une obfcurité qui avoit affez de rapport à celle de fa maifon. Mais Ifabelle de Caftille cette Reine fi habile ne l'eut pas plustost connu qu'en le choififfant pour fon Confeffeur, elle en fit le dépofitaire de tous fes fecrets. Elle l'éleva quelque tems aprés àl'Archevefché de Tolede, c'eft à dire à la premiere & à la plus riche dignité ecclefiaftique de toute l'Espagne. Elle l'introduifit en mefme tems dans le Confeil d'Etat. 11 en fut le Chef par dignité, comme il en eftoit l'ame par une habileté que perfonne n'égalaft de fon tems, & que perfonne n'a furpaffé depuis.

fa

Les grands fervices qu'il rendit à Ferdinand le Catholique depuis la mort d'Isabelle forcerent (pour ainfi dire) ce Prince le moins reconnoiffant de fon fiecle à le faire Cardinal, grand Inquifiteur, & enfin Regent de

á y

d'un amour tendre pour le peuple, & de cette qualité fi rare, mais pourtant fi neceffaire à tous ceux qui gouvernent, que l'Ecriture appelle la faim & la foif d la juítice. D'ailleurs cette fermeté inflexible qu'on lui a reproché estoit éclairée. Il penetron fi bien la liaifon des caufes & des effets, l'enchaînement des év. nemens, le fort & le foible &. ceux à qui il avoit affaire, q forçoit (pour ainfi dire les o! stacles qui paroiffoient les p' invincibles à s'accommoder à politique.

La naiffance & l'éducation ce grand homme ne contribu rent prefque rien à le form tel qu'on vient de le reprefente & qu'on le verra dans cette h: ftoire. La famille qui le don à l'Espagne, quoique prétend Noble, y eftoit à Il paffa la moit

con

ts ne ceder des éves civiles & intrigues de ons, les guereres, ce que X, ce que la rible, tout à tour dans es Royaumes n, de Bugie, s ou confer appaisez, les rands réprierre Ferdi, & Philippe Roy de Caf ›n de ce metë à Ferdiint parti de en ; les SyétabliffeEcclefia

le l'Or

onda

Caftille pendant le bas âge de fes petits fils Charles-Quint & Ferdinand qui furent depuis tous deux Empereurs.

Les grands Emplois fouftenus par les rares qualitez de Ximenez ne pouvoient produire que des actions extraordinaires, & des exemples capables d'inftruire les plus grands hommes qui devoient venir aprés lui. Auffi le Lecteur verra dans cette Hiftoire tout ce que l'on peut attendre d'un Prèlat pieux & fçavant, d'un Miniftre d'Etat habile,entreprenant, toujours heureux; & ce qui furprendra d'autant plus agréablement que le fujet fembleroit le devoir moins promettre) tout ce qui peut répondre à l'idée d'un excellent General d'Armée capable de faire des conqueftes, & plus capable encore de les conLerver.

La varieté des faits ne cedera point à la grandeur des évenemens. Les affaires civiles & Ecclefiaftiques, les intrigues de Cour, les negociations, les guerres civilles & étrangeres, ce que la paix a de plus doux, ce que la guerre a de plus terrible, tour cela paroiftra tour à tour dans cette Hiftoire. Les Royaumes de Grenade, d'Oran, de Bugie, de Navarre conquis ou confervez, les tumultes appaifez, les foulevemens des Grands réprimez, l'accord fait en re Ferdinand le Catholique, & Philippe Premier fon gendre Roy de Caf tille, l'administration de ce metme Royaume rendue à Ferdinand malgré le puiffant parti de l'Empereur Maximilien; les Synodes tenus pour le rétabliffement de la Difcipline Ecclefiaftique, la Réformation de l'Ordre de faint François, la Fonda