페이지 이미지
PDF
ePub

tant

[ocr errors]

n'avoient pas les plus petits moyens naturels de défense. Un Officier Anglois, avec plus de coufage & de gaieté que de prudence, découvrit une impofture de cette efpèce. Un homme s'évanté en fa préfence d'être doué de ce privilége furnaturel, l'Officier faifit l'occafion de lui enfoncer dans le bras la pointe de fon épée, & il en fit fortir du fang, au grand contentement des fpectateurs, & au grand déplaifir du prétendu invulnérable, qui jura de s'en venger, & qui l'auroit fait, fi on n'avoit trouvé moyen de l'écarter. Mais un feul exemple de charlatanerie découverte ne fuffit pas pour détruire une fuperftition enracinée. C'eft parmi les Malais qu'on trouve ordinairement ces impofteurs., & non parmi les Naturels du Pays, dont les mœurs ont bien plus de fimplicité.

J'ai tout lieu de croire

ou autres,

que les Miffionnaires n'ont jamais fait des tentatives pour convertir les Sumatranois au Chriftianifme, & je doute fort que les plus habiles & les plus obtinffent quelques fuccès permanens

zélés

dans

ce pieux emploi. Plufieurs mille Habitans des îles Orientales furent baptifés par le célèbre François Xavier, dans le feizième siècle; cependant on ne trouve aujourd'hui aucun de leurs defcendans qui ait confervé un feul rayon de la lumière qui leur avoit été commu

Aucun

Miffionnaire.

1

niquée; & probablement, comme c'étoit la nouveauté feulement, & non la conviction, qui les avoit portés à embraffer une nouvelle croyance, l'impreffion n'en refta pas plus long-temps que le fentiment qui l'avoit fait adopter, & difparut auffi rapidement que l'Apôtre voyageur. Les Portugais & les Chrétiens font confondus, dans la Langue des Malais, fous un même nom général, qui eft Orang Zerani, par corruption, pour Nazerani. Cette négligence des Miffions, à l'égard de Sumatra, et une des caufes pour lefquelles l'île a été jufqu'à préfent fi peu connue des Européens.

CHAPITRE XVI.

Du Pays de Lampoon, & de fes Habitans. Langue. Gouvernement. Guerres. Coutumes particulières. Religion.

APRÈS avoir décrit les mœurs & coutumes des Sumatranois en général, mais plus particulièrement des Rejangs, & avoir jeté un coupd'œil, dans l'occasion, fur celles des Habitans du Paffummah, qui leur reffemblent beaucoup, je vais maintenant donner une idée des points dans lefquels les Habitans du pays de Lampoon en diffèrent, quoique cette différence ne foit pas fort confidérable.

Le

Limites du

Pays de Lan

de Lampoon comprend toute cette pays partie de l'extrémité Méridionale de l'île, qui poon. s'étend dequis la rivière Padang goochie, qui le fépare du Paffummah, fur la côte occidentale, jufqu'à Palembang, au nord-eft; place qui eft prefqu'entièrement habitée par des Javanois. Au fud & à l'Eft, il eft baigné par la mer, & il a plufieurs ports fur le détroit de la Sonde, entr'autres les baies de Keyfer & de Lampoon: la grande rivière Toolang bouang, qui naît d'un

[ocr errors]

Habitans,

grand lac (Ranou) fitué entre les chaînes des montagnes, le traverse dans fon centre. Cette partie du Lampoon qui eft entre la rivière Padang goochie, & un lieu nommé Naffal, eft દ appelée Briuran, & celle comprise entre Naffal & Flat-Point; (Pointe-Plate) au fud, Laoutcawoor, quoique le Cawoor, proprement dit foit dans la partie du Nord.

Le pays de Lampoon eft beaucoup plus peuplé dans la partie centrale & montagneufe, où les Habitans vivent indépendans, &, en quelque forte, affurés contre les incurfions de leurs voifins les Javanois, qui, de Palembang & du détroit, tentent fouvent de les molefter. Il eft probable que la côte fud-oueft de Lampoon n'a jamais été fort peuplée, & qu'elle a été encore moins vifitée par les étrangers, à caufe de la fureur des vagues & du manque de rades & de ports, qui rendent la navigation difficile & dangereufe pour les bâtimens du Pays ; & de la petiteffe & de la rapidité des rivières, rendues encore plus périlleuses par les bas-fonds, & le par reffac prefque continuel. Si vous demandez aux Lampoons de cette côte d'où ils font venus, ils vous répondent : des Montagnes ; & ils défignent, en même-temps, un endroit dans l'intérieur près du grand lac, d'où, difent-t-ils, leurs ancêtres émigrèrent: c'eft tout ce qu'on en peut tirer. De

tous les Sumatranois, ce font ceux qui reffemblent le plus aux Chinois, fur-tout dans la rondeur du vifage & la forme des yeux. Ils font auffi les mieux faits de tous les Habitans de l'île, & les femmes font plus grandes & paffent pour les plus belles.

Leur Langue diffère confidérablement de celle Langue. des Rejangs, & les caractères dont ils fe fervent leur font particuliers, comme on peut le voir dans la planche des Alphabets, pag. 310. T. I.

Les Chefs font le Pangeran, mot qui vient du Javanois, le Careeo, & le Riddimong ou Nebeehee; le dernier répond à-peu-près au Dupatty parmi les Rejangs. Le diftrict de Croe, près du mont Poogong, eft gouverné par cinq magiftrats, appelés Pangow - leemo, & par un magiftrat fuprême, appelé par excellence, Pangow; mais leur autorité eft, dit-on, ufurpée, & leur eft fouvent difputée. Le mot Pangow fignifie Gladiateur, ou celui qui combat pour une récompenfe. Le Pangeran de Sooko, dans les montagnes, a quatre à cinq mille fujets; & quelquefois, en faifant fa tournée, il lève un tallee, ou la huitième partie d'une piaftre, fur chaque famille; ce qui prouve que fon autorité est plus arbitraire, & tient plus de la féodalité, que celle des Chefs Rejangs, dont le Gouvernement eft prefque Patriarchal. Cette différence eft fûrement

Gouverne

ment.

« 이전계속 »