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fincérité de l'amour avec lequel je fuis,,

MADEMOISELLE,

Votre, &c.

Lettre d'un riche Partifan à fa Maitreffe. 'Ai aimé bien des fois en ma vie

Madame, mais je n'ai rien aimé tant que vous. Ce qui me le fait croire, c'eft que je n'ai donné jufqu'à prefent à chacune de mes Maîtreffes, que cent piftoles pour leurs menus plaifirs; & pour les vôtres, j'irai jufqu'à mille. Faites réflexion là deffus, je vous en conjure, & fongez que l'argent eft plus rare qu'il n'a jamais été. Quoiqu'il en foit, rien ne m'empêchera de vous donner des marques de l'amitié que j'ai pour vous, puifque je fuis,

MADAME,

Votre, &c.

Réponse de la Maîtresse.

E m'étois déja apperçue dans les converfations que j'ai eûes avec vous, que vous aviez beaucoup d'efprit ; mais je ne fçavois pas que vous écriviffiez fi galam-ment. Je n'ai rien vû de fi joli que votre Billet, & je ferai ravie d'en recevoir fouvent de femblables; & cependant j'aurai bien de la joie de vous entretenir à la premiere occafion. Je suis toujours,

MONSIEUR,

Votre, &c.

Lettre d'une Dame veuve, pour faire fçavoir la mort de fon mari.

MONSIEUR,

C

Ette Lettre toute funefte, ne vous parlera que de mort, en vous annonçant celle de mon mari. Pardonnezmoi fi je ne vous en dis pas davantage. la plume me tombe des mains, mes larmes effacent ce que j'écris, & je fuis la plus affligée perfonne du monde.

Lettre de confolation d'un mari à fa femme, fur la mort de leur fils aîné.

MA FEMME..

CE

'Eft avec un extrême regret qu'il faut que je trouble aujourd'hui votre repos, par des nouvelles qui d'abord pourroient porter votre conftance jufqu'à l'extrémité, fi elle n'étoit appuyée de votre réfignation à la volonté de Dieu. Mais comme vous êtes toujours difpofée à fuivre les loix de fa providence, c'eft ce qui m'a déterminé à vous écrire, pour vouss faire fçavoir que la mort a enlevé de ce monde notre fils aîné. Cet accident, quel que étrange qu'il foit, ne vous doit pas furprendre jufques au point de vous fairemurmurer contre elle. Il faut qu'à mon exemple votre raifon y réfifte, & qu'après avoir répandu les larmes que cette:

de mere tirera de votre fein, vous ez en les effuyant, la main toutefante qui a fait le coup, afin qu'elle de redouble pas fes atteintes, en vous privant encore de la confolation qui nous refte. Ne croyez pas que je demeure infenfible à ce malheur, il m'a touché vivement, & d'autant plus que je me fuis vû contraint de le partager avec vous. Mais puifque Dieu nous a destinez à cette affliction, nous devons témoigner par la modération de nos plaintes, qu'il n'y a point d'excès en fon châtiment, & que nous fommes trop heureux encore au milieu de notre infortune, de nous pouvoir confoler dans les enfans qui nous reftent, de celui que nous avons perdu Je vous laiffe la penfée de toutes ces confidérations, après vous avoir affuré que je fuis toujours,

MA FEMME, Votre très-fidéle Mari.

Lettre de confolation à Madame...fur las mort de fon mari.

MADAME

fa.

E reffens mille fois plus vivement que je ne puis vous l'exprimer, le coup tal dont vous avez été frappée : votre douleur eft fi jufte, qu'il n'y a perfonne qui la puiffe condamner. Vous avez per

du un époux qui vous chériffoit d'une af fection égale à celle que vous aviez pour lui: vous l'avez perdu d'une maniere qui doit, ce me femble, augmenter votre chagrin, puifque c'eft après une longue abfence. Mais, Madame, votre confolation doit être bien grande d'avoir appris les fentimens dans lefquels il eft mort, & de quelle maniere il a rempli le peu de tems que Dieu lui a accordé entre fa bleffure & la fin de fa vie: vous avez été après lui l'unique objet qui l'ait occupé dans fes derniers momens. Si vous pouyiez, Madame, vous confoler du côté de la gloire; il en a acquis une immortelle par fon courage héroïque, & par les fervices fignalez qu'il a rendus à fon Prince & à fa Patrie. L'éloge que le Roi a fait de fes vertus, nous a fait voir à quel point il l'eftimoit, & quelle fortune il en devoit attendre: mais le Seigneur a pris foin de lui en donner une plus éclatante: & qui n'a rien à craindre de la viciffitude à Taquelle le monde eft fujet. Uniffons nos douleurs, puifque je n'ai pas moins perdu que vous les fervices que j'en ai reçûs, me rendront éternellement attaché à fa mémoire, & à ce qu'il chériffoit le plus. Je fuis,

MADAME,

Votre, &c.

REPONSE.

J

MONSIEUR,

E vous fuis fenfiblement obligée des foins que vous prenez pour me confoler de la perte que j'ai faite : elle est fi grande, qu'à peine ma vie fuffira-t-elle à mes larmes. Ce ne font point les honneurs que je regrette, ni la faveur dont le Roi honoroit mon époux : ces chofes quoique très confidérables, ne me font pas fi cheres que m'étoit fa perfonne ; je n'ai jamais envisagé que la bonté de fon cœur & de fon efprit, vous en avez été témoin, auffi-bien que de l'extrême tendreffe qu'il avoit pour moi. le Seigneur m'a punie bien fenfiblement en me privant d'un mari à qui j'étois fi attachée. Je fçais qu'il faut adorer fon bras toutpuiffant, lors même qu'il eft le plus appéfanti fur nous. Ainfi je laiffe à la Providence le foin de mes enfans, ne m'en fentant plus capable en l'état où je fuis; elle ne les abandonnera pas, après les avoir privez de ce qui après elle étoit leur foutien. Demandez-lui pour moi les fecours néceffaires pour faire un bon ufage de mon affliction, & croyez que je n'oublierai de ma vie toutes vos bontés.Je fuis, Votre, &c.

MONSIEUR,

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