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obtenu par leurs menfonges & leurs calomnies, une commission au venerable évêque d'Evreux, pour nous exhorter à les recevoir dans notre corps, fauf nos ftatuts fufdits, jufques à ce que le pape mieux informé, en ordonnât autrement. Pour l'exécution de ce refcrit, ils ont fait fubdeleguer par le même évêque maître Luc chanoine de Paris, qui fans nous appeller en jugement, ni entendre nos défenses fans avoir égard à nôtre appel, en vertu d'un fecond refcrit du pape à lui adreffé, a fuspendu de leurs fonctions tous les docteurs en theologie, en droit & en medecine, & tous leurs écoliers ; & fait publier cette fufpenfe dans toutes les paroiffes de Paris, au grand scandale des laïques.

Or comme nous faisions publier une feconde fois par toutes les écoles notre decret de separation, à caufe des nouveaux écoliers qui furviennent de jour en jour, nos bedeaux vinrent à l'école des freres Prêcheurs, & un d'eux commença à lire le decret. Mais les freres qui étoient là en grand nombre, se jetterent fur les bedeaux avec de grands cris, & les ayant chargés d'injures, arracherent le papier des mains de celui qui le lifoit, & en fraperent un jufques à effufion de fang. Le recteur y vint lui-même avec trois maîtres és arts; mais il ne fut pas mieux receu, & s'en retourna fans rien faire. De plus ils ont extorqué de maître Luc une lettre, contenant que quelques-uns de nos docteurs & de nos écoliers, jufques au nombre de quarante, avoient confenti en fa prefence à les admettre dans notre corps. Mais cette lettre ayant été leuë publiquement devant nous, ceux qui ont été nommés ont nié le fait ; en forte que maître Luc honteux de l'a

AN. 1254.

voir donnée, en a lui-même rompu le feau, & donAN. 1-54 né une lettre où il affure le contraire. Nous les gardons toutes deux. Craignant donc que les freres Prêcheurs, qui font répandus dans toutes les églises, ne déguifent la verité des faits, pour juftifier leurs freres de Paris : nous avons crû vous en devoir inftruire, afin que voyant les confequences de leurs entreprifes, vous y apportiés le remede convenable; autrement il eft à craindre que l'école de Paris, qui eft le fondement de l'églife, étant ébranlée, l'édifice même ne foit en danger de tomber. La lettre est dattée de S. Julien le pauvre où elle fut lûë en l'affemblée des docteurs, le mercredi après la Purification l'an 1253. c'est-à-dire le quatriéme de Février 1254. Je n'ai point encore vû ailleurs, que l'école de Paris fût le fondement de l'églife.

Guill.S.Amour p. 38.39.500.

806.

La même année on commença à expliquer publiquement à Paris un livre intitulé l'évangile éternel, attribué à Jean de Parme, qui étoit alors general Matth. Par.p. des freres Mineurs. Ce livre étoit fondé fur la doctrine de l'abbé Joachim, & contenoit plufieurs erreurs On y lifoit que l'évangile de J. C. devoit finir l'an 1260. pour faire place à l'évangile éternel, autant superieur à celui de J. C. que le foleil eft plus parfait que la lune, que c'est l'évangile du S. Efprit, qui prescrira une autre maniere de vivre, & difpofera autrement l'église. Or les docteurs de Paris rejettoient la haine de cette doctrine fur les Jacobins, comme fur les Cordeliers: & entre ces docteurs le plus ardent à les attaquer, étoit Guillaume de faint Amour, qui fe plaignoit hautement que les nouveaux religieux abufoient de leurs privileges, & troubloient l'ordre de la hierarchie.

Le

AN. 1254

LV.

reguliers.

Bulla & fi ani

p. 74. Du

mar. praf. S.

boulai, p. 270.

