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mois. L'idée de dévouer à la mort, par un parjure volontaire, non-feulement foi-même, mais tous les individus, même des branches les plus eloignées d'une famille qui fait fa plus grande gloire, & dont les chefs morts font regardés avec la même vénération que l'étoient les Dieux Lares chez les Anciens, a certainement empêché plus d'un Sumatranois de faire un faux ferment tandis que trente ou cent Anglo-Saxons devoient fe parjurer fans beaucoup de remords, dans l'efpoir de profiter, à leur tɔur, de la même faveur. Les plus grands inconvéniens qui réfultoient de cette coutume chez ceux-ci, font convertis en avantages réels chez ceux-là...

da ferment.

Le lieu où le ferment fe fait avec le plus de Cérémonie folemnité, eft le crammat, ou tombeau de leurs ancêtres, & on y obferve plufieurs cérémonies fuperftitieufes. En général, les Habitans de la côte, par leur longue fréquentation avec les Malais, ont une idée du Koran, par lequel ils jurent pour l'ordinaire; cérémonie dont les Prêtres ne manquent pas de tirer parti, en leur faifant payer une certaine fomme; mais les Habitans de l'intérieur confervent dans leurs maifons certaines vieilles reliques, appelées pefakko dans le Rejang, & faclean dans le Paffumah, qu'ils produifent quand il eft queftion de faire un ferment. La perfonne qui a perdu fa caufe, & qui

oblige fa partie adverse au ferment, demande fourvent deux ou trois jours, pour difpofer l'appareil du ferment, foompatan, ou la chofe fur laquelle ils jurent, qui peut être plus ou moins facrée, & plus ou moins efficace. C'eft un vieux cris rouillé, ou un ́cánon de fufil rompu, ou quelque ancienne arme, à laquelle le hazard ou le caprice a attribué une vertu extraordinaire. Dans la cérémonie du ferment, ils la plongent dans l'eau & celui qui fait le ferment boit cette eau, après avoir prononcé la formule ci-dessus rapportée (1). Le Pangeran de Soongey-Lamo conferve chez lui quelques balles de cuivre, qui ont été plongées dans l'eau, bue par les chefs de SoongeyEtam, quand ils s'engagèrent par ferment à ne jamais troubler fon diftrict; ce qu'ils ont fait cependant toutes les fois qu'ils l'ont ofé avec certitude d'impunité, à caufe du relâchement de notre Gouvernement. Mais c'étoient-là des fermens politiques. Le foompaian le plus ordinaire, eft le cris, fur la lame duquel ils répandent quelquefois du fuc de limon, qui imprime une tache fur les lèvres de celui qui boit l'eau; cir

(1) La manière dont fe fait le ferment parmi les Peuples de Madagascar, a beaucoup de rapport avec les cérémonies ufiteés chez les Sumatranois. Il y en a fur-tout un très-grand dans les chofes fur lefquelles ils jurent, & l'eau confacrée qu'ils boivent.

conftance qui ne peut que faire impression fur un efprit foible & coupable, qui doit s'imaginer que la tache extérieure offre aux fpectateurs une image de la tache intérieure. A Marna, le feompatan le plus refpecté eft un canon de fufil. On le porte avec pompe fous un parafol, & enveloppé dans une étoffe de foie, à l'endroit où fe fait la cérémonie. Cet appareil produit

avantageux, en infpirant aux parties une haute idée de l'importance & de la folemité de la chofe. En Angleterre, il est bien reconnu que la manière expéditive de prêter ferment, & l'espèce de familiarité qu'on contracte avec lui, fi l'on peut ainfi parler, lui font perdre à nos yeux de fon importance, & le rendent trop fouvent inutile. Les Sumatranois jurent quelquefois par la terre, fur laquelle ils pofent leurs mains, en fouhaitant qu'elle ne produife jamais rien pour leur nourriture, s'ils difent faux. Dans toutes ces cérémonies, ils brûlent fur la terre un peu de benjoin. Et acerra thuris plena, pofitufque carbo in cefpite vivo ( 1 ).

C'est une chofe frappante de voir les hommes foumis à des pratiques auffi déraisonnables, & qui font dans le fait, auffi bizarres & auffi puériles, quoique communes à des Nations les plus féparées par la diftance des lieux, le climat, le

(1) Vid. Horatii Carmin. Lib. 3. od. 8. Martiis calebs, &c. N. D. T.

langage, le tempérament, le caractère, & par tout ce qui diftingue un peuple de l'autre. Formées des mêmes matériaux, douées des mêmes fentimens originaux, les Tribus incivilifées de l'Europe & de l'Inde, étoient faifies de la même crainte, avoient les mêmes idées, dans un temps où elles ne fe connoiffoient nullement, où même elles nioient réciproquement la ponibilité de leur existence. Les injuftices mutuelles, les animofités qui donnent lieu à des difputes & à des accufations, ne font point particulières à l'un ou l'autre peuple. Tout homme, dans les cas douteux, pouvoit chercher à prouver fon innocence en bravant les objets qui infpiroient à fes compatriotes la plus grande terreur, foutenu par la juftice de fa cause. Le Sumatranois, rempli de l'idée des Puiffances invifibles, & en même-temps de fa propre fragilité, regarde, avec une crainte religieufe, les inftrumens fuppofés de leur invention, & jurent fur des cris, des balles & des canons armes de deftruction. Le Germain. Chrétien du feptième siècle, plus indifférent aux périls de cette vie, mais non moins fuperftitieux, juroit fur des morceaux de bois vermoulus, fur des clous rouillés, qu'il avoit appris à révérer, comme poffédant la vertu de le fauver de la perdition éternelle.

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Succeffions, Quand un homme meurt, fes biens ordinai

par

rement font partagés entre fes enfans mâles égales parts; mais s'il en eft un parmi eux qui s'élève par fes talens au-deffus des autres, quoiqu'il ne foit point l'aîné, il obtient communément la plus grande portion, & devient le chef du toongooan ou maifon; les autres lui cédent de bon gré la fupériorité. Un Pangeran de Manna avoit laiffé plufieurs enfans; aucun d'eux ne fuccéda à fon titre; mais un nom de diftinction fut donné à l'un des plus jeunes, qui fut regardé comme le chef de la famille, après la mort du père. Ayant demandé à l'aîné pourquoi le nom de diftinction ne lui avoit pas été accordé, mais avoit été conféré à l'un de fes plus jeunes frères, il me répondit avec la plus grande naïveté : « Parce qu'on me regarde comme un homme foible & fans efprit ». S'il n'y a point d'enfans mâles, mais une fille feulement, on la marie par ambel ana, & ainfi le toongovan père continue. Il eft bien plus naturel & plus conforme à la juftice de partager également les biens entre les enfans, que de les faire paffer en entier à l'aîné, comme cela fe pratique dans prefque tous les Etats de l'Europe; mais dans pays où les biens confiftent en fonds de terre la dernière coutume, outre qu'elle contribue à la gloire des familles, eft fujette à moins d'in convéniens. La propriété des Sumatranois étant

les

du

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