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J

Lettre familiere de confolation.

MONSIEUR,

je

E n'entreprens point de vous guérir, je me contente de vous dire que fouffre avec vous, & que vos douleurs me font auffi fenfibles que les miennes. Vous avez la confolation d'entendre dire partout que l'homme que vous regrettez, eft mort en Héros; mais c'eft cela même qui vous oblige à le regretter davantage: ce qui augmente la gloire qu'il s'étoit acquife, augmente aufli la perte que vous avez faite, & une moindre valeur vous donneroit moins d'affliction. Il faut néanmoins, Monfieur, que vous écoutiez la raifon; & que vous fongiez que la mort eft une fuite néceffaire de la naissance. J'avoue que votre ami a cessé de vivre plûtôt que vous ne penfiez. En êtes-vous furpris? Le monde ne voit-il pas tous les jours de femblables malheurs? Je fuis en peine de notre ami que vous appellez le fage malade, la fageffe n'eft pas plus privilégiée que la valeur. Je voudrois bien fçavoir fi le Médeein Anglois va le tirer d'affaires, comme on me l'a dit. Ecrivez-le moi, je vous prie, & me croyez, &c.

Lettre de juftification..

MONSIEUR,

E fuis homme d'honneur, & je ne fuis pas fans jugement; mais je n'aurois ni jugement ni honneur, fi j'avois fait ce qu'on vous a rapporté de moi. Ce rapport eft très mal fondé, vous en ferez bientôt éclairci par les fuites. Alors vous. aurez regret de vous être fi légérement, laiffé furprendre à la calomnie, & d'avoirpû foupçonner qu'un honnête homme foir capable de s'oublier lui-même, & de ceffcr un moment d'être honnête homme. Je crois que mes amis ont bonne opinion de ma probité, car mes ennemis Font malgré qu'il en ayent, & ils font bien éloignez de croire ces chofes, puifque ce font eux qui les inventent. Je fuis, &c.

Lettre d'avis & de reconnoiffance.

E viens, Mon cher Coufin, de rece

JE

voir vos Lettres, qui m'ont donné quelque confolation, car je fuis accablée de tristesse; j'ai vû mourir depuis dix: jours mon cher Oncle. Vous fçavez ce qu'il étoit pour la chere Niéce. Il n'y a

point de bien qu'il ne m'ait fait, foit ent me donnant fon bien tout à-fait, foit en confervant & en rétabliffant celui de mes enfans. Il m'a tirée de l'abîme où j'étois à la mort de M. de ***; il a gagné des procès, il a mis toutes mes terres en bon état, il a payé nos dettes; il a fait la terre où demeure mon fils, la plus jolie & la plus agréable du monde ; il a marié mes enfans. En un mot, c'eft à fes foins continuels que je dois la paix & le repos de ma vie. Vous.comprenez bien que de fi fenfibles obligations & une fi longue ha bitude font fouffrir une cruelle peine, quand il eft queftion de fe féparer pour jamais. La perte qu'on fait des vieilles gens n'empêche pas qu'elle ne foit fenfible, quand on a de grandes raifons de les aimer, & qu'on les a toujours vûs. Mon cher Oncle avoit quatre-vingt ans :: il étoit accablé de la péfanteur de cet âge,

il étoit infirme & trifte de fon état ; la vie n'étoit plus qu'un fardeau pour lui. Qu'eût-on donc voulu lui fouhaiter? Une continuation de fouffrances ? Ce font ces refléxions qui ont aidé à me faire prendre patience. Sa maladie a été d'un homme de trente ans. Une fiévre continue, une fluxion fur la poitrine, en. fept jours il a fini fa longue & honorable vie avec des fentimens de piété, de pénitence & d'as

mour de Dieu, qui nous font efpérer fa miféricorde pour lui. Voilà, mon cher Coufin, ce qui m'a occupée & affligée depuis quinze jours. Je fuit pénétrée de douleur & de reconnoiffance. Nos cœurs ne font point ingrats; je me fouviens de tout ce que la reconnoiffance & l'amitié vous fit penfer & écrire fur le mérite & fur les qualités de M. de S.... Nous fommes bien loin d'oublier ceux à qui nous fommes obligez. J'embraffe ma Niéce, je la plains des maux qu'elle a eûs, & je l'exhorte autant qu'il eft eu moi, à fe bien porter; car après le falut, je mets la fanté au premier rang, & je prie Dieu qu'il vous conferve tous deux. Il me femble que c'eft fouhaiter en même tems que vous m'aimiez longues années; car je m'imagine que nous ne nous aviferons jamais de mettre à nos amitiez d'autres bornes que celles de nos jours.

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blement, & le peu de liaifon qu'il y avoit entre lui & moi, vous doit empêcher de croire qu'il y ait autre chofe que votre

douleur qui m'afflige. Le fang & votre vie que vous avez paffée avec M. votre Oncle, ne fçauroient vous rendre fa perte plus fenfible qu'à moi celle de mon cher ami S... par les grandes & fréquentes obligations que je lui ai eûes toute ma vie: Dieu leur faffe miféricorde, & je n'en doute pas; car l'Abbé de .... étoit un homme de bien, & le Duc de .... avoit beaucoup de réligion. Votre Niéce a tellement pris à cœur les affaires de fes Terres, qu'elle s'en eft incommodée: elle a une fluction fur un œil pour avoir lû trop de vieux titres. Cela l'empêche de vous témoigner elle-même la part qu'elle prend à votre affliction; mais: je vous affure qu'elle y eft auffi fenfible que moi. Vous avez raison, ma chere Coufine, de croire que nous nous aimerons toujours, nous ne fçaurions mieux faire.

Lettre de Recommandation.

MONSIEUR,

Os audiences du matin & de l'apref

Vdinée font toujours fi chargées de

monde, que quand on vous va trouver dans ces tems-là, cela s'appelle vous voir fans. vous voir, & vous parler fans vous

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