Le pape Innocent ayant donc reçû plufieurs plaintes femblables, donna une bulle adreffée à tous les religieux de quelque ordre qu'ils foient, où après Bulle contre les avoir rapporté les reproches des prélats & du cler- entreprises des gé feculier contre eux, il dit: Confiderant donc que ces entreprises produifent dans le peuple le mépris de leurs pasteurs, & ôtent la honte qui eft une grande partie de la penitence, quand on se confesse, non à fon curé que l'on a toûjours present, mais à un étranger que fouvent on ne voit qu'en paffant, & auquel il est difficile ou même impossible d'avoir recours au befoin: nous vous défendons expreffement de recevoir indifferemment dans vos églifes les paroiffiens d'autrui les dimanches & les fêtes, & de les admettre à la penitence fans la permission de leur curé, puifque fuivant le concile general, fi quelqu'un veut pour une juste cause se confeffer à un prêtre étranger, il doit obtenir la permission du fien, ou fe confeffer premierement à lui, & en recevoir l'abfolution.

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Et pour ne pas fouftraire aux églises paroiffiales la devotion qui leur eft due, vous ne ferez point dans vos églifes de fermons à l'heure de la messe, à laquelle les paroiffiens doivent aller dans les leurs, de peur que le peuple ne quitte les paroiffes pour entendre vos fermons. Vous n'irez point non plus prêcher à d'autres paroiffes, fi vous n'y êtes invités par le curé, ou fi vous ne lui en avés humblement demandé la permission. Et pour rendre aux évêques l'honneur qui leur eft dû, le jour que vêque diocefain, où un autre à sa place, prêchera folemnellement, principalement dans l'église ca

Tome XVII.

Vuu

l'é

thedrale, aucun de vous ne prêchera dans le mêAN. 1254. me lieu, de peur que la prédication trop frequente ne devienne ennuïeufe & méprifable. Que fi en quelque cas permis vous donnez la fepulture en vos églifes aux paroiffiens d'une autre, vous remettrés à l'évêque ou au curé la moitié, le tiers ou le quart de ce que vous aurez reçû à cette occafion, fuivant le decret du pape Gregoire. Cette bulle est datée de Naples le vingt-uniéme de Novembre 1254. Etant adreffée à tous les religieux, elle fuppo fe que quelques-uns ont des cures comme les cha noines reguliers.

cnt[V.

c. S.

LVI.

Anon. ap.

Cependant le nouveau legat du roïaume de SiMort d'Inno- cile, Guillaume cardinal diacre de faint Eustache, étendoit fon authorité d'une maniere qui faifoit diUghell. p.771. re aux partifans de Mainfroi, que ce prélat agissoit non en gouverneur, mais en maître, & que le pape vouloit s'approprier le roïaume, & exterminer la Epift. Manfr. race de l'empereur Frideric. D'ailleurs un feigneur ap. Petr. de vin. nommé Burel, qui avoit quitté Mainfroi pour s'attacher au pape, fut tué par les gens de Mainfroi & affez près de lui, quoique fans fon ordre à ce qu'il prétendoit; mais le pape crût le contraire, & Mainfroi ne fe croyant pas en feureté, s'éloigna du pape qui étoit encore à Capouë, & par des chemins déAnon. p.792. tournés, s'alla jetter dans Nocera, habitée par des Sarrafins qui l'y reçûrent à bras ouverts, le fecond jour de Novembre. Il y trouva de grands trésors, raffembla en peu de tems une armée nombreuse, & comme le legat & l'armée du pape, occupoient Troye & Fogia près de Nocera, une partie des trou1. 801. pes de Mainfroi s'engagea dans un combat qui lui

794.

donna occafion d'entrer dans Fogia le mercredi fecond jour de Decembre 1254. La garnison l'abandonna la nuit fuivante, & en même tems le legat ayant pris l'épouvante, s'enfuit aussi de Troye avec precipitation; ainfi Mainfroi demeura maître de l'une & de l'autre place.

Le legat fe retira à Naples, où il trouva que le pape Innocent IV. étoit mort le feptiéme du même mois de Decembre, après avoir tenu le faint fiege onze ans cinq mois quatorze jours. Il fut enterré dans léglise cathedrale de Naples, & le faint siege ne vaqua que dix-sept jours.

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