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ne font point éternelles. Il fuffit pour vous confoler, que la foi vous ait appris. que ces fortes de pertes font des gains effectifs, que les voies les plus courtes & les plus affurées pour retourner à Dieu, quand on a eu le malheur de s'en séparer, font celles-là, & que rien ne vous peut marquer avec plus d'évidence l'applica tion de fa miféricorde fur vous, que le foin qu'il prend de vous humilier lui-même, & de vous faire envifager toutes les extrémités d'un état auquel vous n'eussież pas eu le courage de penfer, quelque envie que vous ayez de faire pénitence. Celles que Dieu vous impofe de fon choix ne font point fufpectes, ni fujettes aux inconvéniens qui les rendent très-fouvent inutiles, je veux dire cet amour-propre qui fe rencontre par tout, & qui d'ordinaire corrompt la pureté & le mérite des actions les meilleures & les plus fain. tes. La pénitence qui n'eft que la conformité de notre cœur à celui de Dieu, demande une totale abnégation de nousmêmes; elle ne confifte pas feulement à pleurer, mais à pleurer ce que Dieu veut que nous pleurions; & fil'on y prend garde, nos inclinations naturelles n'ont guéres moins de part à nos pénitences, qu'elles en ont eu aux déreglemens de notre vie on s'y recherches on s'y re

L

par

trouve; on s'y propofe de certaines confolations qui font toutes humaines; & c'est ce qui fait qu'il y en a fi peu de véritables au difcernement de Dieu, qui eftime les chofes par leur vérité & non par leur apparence, ni les noms que les hommes leur donnent. Enfin Madame, vous cherchez depuis longtems des moyens de plaire à Dieu, & de vous fanctifier, il vous en prefente d'indubitables, c'eft à vous d'en faire un faint ufage, & à recevoir la difgrace qu'il vous envoye comme un calice de bénédiction, quelque amertume que vous y fentiez; Si vous avez la pensée de la fevérité de fa juftice, vous n'aurez par celle de vous plaindre, & vos peines vous paroîtront legeres toutes les fois que yous les mettrez auprès de vos pechés, & au moins elles ne fçauroient être longues, puifque l'éternité eft proche, & qu'il arrive fouvent que Dieu, comme un bon pere, effuie même dans le tems les larmes qu'il fait verfer à fes Elus. Nous le prierons, Madame, qu'il vous donne toute la protection dont vous avez befoin, & qu'il regle tellement tous les mouvemens de votre cœur, qu'il ne lui en échappe pas un feul qui vous tire de cette entiere dépendance dans laquelle Yous devez être à l'égard de fes volontés.

Faites-moi la grace de croire que l'on ne sçauroit être avec plus de vérité & de refpect que je fuis,

MADAME,

Votre, &c..

Lettre à Monfieur ***.

Sur le peu de cas que l'on doit faire des fortu nes de ce monde.

J

MONSIEUR,

T

'Avois réfolu de n'écrire à qui que ce foit de ma vie pour des profpérités temporelles, étant perfuadé comme je le fuis , que le monde n'a rien d'affez grand pour faire naître un feul défir, ni caufer un inftant de joye dans le cœur de ceux qui vivent dans la foi, & dans l'attente des chofes éternelles. Cependant, Monfeur, quoique je n'aye point changé de fentiment, j'ai été contraint de changer de conduite, ayant appris la difpofition de la divine Providence fur la perfonne de Monfieur votre fils, & je vous avoue qu'il y a long-tems qu'il ne s'eft rien paffé qui m'ait touché d'une maniere plus fenfible. Je vous le déclare d'autant plus vo lontiers que je fuis affuré de m'être rencontré dans la plupart de vos pensées, n'ayant eu en cela ni de vûë, ni de con

fidérations humaines, & n'y ayant rien ́ regardé que ce que le détachement dans lequel Dieu veut que je fois, ne m'a point défendu de voir & de reffentir. J'ai toujours plaint ceux de mes amis que j'ai vû dans les engagemens du monde, j'en ai confideré pour eux les biens & les fortu nes comme des piéges: mais j'ai reconnų de tout tems dans Monfieur votre fils une vertu fi folide, tant de fageffe & de modération, qu'il y a tout fujet d'efpérer que ce qui eft aux autres un écueil prefque inévitable, aura pour lui des fuites de bénédiction. Quelque part que j'y prenne, je ne lui en dirai rien, & je me contenterai de demander à Dieu qu'il lui donne tout le fecours qui lui eft néceffaire. Pour vous, Monfieur, je vous fupplie de croire que l'on ne fçauroit entrer plus avant, ni avec plus de fenfibilité que je fais, dans tout ce qui vous touche, & je ne puis me laffer d'admirer la bonté de Dieu, qui femble vous avoir conduit dans un âge fi avancé pour vous donner la confolation de voir prefque dans un même tems des avantages fi confidérables en toutes manieres pour l'établiffeinent de votre maifon. Dieu accorde quelquefois ces fortes de faveurs à la fidélité de ceux qui le fervent. Vous êtes fans doute de ce nombre, Monfieur &je ne doute!

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point qu'en cela même il ne vous ait paru bien des raifons de vous unir encore plus étroitement à fon fervice, en vous détachant de plus en plus des chofes dont il faut vous féparer un jour. Je prie Dieu qu'il vous comble de gloire en l'autre vie, après vous avoir rempli de graces & de bénédictions en celle-ci. Je fuis,

MONSIEUR,

Votre, &c.

A une jeune Veuve, fur la mort de fon fils unique.

S

MADAME,

'Il y a douleur raisonnable au monde, c'est la vôtre. Après avoir perdu un époux que vous aimiez autant qu'il le méritoit, le Seigneur vous enleve encore le feul gage qu'il vous avoit laiffé de fon amour. Ce cher enfant faifoit toute votre confolation, vous voyez, vous embraf fiez en lui une image vivante de votre époux; outre qu'il en avoit les traits, on remarquoit déja qu'il avoit hérité de fon efprit & de fes nobles inclinations; enfin on avoit tout lieu d'efpérer qu'il lui reffembleroit un jour parfaitement, & qu'il feroit revivre fon nom avec éclat. Mais toutes ces espérances font évanouies, & Dieu l'a appellé à un état plus heureux.

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