Depuis l'an Ord.deChar la premiere année de fon regne, un Edit donné à Fontai1560. jut- nebleau au mois de Mars 1560. avant Pâques, par lequel qu'en 1574. il fupprime l'Office de Tabellion au Bailliage d'Auxerre. I. vol. des L'année d'après étant à Saint Germain-en-Laye au mois de les IX. f. 34. Novembre, il donna un autre Edit concernant l'établiffeRecueil des ment d'un Maire dans la même Ville. Les habitans avoient Ord.deCharles IX. Edit. demandé que confequemment aux promeffes faites dans les 1567. f. 133. Etats d'Orleans, il leur fut permis de fe choifir tous les P. 840. trois ans un Maire, lequel avec les douze Echevins ou Jurés, Electifs de trois ans en trois ans, & les trois Gouverneurs Electifs de deux ans en deux ans auroient l'intendance, jurifdiction & correction politique en la Ville, privativement au Prevôt & Bailli. Le Roi, de l'avis de l'Avocat, & Procureur Général, leur accorda de fe choifir un Maire tous les deux ans en place d'un des trois Gouverneurs, & donna à ce Maire le pouvoir d'affembler les autres Gouverneurs, & les Jurés une ou deux fois la femaine pour traiter les affaires de la Ville, comme font les réparations de fortifications, de pavés, de portes, &c. Il donna auffi au même mois & au même lieu un Edit qui portoit fuppreffion de l'office de Président au Présidial, Blanchard, d'Auxerre, & cet Edit fut régiftré le 19. Décembre fuivant. Mais ce qui fut plus folemnel dans le pays, fut la rédaction des Coutumes du Bailliage. On a vu plus haut que dès l'an 1494. on s'étoit dreffé un Coutumier par ordre de Charles VIII. & qu'en 1507. il y eut une convocation des trois Etats à Auxerre pour y regler certains articles. Le Procès verbal & le résultat de l'Affemblée furent imprimés peu de temps après. Mais en 1561. les chofes fe firent avec encore plus de folemnité. Les habitans d'Auxerre avoient demandé des Commiffaires dès le temps du Roi Henri II. & pour y fatisfaire, la Ville avoit été comprise dans les Lettres Patentes de ce Prince du 12. Février 1558. qui commettoient Christophe de Thou Préfident au Parlement de Paris avec Barthelemi Faye & Jacques Viole Confeillers, pour affifter à la rédaction des Coutumes de différens pays. François fecond avoit auffi donné de femblables Lettres le 24. Juillet 1559. & il les avoit renouvellées en particulier pour Auxerre en 1560. le 24. Août. Comme il mourut la même année avant l'exécution pag. 356. de la commiffion, Charles IX. étant à Orléans le 5. Janvier fuivant, en chargea les trois mêmes Magiftrats. Ils Depuis l'an 1560. ju commencerent le 16. Juin 1561. leur Procès verbal dans qu'en 1574. le Palais Episcopal, où tous les Seigneurs Eccléfiaftiques & Séculiers comparurent, & enfuite les Communautés des Paroiffes de la campagne. Comme ce Procès verbal eft entre les mains de tout le monde, je n'en dirai rien davantage. On avoit pris toutes les mesures pour ne laiffer aucune ambiguité dans les textes de ces Coutumes. Auffitôt qu'on eut avis des commiffions données par Charles IX. au Président de Thou & aux deux Confeillers, les principaux Magiftrats après les formalités requifes (a) tinrent des Affemblées au fujet de l'ancien Goutumier, appellant avec eux un grand nombre d'Avocats (b). Tabul. Vrbis. Quelque temps après il arriva dans Auxerre quelques, tumultes populaires. Le Lieutenant général & le Lieutenant particulier étant attachés à la Religion Catholique, fe joignirent à Francois de la Riviere Seigneur de Chamlemi Gouverneur d'Auxerre, pour intimider les principaux Sectaires qui y faifoient leur demeure. En effet plufieurs en fortirent alors, & fe retirerent à la campagne, entr'autres le Prevôt Jacques Chalmeaux. Comme il en étoit resté un grand nombre dans la Ville, il fe forma le Dimanche 23. Août 1563. une fédition contre eux. Les Auteurs furent Jacques Creux & un Avocat nommé Bougault, qui Hift. de Beze ayant excité les mariniers ne purent plus en être les maîtres. Quelques Huguenots furent jettés du haut du Pont dans la riviere; il y en eut