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rencontrer, & où nous avons vû échouer de beaux efprits. On y a joint les Complimens de la Langue Françoise, avec les Maximes & Confeils pour plaire & fe conduire dans le monde; de forte que l'on trouvera dans ce Livre un mêlange & une diverfité de matieres, qui pourront fatisfaire le Lecteur.

INSTRUCTION

INSTRUCTION

POUR

ECRIRE ET DRESSER

TOUTES SORTES DE LETTRES.

Des Lettres.

L n'y a rien de fi commun que d'écrire des Lettres; mais ce n'eft pas une chofe commune que de les bien dreffer. Pour apprendre à le faire, il faut avoir de beaux exemples qu'on puiffe imiter, & de bon préceptes qui fervent de conduite. C'eft pourquoi j'ai voulu joindre aux Lettres du Secretaire du Cabinet une inftruction, contenant les principales regles de cet art.

Celui qui veut bien écrire des Lettres, doit prendre garde à deux chofes, à leur Matiere & à leur Forme.

La Matiere des Lettres font toutes chofes qui tombent fous le difcours, fans aucune exception. Tout ce que l'on peut A

dire de bouche à un ami préfent, on le lux peut écrire quand il eft abfent, avec cette précaution, qu'il n'eft pas toujours à propos de confier fon fecret à un papier qui fe peut perdre & tomber en main étrangere.

Cette matiere varie felon la diverfité des Lettres qu'on a coutume d'écrire, foit d'affaires, foit de compliment.

Les Lettres d'affaires font celles qui traitent de chofes d'importance. Il y en a de plufieurs fortes, comme Lettres d'avis & de confeil, de remontrance, de commandement, de prieres, de recommandation, d'offres de fervices, de plaintes, de reproche, d'excufe, &c. On va dire un mot de chacune.

Lettres d'avis.

Les Lettres d'avis fervent à faire fçavoir à nos amis ce qui fe pafle, tant en nos affaires, qu'aux leurs, ou en celles d'autrui.

Comme cette forte de Lettre eft la plus commune, auffi eft-elle la plus fimple de toutes; elle porte avec foi fa matiere, & l'on n'a pas befoin de fatiguer fon efprit à l'inventer. Il faut feulement raconter les chofes comme elles font, & de même qu'on les diroit de bouche; avec cette retenuë cependant, de n'écrire point lége rement des chofes capables de nous nuire,

ou à nos amis: précaution à laquelle on doit furtout avoir égard, fi l'on fe trouve obligé de parler des Grands & des affaiTes d'Etat.

Lettres de confeil.

Les Lettres de confeil font de deux fortes, celles que l'on écrit à gens qui demandent confeil, ou à gens qui n'en demandent point.

La premiere ne demande pas infiniment d'art: on peut commencer par quelques excufes de fon infuffifance, & dire que d'autres plus habiles donneroient de meilleurs confeils. Qu'après tout, puifqu'on nous fait l'honneur de demander le nôtre, nous ne voulons pas refufer de le donner. On déclarera enfuite ce qu'on trouve à propos de faire, & furtout on prendra garde que les confeils qu'on don nera, conviennent à l'état & à la condition de celui qui les aura demandés. On conclura par un fouhait,que la réfolution qu'il prendra réuffife à fon avantage.

En la feconde, on peut dire, que nous ne nous défions nullement de la prudence de notre ami; mais que fçachant combien lui importe l'affaire qui fe préfente, nous avons cru lui faire plaifir de lui en dire notre penfée: que nous ne nous comporterions pas ainfi envers un autre que

nous aimerions moins; & que nous nous affûrons qu'il prendra notre franchise en bonne part, confidérant qu'elle part d'un cœur qui lui eft entierement dévoué. On peut enfuite entrer en matiere, & après avoir propofé fon avis, le fortifier de bonnes raifons montrant que le confeil qu'on donne, eft non-feulement honnête, mais utile. On doit ménager les raifons felon la perfonne à qui on a affaire : les gens vertueux & de qualité font plûtôt émûs que les autres par la confidération de l'honneur, au lieu que ceux de basse condition fon communément plus fenfibles aux vûës d'intérêt. Les jeunes gens fe laiffent emporter au plaifir, & les vieillards ne tendent qu'à l'utile. On ajoûtera furtout, fi on écrit à quelqu'un à qui on doive du respect, qu'on remet à fa difcrétion de fuivre tel confeil qu'il voudra s que ce n'eft pas pour lui rien prescrire, qu'on lui a découvert fes pensées; mais afin que les conférant avec celles que fa prudence lui fuggerera, ou avec les confeils de fes autres amis, il puiffe prendre plus aifément fon parti. Mais fi on écrit à fon inférieur, ou à quelqu'un avec qui on foit familier, on peut l'exhorter à fuivre le confeil qu'on lui donne, même le preffer, en lui montrant que s'il le méprife, il eft à craindre qu'il n'ait un jour lien de s'en repentir.

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