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1660, il entra au théâtre du Marais. Cette même année, pendant qu'il était attaché à ce dernier théâtre, ayant eu le malheur, par emportement, de tuer un cocher, il se réfugia en Hollande, où il joua dans la troupe française du prince d'Orange. Là, s'étant chargé d'enlever un réfugié, entreprise dans laquelle il échoua, et ne se trouvant plus en sûreté à l'étranger, Louis XIV, en récompense de la bonne volonté qu'il avait montrée, lui accorda sa grâce. Brécourt alors revint à Paris et rentra au théâtre du Marais.

En juin 1662, il passa dans la troupe de Monsieur, où il était encore le 29 janvier 1664. Ensuite, s'étant brouillé avec Molière, il alla, à Pâques de la même année, au théâtre de l'hôtel de Bourgogne, où il resta jusqu'au commencement de 1674. Alors, il est probable qu'à Pâques de cette dernière année, il le quitta pour aller jouer en Allemagne, puisqu'il y fit imprimer une comédie; et, ce qu'il y a de certain, c'est qu'il n'était plus à l'hôtel de Bourgogne en 1680. En 1682, il entra au théâtre Guénégaud. Mort le 27 février 1685, par suite d'une veine qu'il s'était rompue en jouant le rôle de TIMON dans la pièce de ce nom dont il était l'auteur. Il fit encore six autres comédies que voici: la Feinte Mort de Jodelet, donnée au théâtre du Petit-Bourbon, en 1660; la Noce de village, à l'hôtel de Bourgogne, en 1666; le Jaloux invisible, au même théâtre et la même année; l'Infante Salicoque, mème théâtre, en 1667; l'Ombre de Molière, toujours à ce même théâtre, en 1674; le Régal des Cousins et des Cousines, comédie imprimée à Francfort, en 1674. Timon fut joué au théâtre Guénégaud en 1684.

En 1678, Brécourt, se trouvant à la chasse à Fontainebleau, fut attaqué par un sanglier qui l'atteignit à la botte et le tint pendant quelque temps en échec; il parvint cependant à lui enfoncer son épée dans le corps jusqu'à la garde et le tua raide; Louis XIV, qui était présent, lui fit compliment sur son courage, et, le soir, il raconta cette action devant toute la cour en assurant qu'il n'avait jamais vu donner un aussi vigoureux coup d'épée.

Brécourt fut un très-grand comédien; Louis XIV disait qu'il ferait rire une pierre. Il jouait des rôles de toute sorte, comiques, sérieux, tragiques, tels que: JODELET dans les Précieuses ridicules, 1659; ALAIN dans l'Ecole des Femmes; DORANTE dans la Critique de l'Ecole des Femmes; BRECOURT dans l'Impromptu de Versailles, 14 octobre 1663; PANCRACE dans le Mariage forcé, au Louvre, le 29 janvier 1664; TAXILE dans Alexandre, à l'hôtel de Bourgogne, en décembre 1665; COLIN dans la Noce de village; LE CYNIQUE dans les

Poëtes, sixième entrée du ballet des Muses, à Saint-Germain-enLaye, le 2 décembre 1666; ANAXANDRE dans Laodice, à l'hôtel de Bourgogne, en février 1668; BRITANNICUS, au même théâtre, le 13 décembre 1669; SYLVESTRE dans les Fourberies de Scapin, au théâtre Guénégaud; ANTIOCHUS dans Bérénice de Racine; HARPAGON dans l'Avare; MONSIEUR DE POURCEAUGNAC.

Brécourt était de moyenne taille, bien facé, mais extrêmement pâle; il aimait le jeu, les femmes et le vin; il était très-brave, mais bretteur; enfin il avait épousé Mlle Etienne des Urlis, comédienne du théâtre du Marais, et qui était sœur du comédien des Urlis.

CONJECTURES.

Sur un portrait, il est écrit: Brécourt le père. Sur plusieurs autres portraits d'acteurs, on trouve : Brécourt fils, Mlle Adélaïde de Brécourt aînée, Mlle de Brécourt cadette. Ces indications portent à croire que Brécourt eut un fils et deux parentes de son nom qui embrassèrent la carrière du théâtre; Brécourt fils jouait sous Louis XV.

Dans une comédie de Pellet-Desbarraux, jouée en 1787 à Toulouse, destinée à célébrer le premier passage de Molière dans cette ville, en 1646, l'auteur met en scène plusieurs acteurs de la troupe de Mlle Béjart. Parmi les personnages de la pièce se trouvent: Molière, Madeleine Béjart, Mlle Brécourt, pupille et élève de Molière, Lagrange, jeune premier de la troupe. A-t-il pris les deux derniers noms au hasard, ou bien avait-il des renseignements à leur égard? Ce qu'il y a de certain, c'est que le troisième nom se rapporte à l'hypothèse ci-dessus, et le quatrième avec ce que l'on dira de Lagrange à son article: cet acteur étant mort en 1692, dans un âge assez avancé, pouvait déjà jouer en 1646.