d'autres dont les vignes furent vendan (a) Le Sieur du Broc Bailli de Var-, Berault, Etienne Jambe, Edme Vinzy, Avocat à Auxerre, fut envoyé à cent, Germain le Clerc, Gabriel Paris pour en prendre communication, Thierriat & Guillaume du Broc ciafin d'appeller à ce fujet lesGens duRoi, deffus nommé. Ce dernier alla à Paris & en confequence, Pierre le BrioisLieu- avec Etienne Fernier pour y rédiger le tenant général d'Auxerre & Préfident, Helie le Briois Lieutenant particulier, quatre Confeillers, l'Avocat du Roi, le Procureur du Roi, le Gouverneur & les Echevins, firent affembler pendant plufieurs jours à l'Hôtel de Ville, & la Chambre du Confeil, huit des plus célébres Avocats du pays pour exami ner l'ancien Coutumier. (b) Ces Avocats étoient NicoLas Mareuil, Etienne Fernier, Claude à procès verbal en préfence des trois & de Thou. Depuis l'an 1560. juf gées par les Catholiques ; & quelques maifons de Gentilshommes du voifinage furent pillées; l'Avocat du Roi fut qu'en 1574. laiffé pour mort dans fa maison. Mais le Sieur d'Avigneau eut bientôt occafion de venger ceux de fon parti. Quelques-uns du peuple d'Auxerre ayant voulu au mois d'Òctobre faire une fortie fur lui & fur les fiens au-delà des portes de la Ville, il y en eut quatorze tués fur la place & plufieurs bleffés. Peu de temps après il fe trouva aux prifes avec les payfans du village de Vaux qui avoient fonné le tocfin dans le temps qu'il escortoit un envoyé du Sieur d'Andelot entre Saint Bry & Vaux.. Il fit faire main-baffe fur ceux qui étoient accouru au fon de la cloche, & il y en eut seize de tués. Ces revers de fortune dans le parti des Catholiques ne pouvoient être imputés aux Chefs, qui avoient prévu dès le milieu du mois d'Août le mal qui pouvoit arriver. Le Chapitre même de la Cathédrale avoit envoyé quatre Chanoines au Sieur de Breffoles Capitaine & Gouverneur, pour le prier de prévenir & appaifer tous les tumultes pulaires. Les habitans de Saint Cyr-lès-Coulons & ceux de Juffy furent la victime de leur propre témérité, en voulant réfifter trop ouvertement, ou même infulter aux troupes qui venoient d'Allemagne, & qui alloient à Orleans fous la conduite du Sieur d'Andelot.. La compagnie du Maréchal de Saint André étant furvenue prefqu'auffi-tôt dans Auxerre, empêcha avec plus de fuccès les tumultes de la populace, & elle fe fit craindre par les Huguenots, en commençant par piller quelques-unes de leurs maifons.. Reg. Capit. 1563. 20.. Aug, Dans le temps que tous ces fracas arriverent à Auxerre: & dans le voisinage, le Roi fit quelques retranchemens & quelques augmentations dans le Préfidial, quoiqu'il ne fût établi que depuis douze ans. On voit parmi fes Ordonnances une Déclaration du 23. Mai 1563. qui réunit l'Office de Préfident au Préfidial d'Auxerre, à celui de Lieutenant général au Bailliage; une autre donnée à Paris le 10. Octobre de la même année, qui porte fuppreffion: de l'Office de Lieutenant particulier : un autre encore du même jour, qui porte création d'un Office de Conseiller au Préfidial avec le reglement de fes fonctions, & enfin un Edit donné à Saint-Lié au mois de Mars 1563. qui porte: établissement d'une Jurifdiction de Juges Confuls des Mar 1560. juf chands dans Auxerre fur le modele de celle qui avoit été établie à Paris le mois de Novembre précédent. A l'egard Depuis l'an de la premiere Déclaration, la mort de Pierre le Briois ar- qu'en 1574. rivée le 10. Mars 1562. pouvoit y avoir donné occafion; Necrol. Fran& quoique le Prevôt Jacques Chalmeaux fut fufpect dans cisc. Autiss, fa foi, cela ne l'empêcha pas de parvenir la même année à la charge de Lieutenant général. Il y eut auffi vers le même-temps une Déclaration du Roi, qui ordonnoit aux Seigneurs Jufticiers de fixer & déterminer la qualité de Juge de leurs Terres; c'est-à-dire, de fe reftraindre, ou à celle de Bailli, ou à celle de Juge Prevotal. Le Chapitre d'Au- Reg. Capit. xerre fe détermina à retenir celle de Bailli pour toutes fes. 5. Febr.1563. Terres. Louis Girardin étoit alors Bailli du Portail-Neuf. Les Etats d'Orleans étant finis en 1561. le Chapitre d'Au- Ibid. 1560, 8.. xerre prit communication des reglemens. Un des articles qui regardoit le bien public de la Ville, fut l'union d'une prébende Canoniale aux Regens des Colleges, qu'on a appellée la prébende Préceptoriale. Le premier Recteur des Grandes-Ecoles d'Auxerre qui en jouit, fe nommoit Etienne le Bail.. Febr. Reg. Capit. 