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wolablement l'amitié qui eft entre nous ; difant qu'il n'y aura jamais ni distance de: leux, ni durée de tems qui l'efface de no tre cœur; que nous efpérons la faire panoître plutôt par effets que par paroles, & que nous nous promettons la même chofe d'eux, à qui nous fouhaitons toutes fortes de profpérités.

Lettres de Félicitation.

On écrit des Lettres de Félicitation à fess amis, pour se réjouir avec eux de quelque bien qui leur eft arrivé, comme d'une Charge ou Dignité à laquelle ils ont été élevés, de la guérifon d'une mala lie, dur gain d'un procès, &c. De cette diverfité de fujets qui demanderoient chacun des regles particulieres, il arrive qu'il eft dif ficile d'en donner qui conviennent également à tous. Ce que l'on peut donc propofer en général, c'eft d'obferver qu'il faut d'abord marquer la joye qu'on reffent du bonheur de fon ami, difant que nous y.prenons une auffi grande part, que s'il nous étoit arrivé à nous-mêmes; que no tre ancienne amitié, ou les liaifons de famille nous y obligent; que même le Public s'en réjouit, voyant les gens de bien & d'honneur élevés

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Si c'eft pour féliciter fon ami, de ce qu'il eft échapé d'un péril, on peut inférer.

en ces Lettres; Que Dieu a vu qu'il étoit encore utile à fa famille & au Public, & qu'il l'a confervé pour leur fervice, ou bien que Dieu qui a des vûës de miféricorde fur lui, ne l'a point voulu retirer du monde, fans lui donner le tems de penfer à fa conscience.

Lettres de Confolàtion:

Les Lettres de Confolation fervent à adou eir les maux & les adverfités de nos amis qui étant diverses, ne peuvent être guéries d'un même remede. En général, fi le mal n'eft pas grand, il faut leur dire qu'ils n'ont pas fujet de fe tant attrifter, que la chofe ne le mérite point; qu'ils doivent montrer plus de courage, qu'ils font tors à leur réputation. On peut auffi leur re préfenter que leur mal ne fera pas de lon gue durée, & leur faire envisager la joya qu'ils reffentiront lorfqu'ils en feront défivrez. Mais fi quelque grand malheur eft arrivé à votre ami, il faut dire qu'on a été fort touché de fon affliction, & que com me nous y prenons beaucoup de part;.. nous fommes moins propres à l'en.confo fêr; qu'à nous en affliger avec lui: néan moins puifque notre parenté, notre ami tié, ou les obligations que nous lui avons demandent que nous tâchions à le confo ler dans fa douleur, nous avons voulu.c

fayer de le faire que nous ne pouvons difconvenir qu'il n'ait un jufte fujet de douleur, ayant fait une fi grande perte, comme d'un mari, d'une femme, d'un pere ou d'une mere, &c. Qu'à la vérité, cet accident abattroit un moindre courage que le fien; mais que nous fommes affurés qu'il ne fe laiffera point furmonter par une douleur inutile: qu'il n'eft pas raisonnable que la nature change fon cours pour lui, & l'exempte d'obéir aux Loix aufquel les tout le monde eft fujet : que la Réligion l'oblige à fe foumettre fans murmure à la volonté de Dieu. Que cette affliction à la vérité eft bien fenfible, mais qu'elle tournera à fon avantage, s'il la fçait pren dre avec patience: que Dieu qui trouve des remédes où il femble qu'il n'y en ait point, la convertira en joye après l'avoir éprou vé: que tant de gens à qui de pareils mal heurs font arrivés, s'y font montrés courageux, particulierement tels & tels qui lui font plus connus. Que nous prions Dieu qu'il le confole & le comble de fes graces. Lettres de Remerciment;

On écrit des Lettres de Remerciment ceux dont on a reçû quelque bienfait. Ordinairement on les commence par le fouwenir du bienfait qu'on a reçu, puis on fe Fexagere, pour montrer qu'on en connoît

bien la valeur, ajoûtant que nous n'em étions pas dignes, n'ayant jamais donné fujet à notre ami de nous faire une telle faveur ; ou que fi nous lui avons fait quelque plaifir, il nous l'a rendu au double; que la grace qu'il nous a faite, eft d'autant plus grande, que nous en avions plus de befoin ; qu'il nous a généreusement fecourus dans un tems où nous étions abandonnez de tout le monde; qu'il nous as défendus par fon crédit ; qu'il nous a ouvert fa bourse en nos plus preffans befoins; qu'il s'eft mis en danger, ou s'eft exposé à la haine d'autrui pour nous tirer de peine.. Si le bienfait reçu eft fi grand, que nous n'ayons pas le pouvoir de le reconnoîtredignement, nous dirons que nous prions> Dieu d'en vouloir être la récompenfe nous promettrons d'en conferver toujours le fouvenir gravé au fond de notre cœur,& de témoigner par toutes fortes d'actions,. le vif reffentiment que nous en avons. Nous pourrons nous fervir du même com. pliment, fi la perfonne qui nous a fait plaifir, eft de qualité fi relevée que nous ne puiffions lui offrir d'autres preuves de notre reconnoiffance, que des actions de grace.

Lettres de Railleries.

Les Lettres de Railleries n'ont lieu qu'entre les plus familiers amis: on n'en peut

donner de préceptes, parce que c'eft le naturel qui y contribue le plus, & qu'en le voulant contraindre, on fe met en dan ger de commettre de grandes impertinences. Que la raillerie fur tout, fion en veut ufer, foit fine & délicate, qu'elle n'offenfe point celui à qui on écrit, ni aucune autre perfonne de confidération ; ik y a des indifcrets qui aiment mieux perdre un ami qu'un bon mot ; on doit bien prendre garde de leur reffembler. I.es circonftances des perfonnes & des chofes dont on veut railler, apprendront aifément à celui qui eft attentif, comment it s'y doit comporter. It eft encore à remar→ quer que les railleries ne fe mettent ordi> nairement dans les Lettres, que pour les rendres plus vives & plus enjoüées.

Lettres mêlées.

Les Lettres mêlées qui traitent de diver fes matieres, foit d'affaires, foit de complimens, ne font point une nouvelle forte de Lettre. Elles font les plus communes de toutes; car il arrive rarement qu'on écrive des Lettres qui ne roulent que fur un fujet : ainfi les Lettres d'affaires fe commencent ou finiffent d'ordinaire par des complimens. Il n'eft donc pas néceffaire d'en donner des regles particulieres 5 celui qui fçait bien dreffer des Lettres

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