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Reproche d'une Dame à un ami.

N m'a dit, Monfieur, que vous êtes de retour de Bourbon dans une fanté parfaite. Je m'étois flattée que je ferois des premieres à qui vous feriez part du fuccès de votre voyage. Sans doute que ces eaux ont fait fur vous, à mon égard l'effet des eaux du fleuve Lethé, puifque vous ne vous êtes pas fouvenu que de toutes vos amies, je fuis une de celles qui s'intéreffent le plus véritablement à tout ce qui vous regarde. Je ne vous pardonne cet oubli, qu'à condition que vous viendrez le réparer cet après midi. En attendant ce plaifir, je fuis

MONSIEUR,

V

Votre, &c.

Lettre de plainte à une Dame.

Ous m'avez protesté cent fois, ma chere Dame, que vous m'aimiez fi tendrement, que ce feroit pour vous une peine extrême de vous féparer de moi. De mon côté, j'ai une fi grande tendreffe pour vous, & votre eftime m'eft fi chere, que je n'ai jamais cherché à en douter un moment. Mais hélas! votre départ m'a ouvert les yeux, & votre filence me défabufe tout-à-fait. Je ne puis me représenter,

fans une fenfible douleur, ce jour fi joyeux pour vous, & fi trifte pour moi, où vous m'embrafsâtes avec un fi grand contentement, que vous aviez peine à le contenir tout entier dans votre cœur, & que vous payâtes les larmes que je répandois, d'u ne férénité de vifage qui m'accabloit de trifteffe. Sont-ce-là, dites-moi, des marques de cette amitié qui paroiffoit fi ten

? Depuis le tems que vous m'avez quitté, avez-vous daigné me donner aucun figne de vie, & n'avez-vous pas commencé à m'oublier en me perdant de vûë? Je vois bien que les nouveaux amis l'emportent dans votre fouvenir fur les anciens. Cependant, quelqu'injufte que vous foyez pour moi, votre oubli ne m'empêchera point d'être jufqu'au dernier foupir,

MADAME,

Votre, &c.

REPONSE.

Vde, Monfieur (pardonnez-moi cet

avez le plus grand tort du mon

te expreffion) de me faire tant reproches fur ma prétendue infenfibilité. J'ai été fenfible autant qu'on le peut-être, à toutes les marques de tendreffe que vous m'avez données à mon départ; & fi je vous ai paru fi tranquille, c'étoit pour ne pas aug

menter votre douleur, en vous laiffant voir toute celle que je reffentois de quitter un ami aussi aimable que vous. Non, mon cher, je ne vous ai point oublié ; & fi vous n'avez pas eu de mes nouvelles plûtôt, c'est que je voulois vous mander comment je me trouve des eaux. Elles me font un bien infini, ma fanté eft parfaite à préfent; & mon contentement le feroit, si je vous poffedois ici, puifque je fuis véritablement,

J

MONSIEUR,

Votre, &c.

Lettre de reconnoissance fur une fortie
de prifon.

MONSIEUR,

E ne puis mieux employer le premier moment de ma liberté, qu'à vous re→ mercier très-humblement de me l'avoir procurée. La maniere généreufe dont vous l'avez fait, en augmente encore le prix. Quoi, s'intéreffer à la fortune d'un male heureux inconnu, feulement parce qu'il eft opprimé ! c'eft, je vous l'avoue, Mon fieur, le comble de la générofité. Je bénis à préfent la perfécution qu'on m'a faite. puifqu'elle m'a acquis une chofe auffi précieufe que votre protection & votre ami→ tié. Soyez perfuadé, s'il vous plaît, que

je n'oublierai rien pour me conferver ces glorieux avantages; & s'il me refte encore après cela quelque chofe à fouhaiter, c'est d'avoir l'honneur de vous affurer moimême du profond refpect, avec lequel je

Luis,

MONSIEUR

Votre, &c.

REPONSE.

MONSIEUR

J'AL

"Ai une joye très-fenfible mes que petits foins ayent réuffi: ne me faites point de remerciement, je vous prie, je fuis trop payé, fi j'obtiens la feule chofe pour laquelle j'ai travaillé, qui eft de vous avoir pour ami: vous pouviez recevoir un pareil fervice de tous ceux qui connoiffent & qui chérissent la vertu; mais Monfieur, dans ce nombre vous n'auriez afsûremment pas trouvé de plus fincere admirateur de votre mérite que moi. Je regarde votre gracieuse Lettre comme un premier fruit de votre amitié, il ne peut manquer d'en fortir de beaux d'un fi bel arbre: confervez m'en toujours quelqu'un, & croyez que je les recevrai avec autant de plaifir, que j'en ai à me dire de

tout mon cœur,

MONSIEUR,

Votre, &c.
Billet

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Billet à un ami fur la perte d'un Procès.
E viens d'apprendre, mon cher Mon-

perte de votre Procès. Ce coup eft rude mais combien plus le feroit-il pour un au tre? Vous avez une indifférence fi gran de pour tous les biens de la vie, que vous ne fentirez dans cette perte, que le chagrin de voir la juftice mal adminiftrée : vos neveux ne font pas fi philofophes. Pour moi, quelque plaifir que j'aye de vous imiter dans votre détachement pour toute chose, je ne puis m'empêcher de me récrier contre vos Juges. Quelque part que je prenne dans ce qui vous touche, il ne m'eft pas permis de vous le témoigner, puifqu'on m'apprend que vous êtes auffi tranquille que s'il ne vous étoit rien arrivé. Recevez toujours ma bonne volonté, en cas que vous deveniez moins Stoïque, & foyez perfuadé que je fuis abfolument.

MONSIEUR,

REPONSE.

Votre, &c.

E vous fuis fenfiblement obligé, Mon

Jfieur, de prendre fi généreusement

part à ce qui me touche; la bonté avec C

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