1564. 9. & 31. Mars 1565. 18 L'année 1564. vit l'audace de l'hérefie s'accroître de plusen plus. Les Calviniftes enflés de ce qu'ils pouvoient continuer publiquement leur Religion dans les lieux où ils l'avoient exercée précédemment, fe flattoient d'avoir les fauxbourgs d'Auxerre à leur direction. Mais lorsqu'on eut prevu les inconveniens de cette proximité, les Commiffaires exécuteurs de l'Edit du Roi du 19. Mars, leur affignérent la ville de Crevan éloignée d'Auxerre de quatre lieues. Cet éloignement n'étant point de leur gout, ils formerent le deffein de préfenter une requête au Roi pour pouvoir s'affembler aux fauxbourgs d'Auxerre, ou au village de Saint George, & avoir le cimetiere de Saint Amatre pour leur fepulture. En attendant un temps favorable, ils se rendoient toujours chaque Dimanche à Crevan, avec leurs armes. Ce fut ce qui fit naître des foupçons dans l'efprit des Ca- La Popeli tholiques de Crevan. L'emeute qui fe fit le Dimanche 11. niere, lib.10 Juin 1564. fut fi violente qu'il y eut du fang répandu. La Reine qui voulut être informée de ce tumulte, apprit que les Huguenots qui lui avoient porté les premiers leurs, plaintes, étoient dans le tort. Cependant ils agirent avec CC c iij Depuis l'an 1560. juf tant d'inftance auprès des Puiffances, qu'ils obtinrent de tenir leur prêche dans une maifon du fauxbourg Saint qu'en 1574. Amatre-lez-Auxerre. Leurs affemblées étant par la fuite plus tranquilles, & mieux fournies de gens inftruits dans leurs principes, ils drefferent une formule de foi en forme de Catechifme, qui contenoit toute la doctrine de leur prétendue réforme, & ils la fignerent tous. On ignore s'ils en firent plufieurs copies ainfi certifiées d'eux, & fignées ; mais pour la tranfmettre plus fùrement à la pofterité, il leur vint dans l'efprit de la faire placer dans un endroit fort fingulier, & d'où l'on ne pouvoit l'ôter à leur infcu. Ayant gagné un couvreur qui travailloit à la fleche du grand horloge de la Ville, ils la firent mettre dans le globe qui supporte la giroüette : ce fut là qu'un autre ouvrier la trouva il y a foixante ans ou environ, dans une boîte de fer blanc. Un temoin oculaire m'a affuré qu'elle contenoit la fignature d'une centaine d'habitans ou à peu près, & qu'à caufe de certains noms qui y furent remarqués, quelqu'un jetta la piéce au feu. Ce nombre de foufcriptions eft affez conforme à celui de la Requête du 30. Mars 1563. dont on a encore l'original. Ces cent familles Calvinistes quoique bien inférieures en nombre aux Catholiques, ne laifferent pas de caufer bien des troubles, tant parce qu'elles groffiffoient de jour en jour, que parce qu'elles avoient de puiffants appuis. Le jour de la Fête-Dieu 21. Juin 1565. la Proceffion étant fortie à l'ordinaire du grand Cimetiere par la porte qui regarde les murs de la Ville, pour aller delà directement à la porte du Temple, il fe forma une émeute à l'occasion d'un Huguenot nommé Germain Symonet, qu'on foupçonna d'avoir coupé les cordes qui soutenoient les tapifferies, & d'avoir tiré & fait tirer quelque coup de piftolets. Le peuple Catholique indigné de cette action, s'arma de pierres & de tout ce qu'il put trouver, pour jetter contre la maifon où il s'étoit retiré. Un bourgeois nommé Prix Soufflot fe préfenta dans l'inftant aux Magiftrats le vifage tout rempli de fang, & on apprit de plufieurs temoins qu'il avoit reçu un coup de piftolet, en voulant s'efforcer d'entrer dans la maifon du même Huguenot. On étoit difpofé à courir aux armes de part & d'autre: mais le Roi avoit fagement prévenu ces inconveniens |