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parler. Pour moi qui n'en mérite pas d'autres plus particulieres, je prens le parti de vous écrire. Une perfonne de mérite, & qui a l'avantage d'être affez. connuë de vous, a besoin d'un emploi; cette perfonne a fervi le Roi également bien dans la plume & dans l'épée; je crois que vous en pouvez donner dans tous les deux exercices. La perfonne pour qui je parle, eft chargée d'une grande famille, & de plus eft un honnête homme : je penfe que ces deux motifs. feront affez forts pour vous faire agir en fa faveur vous à qui il fuffit de faire naître l'occafion d'obliger, & qui en avez l'inclination auffi bien que le pouvoir: Comme je fçai que vos grandes occupations pourroient empêcher que vous ne m'honoraf fiez d'un mot de réponse, je ne manquerai pas de l'aller fçavoir chez vous, & de ous affurer que je fuis,

M.QNSIEUR,

Votre, &c.

A Madame *** en lui envoyant le portrait de M. l'Abbé de.

EN

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vérité, heureufe d'avoir un Oncle tel que Monfieur l'Abbé de ***. Jamais vertu ne fut plus aimable que la fienne. Encore

MA'DA vous êtes

qu'elle ne fe fente point de nos infirmitez, elle s'y accommode parfaitement. Cet homme admirable a une averfion extrême pour toutes fortes de vices; & cependant il ne regarde qu'avec pitié les perfonnes qui ont le malheur d'y tomber. Il ne fe pardonne rien, & il eft indulgent à la plupart des fautes qu'il voit commettre. Enfin, Madame, il donne des rofes & garde les épines, il n'eft auftere que pour lui feul, & il a une douceur charmante pour tout le monde. C'est par-là qu'il fait aimer la vertu, & qu'il corrige tous ceux qui le voyent fans le reprendre. Je pense que vous ne ferez pas fâchée de m'avoir demandé mon fentiment fur une chofe dont peu de gens vous peuvent mieux rendre compte que moi, & je puis même vous affurer, que perfonne ne prend plus d'intérêt que moi en tout ce qui regarde votre maifon. Je fuis, &c.

A Monfieur de *** en lui envoyant le por trait de Madame la Marquife de.....

Ous voulez donc, MONSIEUR, que je vous faffe connoître Madame ia Marquife de *** avant que vous l'alliez voir à fa maifon de campagne. C'est une perfonne d'une beauté charmante, & d'un mérite extraordinaire. Elle reçoit peu de

vifites, dont bien des gens enragent dans l'ame; mais elle eft fi révérée, qu'on n'ofe murmurer tout haut du tems qu'elle fe donne à elle feule. Voulez-vous que j'emprunte l'expreffion d'un fameux Auteur? C'est une lumiere qui fuit les yeux & qui cherche l'obfcurité. Ceux qui vous ont louié les agrémens de sa conversation, n'ont pû parler que par conjecture. Ils ont été bien aifes de fe faire honneur, en vous laiffant juger qu'ils voyoient quelquefois une perfonne fi accomplie. Vous allez goûter avec tant de joye le privilége que je vous ai fait accorder, que je suis réso, lu de ne vous voir de quinze jours pour n'être pas accablé des remercimens que vous me feriez dans les premiers tranf ports de votre reconnoillance. Pour ce qui regarde Mademoiselle de Sc. tout ce qu'on vous en a dit, eft encore au defous de ce que l'on vous en pouvoit dire. Je fuis tellement à elle, & j'en ai donné fi fouvent des témoignages publics & particuliers, que je confens que vous rejettiez mes fentimens comme un peu sufpects. Mais que direz-vous des lcüanges que lui donnent deux hommes qui en méritent tant eux-mêmes? Voici de quelle maniere ils en parlent en propofant de faire un voyage en Italie.

« Ne vous femble-t'il pas que Made

moifelle de Sc. y devroit venir auffi, » afin de ne rien regretter de tout ce que » nous laifferions derriere nous, & de ne

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plus tourner la tête vers les lieux que »nous quitterions. Cette admirable fille ne fe déplairoit pas au Pays de Lucre

ce & de Virginie. Elle feroit digne de "Rome, & Rome digne d'elle, fi Rome » étoit encore ce qu'elle fut autrefois. » Apprenez-moi, je vous prie, où cette » rare perfonne s'eft formé l'ame, l'efprit & le cœur? N'y a-t'il point d'incompa tibilité à être fi vertueufe, fi fpirituelle, » fi fincere & fi modefte tout ensemble? » Les Sciences lui ont-elles été revélées ? Comment fçait-elle fans étudier, ce que les hommes les plus doctes fçavent » à peine après avoir étudié toute leur vie? Que vous êtes heureux d'avoir une telle amie! Que je ferois heureux, fi j'étois » affez honnête homme pour prétendre à une fi grande gloire, & au bonheur de » voir tous les jours une perfonne fi ad» mirable! Si je n'ai l'avantage de la voir » & de l'entendre, faites en forte que j'aye

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quelque part en fon amitié. Je ne pré» tens pas en avoir autant que vous en fon eftime, quoique je lui aie voué toute la mienne. C'eft un honneur trop » relevé pour un malheureux qui ne fe » croit plus dans le monde, & qui n'a pas

» la vanité de vouloir partager également » avec vous un bien que vous devez pof>> féder entierement. Il me fuffira, &c. " Vous voyez bien, mon cher Monfieur, que c'eft Balzac qui parle, & vous jugez aifément de la difference qu'il y a du témoignage de ce grand homme, à ce que pourroit dire votre très humble ferviteur. Je ne vous rapporte pas même tout ce que ce fameux Auteur ajoûte à ce que je viens de citer. Mais il faut que vous voyez de quelle maniere il finit une Lettre fi longue. « Je ne puis m'épuifer en vous » parlant d'elle ; & la plume qui me tom» be des mains fur tous les autres fujets, bien fecondé les mouvemens de mon » cœur, qui l'ont fait agir fi long-tems. »

» a

Lettre de M. le Marquis de R... à M. le Comte de R... fur le caractere & les quaLitez spécifiques d'un honnête homme

MONSIEUR,

E fuis bien aife que vous ayez une fort grande envie de fçavoir précisément ce que c'eft qu'un parfaitement honnête homme cela me fait espérer que vous fouhaitez de le devenir, & que vous y parviendrez. Je vous communiquerai fur cela mes lumieres avec beaucoup de joye.

Et

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