CHATEAUNEUF, le nom s'écrivait Chasteauneuf, acteur de la troupe de Molière, à Lyon en 1653, l'aura sans doute suivie pendant quelque temps; mais, comme il ne figure pas dans les dessins de la pièce de Psyché, jouée à Rouen en 1658, dont on parlera à l'article de Mme Hervé, on peut croire qu'il avait quitté Molière avant cette époque. Toutefois, on le retrouve au théâtre du Palais-Royal en 1664; car on voit, sur le registre du Théâtre-Français de cette année: « Payé à M. Rouan, pour la petite Chateauneuf, 60 livres; à quoi la société s'est engagée. » Cet acteur, qui était gagiste, représenta :

un Patre dans Mélicerte, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1666; LE CAPITAINE DES GARDES dans Amphitryon, le 13 janvier 1668, et, dans Psyché, aux Tuileries en janvier 1671.

CONJECTURES.

En 1688, le concierge du théâtre Guénégaud se nommait Chateauneuf, la femme de ce concierge était et avait été la confidente intime de Mme Molière, déjà dans le temps de son premier mariage; d'où il paraît certain que ce concierge et l'acteur qui nous occupe n'étaient qu'une même personne. Il est de même possible que A. P. P. de Chateauneuf, ancien comédien de M. le Prince, qui fit représenter à Maëstricht, au commencement de 1663, la Feinte Mort de Pancrace, comédie, ait été ce même homme. Enfin, cet acteur fut encore peutètre le même que le comédien de province nommé Chateauneuf, qui avait épousé une fille de Duclos, acteur du théâtre du Marais, et qui fut le père de la célèbre Marie-Anne de Chateauneuf, dite M1le Duclos, rom qu'elle avait pris de son grand-père qui avait eu de la renommée.

CROISAC, gagiste de la troupe de Monsieur, au théâtre du PetitBourbon, dès l'origine, en novembre 1658, fut congédié à Pâques 1659.

DEBRIE (Edme WILQUIN, Sieur), le nom s'écrivait De Brie, d'abord acteur de province, entra dans la troupe de Molière à Lyon, en 1653, et la suivit jusqu'à Paris. En 1658, il fit partie de la troupe de Monsieur, puis de celle du roi. En 1664, il succéda à Duparc dans ses rôles, et, en 1673, après la mort de Molière, il fut du théâtre Guénégaud. Mort le 9 mars 1676, étant encore attaché au théâtre. Il jouait toute sorte de rôles, mais peu importants, tels que: LA RAPIERE dans le Dépit amoureux; ALMANZOR dans les Précieuses ridicules; VILLEBREQUIN dans le Cocu imaginaire; UN COMMISSAIRE dans l'Ecole des Maris, à Vaux, le 12 juin 1661; UN NOTAIRE dans l'Ecole des Femmes; LA RAMEE dans le Festin de Pierre; UN GARDE DE LA MARÉCHAUSSÉE dans le Misanthrope; LOYAL dans le Tartufe, 5 février 1669; UN MAÎTRE D'ARMES dans le Bourgeois Gentilhomme, à Chambord, le 24 octobre 1770; LE DIEU D'UN FLEUVE dans Psyché, aux Tuileries, en janvier 1671; NERINE en 1671, puis SCAPIN, dans

les Fourberies de Scapin; TRISSOTIN dans les Femmes savantes. Suivant un ancien dessin, il aurait encore joué Sosie dans Amphitryon. D'après cinq portraits que l'on a de Debrie, on voit qu'il avait la figure maigre, allongée, le nez très-long et presque droit; il était bretteur, difficile à vivre, et Molière ne l'aimait pas.

DEBRIE (Catherine LECLERC, Madame), dite Mlle Debrie, d'après un auteur du temps, serait née en 1620; mais il semble qu'à ce chiffre on doive ajouter au moins dix ans. Si elle était née en 1620, elle aurait joué jusqu'à l'âge de soixante-cinq ans et serait morte à quatre-vingt-six ans; voilà d'abord denx cas très-rares. Ensuite, l'Ecole des Femmes ayant été donnée en 1662, ce serait à une actrice de quarante-deux ans que Molière aurait confié le rôle d'AGNÈS, ce qui est peu probable. Enfin, on a deux miniatures à l'huile, sur cuivre, de Mme Debrie; dans la première, elle a le visage rond, bouffi et paraît avoir environ vingt-cinq ans; dans la seconde, la figure est allongée et très-maigre, ce qui annonce une femme d'environ cinquante ans; or, on ne peut guère supposer que les miniatures aient été faites avant que Mme Debrie n'ait eu quelque renommée, ni après sa retraite. Comme elle ne stationna qu'aux états du Languedoc, de 1654 à 1657, qu'elle ne vint à Paris qu'en 1659, et qu'elle se retira en 1685, on peut croire que les miniatures sont de 1655 à 1660, et de 1680 à 1685. En retranchant vingt-cinq ans des premières dates et cinquante des secondes, on voit que Mme Debrie a pu naître de 1630 à 1635. Quoi qu'il en soit, elle entra dans la troupe de Molière à Lyon en 1653, en même temps que son mari, Edme Wilquin, sieur Debrie, et ils ne la quittèrent plus.

