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en foit, notre Harangueur amoureux; revint tout confus de fon voyage. A fon. retour il déclama de toute fa force contre les vices du fexe; mais il ne les changea pas. N'eft-il pas vrai, Monfieur, que Vous voilà en quelque façon fatisfait, &. l'avanture de Démofthene vous con

que

fole un peu de la vôtre.

Aux deux Nanons; pour réponse à une Let tre intitulée, le Génie des Tigreffes, envoyé à l'Homme téméraire.

Uòique votre Génie foit un meffa

nouvelles, je n'ai pas laiffé de le bien recevoir. S'il vous eft fidéle, il vous aura fans doute appris le bon accueil que je lui ai fait, & vous aura dit, que quoiqu'il me foit venu déclarer la guerre de votre part, j'ai obfervé,exactement le droit des gens, & l'ai reçû avec autant d'amitié & de courtoifie, que s'il étoit venu faire ma bonne fortune. En vérité, aimables Nanons, il faut être autant préoccupé que: je fuis, pour faire des careffes à un Meflager qui n'a rien de doux que la façon de s'exprimer, & qui ne fe vante de rien moins que de déchirer le cœur des gens. Malgré toute fa cruauté, je l'ai trouvé agréable, & je n'ai pas appréhendé d'ex pofer ma vie, pour avoir le plaifir de

jouer avec ce jeune Tigre. Je fçavois bien qu'il avoit été nourri à votre école, & qu'ainti il n'y avoit pas un cœur exempt de fa dent. Mais quelques menaces qu'il m'ait faites de la part des Tigreffes qui l'on envoyé, j'ai réfolu de m'apprivoiser avec lui, comme avec elles; quand mon coeur devroit être déchiré à belles dents ainsi qu'il m'en a averti. Si cela arrive du moins aurai je la consolation de périr d'une belle maniere, & l'hiftoire de mona cœur me fera glorieufe, puifqu'il aura fervi de repas aux plus belles gueules du monde (c'est le mot dont je me dois fervir, puifque je parle à des Tigreffes. )} Déchirez-le donc, inhumaines Nanons, j'y confens; mais furtout en le dévorant, prenez garde qu'il ne vous brûle ; il est si plein de feu, que cet accident vous pour roit arriver; & même il eft affez difficile qu'en le mettant dans la gueule, vous n'a--valiez quelque étincelle de fa flamme. Au refte, c'eft un feu dont l'ardeur n'eft pas commune. Une feule étincelle feroit capable de fondre toute votre glace, & de faire un embrafement de vos deux coeurs. Si ce malheur arrive, jugez li je ferai vangé avantageufement, & fi je n'aurai pas beaucoup de gloire à me van ter, que c'eft de mon feu que les Nanons font embrafées.

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J

de

Lettre de civilité au commencement de
l'année..

MONSIEUR,

E ne sçaurois voir l'année se renou. veller, fans vous renouveller l'affu rance de mes refpects & de mes fervices. Si je ne craignois point de vous être importun, vous auriez de moi plus fouventfemblables-affurances: mais ne pou vant être votre ferviteur utilement, je mecontente de l'être dans mon cœur, & d'y faire des vœux pour votre profpérité, & pour celle de votre famille. Ce font des vœux qui partent de la paffion que j'ai devous affurer, que je fuis plus que perfon-.. ne du monde,

MONSIEUR

Votre, &c.

A Madame ***. L'Auteur tâche de l'ap--paifer, & lui fait une hiftoriette.

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re,

Ale-pefte, que vous êtes en coleque vous fçavez bien gronder, quand vous vous en mêlés ! Hé quoi,. Madame, eft ce un fi grand mal de vous. avoir dit que mon efprit me quittoit pour vous aller voir, & pour vous fuivre dans tous les recoins de votre enclos? Pour

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moi je ne vois pas que cela vous puiffe fi fort offenfer. Si vous n'en croyez rien. pourquoi vous en mettre en colere ? Et sil eft vrai que ce diable d'efprit vous ail, le inquiéter, prenez-vous-en à lui, & non pas à moi qui n'en fuis pas le maître; car auffi-bien depuis qu'il a pris le chemin de chez vous, il revient fi peu chez moi, que je n'ai pas le tems de le corriger de fes emportemens. Au refte, cette avanturen'eft pas fans exemple, nifi nouvelle que Vous vous l'imaginez. Si vous aviez lû Pline, il vous auroit appris que l'ame d'un certain Hermotime quittoit fon corps quand il lui prenoit fantaisie, afin d'aller plus commodément par tout où il lui plaifoit; & puis quand la fantaifie lui reprenoit, elle revenoit dans fa demeure naturelle, & faifoit dire à Hermotime tout ce qu'elle avoit vû de beau & de remarquable pendant fon abfence. Cette façon de voyager étoit commode, on faifoit beaucoup de chemin fans fe laffer, & fans étre expofé aux incommodités or dinaires qu'on fouffre dans les voyages. Mais, Madame, la différence qu'il y a entre Hermotime & moi, c'eft que pendant l'absence de l'ame, le corps d'Hermotime étoit froid & fans mouvement, & pour le mien il ne laiffe pas de rire, de boire, de manger & de danfer, pendant.

que mon efprit eft occupé auprès de vous. Ét en cela vous voyez que le miracle quevous faites; est bien plus considérables que le prodige que Pline rapporte.

A Madame de ***: L'Auteur lui témoigne la joye qu'il a de l'amitié avec laquelle ils"commencent à vivre ensemble, & la fup-plie d'empêcher que l'Amour ne s'y mêle.

MADAME,·

Ourvû que l'Amour ne vienne point: troubler notre amitié, il y a apparence, que nous nous aimerons longtems. J'y vois toutes les difpofitions néceffaires. Vous m'avez affuré que vous aviez trouvé en moi cet esprit commode, que vous cherchiez depuis fi long-tems; & moi je puis vous jurer, ou que je me trom pe fort, ou que vous êtes auffi la perfonne que je cherchois dans le monde. Vous étes bien faite autant qu'on le peut-être : vous avez l'ame bonne & généreuse, & l'efprit le plus éclairé que j'aye connu parmi les perfonnes de votre fexe. Voilà juftement ce qui peut affermir notre ami tié. Les Belles furprennent bien quel quefois mes fens; mais quand je n'y trou ve point d'efprit, la furprise ne dure past long-tems, & je reviens bientôt à moi

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