avez pour l'Hiftoire, & combien vous y êtes habile. Je croirois perdre mon tems fi je vous en parlois pius au long. Je fuis, Votre, &c. MONSIEUR, Lettre de Monfieur le Marquis de *** an Duc de St. S. fur l'Aftrologie judiciaire. MONSIEUR, Es perfonnes de qualité & les gens de Cour ne font pour l'ordinaire que trop curieux des fecrets de l'Aftrologie judiciaire, quoique toutes fes promelles foient vaines, & que ce ne foit qu'un Art chimérique & purement fuperftitieux. L'objet de cette fcience, s'il eft permis de Fappeller de ce nom, eft de prévoir les événemens futurs, de lire dans le Livre du Ciel, dans les caracteres des Aftres & des Planettes, ce que la volonté humai ne doit exécuter dans les tems les plus reculés de l'avenir: fi le Roi d'une telle Monarchie aura des fucceffeurs, ou s'il mourra fans laiffer d'héritiers. Les Peres de l'Eglife, les Théologiens, les Philofophes, toutes les perfonnes bien fenfées, condamnent l'Aftrologie judiciaire comme une pure fuperftition. La connoiffance de l'avenir eft uniquement res fervée à Dieu, & à ceux aufquels il veut bien le révéler. Il change comme il lui plaît les influences des aftres & des conftel lations. Les perfonnes raisonnables traitant d'infenfez tous ceux qui fe vantent d'avoir la clef de ces chiffres mystérieux, dont le Seigneur a caché la connoiffance à tous les hommes. Quelque habile que fait un Aftrologue, il en fçait toujours beaucoup moins que les démons, qui ne fçauroient prévoir fütement l'avenir par les afpects & les combinaisons des Aftres En effet, fi le diable eût pû deviner que fon empire alloit être détruit par la mort de Jefus Chrift, auroit-il animé les Juifs à le crucifier? Le démon, quelque habile qu'il foit, ne connoît pas même aujourd'hui ce qui doit arriver demain. Les Anges non plus que les démons, ne connoiffent point les effets qui dépendent de la liberté des hommes, fi ce n'est par une révélation expreffe de Dieu. Il faut donc que les Aftrologues qui fe vantent de prédire des événemens futurs, fe croyent plus habiles que les démons & que les Anges. Je fuis, MONSIEUR, Votre, &c. Lettre du même qui refute les faux principes de l'Aftrologie judiciaire. MONSIEUR, CE E qui paroît encore de plus incroyable & de plus merveilleux c'eft que non-feulement les fept Planetes influent fur la deftinée, mais auffi que les mille vingt deux étoiles que nous connoiffons, puiffent felon le fentiment des Aftrologues, nous procurer du bien ou du mal, nous porter au vice ou à la vertu. Un Aftrologue, quelque habile qu'il puiffe être, pourra - t'il deviner qu'une telle étoile tempere les fureurs de Mars & favorife les bénignes influences de Venus? Un homme qui diroit ferieusement qu'il connoît les convenances entre les étoiles fixes & les planetes, feroit regardé comme un charlatant ou comme un fou. Les perfonnes raisonnables & les fçavans écoutent avec mépris & indigna tion ce que difent les Aftrologues, des effets furprenans que font un petit nombre d'aftres fur la liberté des hommes. On pourroit dire avec bien plus de raifon, qu'une chandelle allumée, ou d'autres corps qui font auprès de nous, ont plus de force fur notre tempéramment, que les étoiles qui font fi éloignées de notre tourbillon. La différente deftinée de deux jumeaux qui naiffent en même tems, & fous le même figne, détruit en core les principes des Aftrologues. Quelle inégalité ne voit-on pas dans leur tempéramment, leurs inclinations, leur maniere de vivre, leur fortune, leurs emplois? La différente pofition du Ciel, qui change dans un clin d'œil, fuffit pour changer le fiftême de leur nativité. Il faut donc que les Aftrologues, pour bien établir ce fyftême, connoiffent précifément le changement fubit, qu'un mouvement prefqu'imperceptible peut faire dans la révolution des Aftres & des Planétes. Il faut ajoûter que dans le même tems, dans toutes fortes de Pays, une infinité d'enfans font conçûs & naiffent fous les mêmes fignes, & fous la même pofition du Ciel. Cependant quelle variation ne remarque t'on pas dans leur destinée! Dans le même jour, & au même moment qu'un Prince & le fils d'un Roi viennent au monde, une infinité de malheureux, d'efclaves, de pauvres, naiffent par toute la terre; le jour qu'Aléxandre le Grand & Ariftote font nés, combien d'hommes fans courage & fans efprit font venus au monde ! Les Aftrologues répondront peut-être, que la deftinée des hommes ne : dépend pas uniquement des caufes univerfelles mais qu'elle dépend auffi des caufes particulieres cela eft vrai; mais pour éviter une difficulté, ils s'embaraffent dans un labyrinte de difficultés infurmontables. Car fi la vérité ou la fûreté de leurs prédictions dépend de la connoiffance des caufes particulieres, comme ce détail eft infini & incompréhensible, auffi-bien que la connoiffance exacte des influences des étoiles, il eft impoffible que les Aftrologues fe tirent de ces embarras. Je crois, Monfieur, que toutes ces raifons font autant de démonftrations qui prouvent invinciblement la fauffeté & la vanité de l'Af trologie judiciaire, Je fuis, MONSIEUR, Votre, &c, Lettre de Monfieur le Comte de Bras... a un jeune Seigneur de fes amis, fur les défordres de l'amour profane, MONSIEUR, L trouve peu A maxime qui condamne l'amour, trouve peu de fectateurs; cependant il n'y en a point de plus véritable. Un homme affervi fous la domination des femmes, ne peut compter fur aucune vertu. De tous les vices, l'amour eft le plus |