Après la mort de Molière, en 1673, Mme Debrie fut de l'établissement du théâtre Guénégaud, conservée à la réunion des théâtres du 25 août 1680, et reçut l'ordre de sa retraite le 19 juin 1684; néanmoins, il paraît qu'elle joua jusqu'au 14 avril 1685. Morte le 19 novembre 1706; elle avait eu un enfant le 17 octobre 1659.

Mme Debrie était très-jolie, grande, bien faite et conserva longtemps un air de jeunesse; dans l'âge mûr, elle était devenue trèsmaigre, un squelette, dit-on. D'après trois miniatures à l'huile sur cuivre, à des âges très-différents, on voit qu'elle clignait un peu de l'œil gauche. Elle remplissait, au théâtre, les principaux rôles de jeunes femmes dans le tragique et dans le haut comique, avec un grand talent, tels que: CÉLIE dans l'Etourdi; LUCILE dans le Dépit amou

reux; MADELON dans les Précieuses ridicules; LA FEMME DE SGANARELLE dans le Cocu imaginaire; ISABELLE dans l'Ecole des Maris, à Vaux, le 12 juin 1661; CLIMÈNE dans les Fâcheux, à Vaux, le 16 août 1661; AGNÈS dans l'Ecole des Femmes, et elle conserva ce rôle, à la demande du public, jusqu'à sa retraite, 1685; URANIE dans la Critique de l'Ecole des Femmes; MADEMOISELE DEBRIE, dans l'Impromptu de Versailles, le 14 octobre 1663; UNE BOHÉMIENNE dans le Mariage forcé, au Louvre, le 29 janvier 1664; LE SIÈCLE D'AIRAIN dans les Plaisirs de l'Ile enchantée, à Versailles, le 7 mai 1664; CYNTHIE dans la Princesse d'Elide, à Versailles, le 8 mai 1664; CÉLIE dans les Plaisirs de l'Ile enchantée, à Versailles, le 9 mai 1664; ANTIGONE dans la Thébaïde de Racine, 20 juin 1664; MATHURINE dans le Festin de Pierre; ELIANTE dans le Misanthrope; IRIS dans la pastorale du Ballet des Muses; DAPHNE dans Mélicerte, et ISIDORE dans le Sicilien, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1666; MIRIS dans la Veuve à la mode, 9 mai 1667; DÉLIE le 25 octobre 1667; CLAUDINE dans Georges Dandin, à Versailles, le 18 juillet 1668; MARIANNE dans l'Avare; MARIANNE dans le Tartufe, 5 février 1669; DORIMÈNE dans le Bourgeois gentilhomme, à Chambord, le 14 octobre 1670; PLAUTINE dans Bérénice de P. Corneille, 28 novembre 1670; VÉNUS dans Psyché, aux Tuileries, en janvier 1671; HYACINTHE dans les Fourberies de Scapin; UNE NYMPHE dans la pastorale de la Comtesse d'Escarbagnas, à Saint-Germain-en-Laye, le 2 décembre 1671; ARMANDE le 11 mars 1672, puis HENRIETTE, dans les Femmes savantes; LA COMTESSE, dans l'Inconnu de Th. Corneille, en 1675; AMINTHE dans le Triomphe des Dames, 7 août 1676; enfin, d'après un vieux dessin, elle aurait représenté NERINE dans Monsieur de Pourceaugnac.

DUCROISY (Philbert GASSAUD, sieur), le nom s'écrivait Du Croisy, gentilhomme de Beauce, fut d'abord directeur d'une troupe de province. En 1658, se trouvant à Rouen, il réunit momentanément sa troupe à celle de Molière qui lui avait détourné son public: Molière avait un personnel suffisant et avait la vogue; en se chargeant, sur la prière de Ducroisy, de la troupe de ce dernier, il donna une grande preuve de la bonté de son cœur. A Pâques 1659, Ducroisy entra personnellement dans la troupe de Molière, au théâtre du PetitBourbon, et ne la quitta plus. Les frères Parfaict supposent, d'après M. de Tralage, que Ducroisy serait déjà entré dans la troupe de Molière à Lyon, en 1653-1655, mais ils ne dis pas le temps qu'il y resta,

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