trône. Pourriez-vous à ce point signaler votre foi? PARIS. Nymphe, n'avez-vous pas de votre rang pour moi Qu'un monarque soit mon père, Un sacrifice à vous faire. TOUS DEUX. Pour demeurer dans vos liens, Quand on connaît les biens que l'amour donne, Que ma frayeur est vive! Tu veux, cruel destin, m'arracher mon amant. PARIS. Ah! plutôt du jour même il faudra qu'on me prive. Le destin ne peut rien sur un nœud si charmant. QUOI! ACTE III. SCÈNE PREMIÈRE. HECTOR, PARIS. HECTOR. vous vous obstinez à vivre en ces retraites? Oubliez-vous déjà, mon frère, qui vous êtes, Quel sang vous a donné le jour ? PARIS. Seigneur, j'ai peine encore à vous nommer mon frère, Hélas! vous ne connaissez guère Les biens de ce charmant séjour. Ici quelques troupeaux, de l'ombrage, un zéphire, Voilà tous les biens qu'on désire ; Et ce qui passe encor tout ce qu'on peut vous dire, HECTOR. Ne rougissez-vous point de l'indigne mollesse PARIS. Souffrez qu'à vos regards ma faiblesse s'expose. Aux devoirs que la gloire impose. Je ne connais encor que cette douce loi D'aujourd'hui seulement je suis fils d'un grand roi; Je fus berger toute ma vie. (Le reste manque.) LA DAUPHINE. DANS un ÉGLOGUE. ANS un bois qu'arrose la Seine, * Je marchais sans tenir une route certaine, Et rêvais presque sans objet; - Un beau jour, un ruisseau, les fleurs de nos prairies, Suffisent pour causer nos douces rêveries, J'entendis quelque voix que je crus reconnaître ; C'étaient Lise et Cloris, qui toutes deux font naître » De nos hameaux les plus tendres amours: J'écoutai sans vouloir paraître, >> Trahison qui se fait toujours Aux belles dont on veut surprendre les discours. » Non, disait Cloris, j'en suis sûre, C'était une déesse, et tu lui fais injure » D'être d'un avis différent. » D'une divinité les marques naturelles Éclatent dans cet air qui touche et qui surprend; » Lise, as-tu donc vu des mortelles » Avoir l'air si noble et si grand? Tu ne peux à sa vue avoir été frappée » D'un respect plus profond que moi, » Ma Cloris, que tu t'es trompée, » Et que j'en juge mieux que toi. Les déesses, toujours fières et méprisantes, »Ne rassureraient point les bergères tremblantes, » Par d'obligeans discours, des souris gracieux : » Mais tu l'as vu; cette auguste personne Qui vient de paraître en ces lieux, » Prend soin de rassurer au moment qu'elle étonne. » Sa bonté descendant sans peine jusqu'à nous, Semblait, par ses regards, nous faire des caresses. » Cloris as-tu vu des déesses Avoir un air si facile et si doux ? » Alors je me présente aux yeux des deux bergères, 23 Qui ne traitaient point ces mystères Que des témoins cachés sont ravis d'écouter: |