ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

perfonnes impolies, ont je ne fçai quoi qui déplaît; leurs paroles font défobli geantes ou mal affaifonnées. La véritablepoliteffe eft une fuite d'un efprit bien fait qui fe poffede, & qui eft le maître de fes fentimens & de fes paroles: rien ne contribue davantage aux charmes & à la douceur de la fociété civile. Elle nous. apprend à fupporter les foibleffes & les contre-tems des perfonnes avec qui nous vivons, leurs bizarreries & leurs caprices; à entrer avec adreffe dans leurs fentimens pour les ramener à la raifon. C'est une marque de politeffe que de refufer les honneurs que l'on veut vous faire, au préjudice des autres qui pourroient en avoir de la jaloufie, & s'en formalifer. En cela néanmoins comme en toute autre chofe, il faut éviter une trop grande affectation. On fe rend incommode à difputer long-tems à une porte pour fçavoir qui paffera le premier. Mettez-vous fans. façon à la place que l'on vous préfente, & qui vous eft dûë par votre naissance, Votre âge & vos emplois. Il eft rare de trouver ensemble toutes les qualitez qui entrent dans le caractere de politeffe. Il ne fuffit pas d'avoir du mérite, il contribuë quelquefois à faire moins eftimer les gens quand ils s'en font trop accroire, & que l'on remarque en eux une vanité

ridicule au lieu que la politeffe rend le mérite agréable, & le fait aimer. Je fuis, Monfieur, Votre, &c.

Lettre à Monfieur *** fur la fausse
Politeffe...

Onfieur, on y eft tous les jours

M trompé, on croit être en fociété

avec des perfonnes véritablement polies, qui n'ont que les déhors & l'écorce de la politeffe; elle n'eft que fuperficielle & empruntée. Ces fortes de gens ne fe fou tiennent pas dans un commerce de longue haleine; pour peu qu'on les pratique, on connoît aifément l'hypocrifie de cette fauffe politeffe. Ils font doux & complaifans, pourvû qu'on leur applaudiffe & qu'on les flatte fans ceffe, qu'on leur accorde tout ce qu'ils défirent, & qu'on ait pour eux des ménagemens con tinuels; on les prendroit pour des modéles de politeffe. Mais fi l'on vient à les bleffer ou à les contredire en quelque chofe, au moindre chagrin qu'on leur donne, pour une révérence que l'on aura oublié de leur faire, ils fe plaignent, ils grondent, ils s'impatientent, ils en viennent jufqu'aux injures, & difent cent impertinences. Ces inégalitez bizarres les font regarder avec mépris. De quoi fert

d'affecter de faire le doucereux, d'offrir L tous venans de leur rendre de bons offices, de fatiguer le monde par de ftériles embraffades qui n'ont jamais aucun effet? C'eft fe tromper, que de fe-croire véritablement poli quand on n'a que cette pa liteffe extérieure & fuperficielle. La plû-part des hommes fe contentent de fauver lés apparences: toute leur politeffe con-fifte en mines, dans un fourire gracieux, un panchement de tête affecté; mais lesOccafions qui fe préfentent, les contradictions ou l'intérêt font bientôt connoî. tre le faux de cette politeffe hypocrite. On fe perfuade quelquefois que l'on a ef fectivement un grand fonds d'une véritable politeffe, parce que l'on vit avec des gens pleins d'égards & de complaifance,. qui vous ménagent en toutes chofes, & qui vous accordent tout ce que vous défirez, qui vous refpectent & vous comblent de civilitez. Pour connoître véritablement fi votre politeffe eft fauffe ou fin cere, attendez que vous pratiquiez. des. gens groffiers, mal polis, bizarres; & de mauvaise humeur: fi vous n'avez point de mauvais procédez avec de tels gens, fi vous ne leur dites point de paroles défobligeantes, fi vous ne leur rendez point. la pareille, fi vous ne leur parlez pas furleur ton peu gracieux, votre politeffe.

eft

eft veritable: mais fi vous vous échapez, fi vous les traités avec hauteur & fierté, Vous n'avez qu'une fauffe politeffe. Je

fuis,

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

ES

St-il poffible, MADAME, que vous ne puiffiez endurer les louanges qu'on vous donne, & que vous n'ayez pû Vous y accoûtumer depuis le tems que vous en recevez de toutes parts? Vous êtes à plaindre d'être de cet humeur-là; & fi vous ne changés, vous n'avez qu'à vous préparer à bien fouffrir. Pour moi, Madame, je vous admire trop pour ne pas vous déplaire en cela autant que perfonne. Je vous demande pardon par avance de tous les chagrins que je pourrai vous donner, quand je n'aurai pas la force de renfermer dans mon cœur les fentimens de vénération que j'aurai pour vous toute ma vie, étant,

MADAME,

Votre, &c.

Autre fur le même fujet à Monfieur de ***.

N

E vous plaignez point, Monfieur,
du bien que je dis de vous; au lieu
P

[ocr errors]

comme

de vous empêcher de vous bien connoître, c'eft votre modeftie qui pourroit faire cet effet-là. Elle cache une partie de vos bonnes qualités, & c'eft moi qui les publie. Si les louanges que je vous donne Vous font rentrer en vous-même, vous dites, ne vous donnent-elles pas fujet d'être content? Je n'en ofe dire davantage, de peur de vous chagriner, & de m'attirer des reproches. Il vaut mieux que je finiffe en vous affurant que peut-être plus abfolument à vous que je fuis.

l'on ne

Lettre de confolation & de reconnoissance à Madame de ***.

E n'aurois jamais crû, MADA ME,

J qu'une de vos Lettres me pût affliger,

quelque méchante nouvelle qu'elle me donnât. La feule vûë de votre écriture me paroiffoit un reméde à tous les maux que J'y pouvois voir; mais je vous avoue, que ce n'eft qu'avec une extrême douleur, que j'ai appris la perte que nous avons faite. Notre amie étoit eftimable de toute maniere; elle étoit belle, tendre & généreu fe, pleine d'efprit, & elle avoit un difcernement fi jufte, qu'elle vous mettoit au-deffus de toutes les chofes du monde.

« ÀÌÀü°è¼Ó »