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pfus redoutable, à caufe de fa tyrannie qu'il étend fur toutes les puiffances de Fame, fans qu'elle fente fon efclavage, ou qu'elle s'en apperçoive: il femble même qu'elle s'applaudiffe de fa fervitude : elle fe livre abfolument au plaifir, & par conféquent elle n'eft gueres capable de s'appliquer à des emplois ferieux, dès que Famour des plaifirs fenfuels regne impérieufement dans un cœur. L'amour & les careffes des femmes aviliffent les hommes, & leur infpirent des fentimens efféminés par l'habitude des plaifirs qu'elles feur procurent, & qui rempliffent leur esprit d'épaiffes ténébres. En effet, les délices outrées rendent certaines gens tout hébêrés, leurs fens & leur efprit s'appéfantif fent & demeurent comme enfevelis dans la fenfualité. Galien, Prince de la Méde-cine, difoit que les excès en cette matie-re abrutiffent l'entendement, & le rendent incapable de fes plus belles fonstions, comme de certaines drogues qui ont la force d'engourdir les membres dus corps, & de les rendre abfolument inge tiles. Une jeuneffe abandonnée à cettepaffion, devient indocile & incapable de profiter des inftructions & des bons.con. feils qu'on lui donne. L'amour eft comme un poids qui entraîne toujours l'ame du même côté : la mémoire & la volontés D

font toujours occupées de ce que l'on an me; les idées de l'entendement en font remplies, & le cœur comme entraîné par ce poids, ne peut former d'autres défirs, ni fe détacher de l'objet de fon amour. Voilà, Monfieur, de quoi occuper vos refléxions. Je me flatte d'avance que vous ferez un bon ufage des avis que je prens la liberté de vous donner, puifque je fuis,.

MONSIEUR,

Votre, &c.

Lettre du même *** Continuation du même

MONSIEUR,

Sujet.

N fçait affez par expérience que les gens de votre âge, quand l'amour les gouverne, ne fe reglent point par les loix de la prudence ; ils découvrent leurs fecrets avec beaucoup d'indifcrétion & de légéreté: ils ne fe conduifent que felon le caprice & la fantaifie des femmes. dont ils dépendent,, & dont ils font pour

ainfi dire, les idolâtres & les esclaves.. L'expérience que les Athéniens avoient de tous ces défordres, les engagea à faire une Loi qui défendoit l'entrée des Charges de l'Etat aux perfonnes impudiques, quand leurs vices étoient publics.,, d'au

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tant qu'ils les regardoient comme des gens fans honneur. Accoûtumez - vous de bonne heure, Monfieur, à vous tenir en garde & à vous précautionner contre ce vice. Entre les avis les plus importans que donne Salomon à un jeune hom me pour l'inftruire, il ajoûte ces belles paroles: « Mon fils, donnez-vous de garde des tromperies & des enchante»mens d'une femme. Ses paroles paroif>> fent auffi douces qu'un rayon de miel » mais elles font plus dangéreufes que le » fiel & le poifon. » Il eft bien difficile,, je l'avouë, de guérir un mal auffi invéteré, & qui a, pour ainfi dire, pris naiffance avec le monde. Les perfonnes de fexe différent, ont un penchant prefque invincible les uns pour les autres, parce qu'il eft fondé fur la nature. Le meilleur reméde dont vous puiffiez vous fervir à votre âge, Monfieur, eft de vous occu-per continuellement de chofes utiles, pour tenir toujours votre efprit en haleine. Un Auteur Profane a dit élégamment: Si vous banniffez du monde l'oifiveté, l'amour demeurera fans force :: Otia fi tollas, periere Cupidinis arcus. Um autre reméde eft de retenir fes yeux fans leur donner la licence de regarder indif féremment & ayec trop de liberté, ron tes fortes d'objets. C'eft une victoire que

de s'abftenir de regarder une beauté dan géreufe.. Quand vous vous fentez combattu par les mouvemens de la cupidité, fuyez; c'eft le reméde le plus efficace; on ne court pas moins de rifque à entendre une belle femme, qu'à la voir; car pour peu que l'efprit réponde à la beauté, elle eft füre, de la victoire. Quand Judith fortit de Bétulie pour aller dans le Camp des Affyriens, elle étoit fi belle & fi parée, que les Soldats d'Holoferne-la prirent pour une Divinité, ou pour une perfonne defcendue du Ciel, & les difcours de cette jeune Veuve firent autant d'imprefion fur l'efprit & fur le cœur d'Holoferne, que les traits de fon vifage. Ce Général fut charmé par les-agrémens. de fes paroles fes Officiers qui l'environnoient en furent charmez comme lur;. ils admiroient la fageffe qui paroiffoit dans tous fes difcours, & l'agrément avec: lequel elle s'exprimoit ils fe difoient Fun à l'autre, pleins d'étonnement & tout transportés; iln'y a pas dans le monde une autre femme d'un plus grand mérite, mi qui ait tant de beauté ou d'agrément. De forte que la douceur de fes dif Gours acheva ce que les charmes de fon. vifage avoient commencé. Je vous prie,. par l'amitié que j'ai pour vous, de médi er de tems en tems les-maximes que je

Vous envoye, & de croire que je fuis,

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Lettre de M. le Marquis de Saint-Me. ... à Monfieur le Comte de Lion... Sur la bonne foi la fincérité qu'il faut avoir dans le commerce de la vie civile..

MONSIEUR,.

Il n'eft que trop vrai que l'on ne trou ve aujourd'hui gueres de fincérité dans le monde; cependant c'eft une vertu qui eft très-néceffaire : car l'impofture & le menfonge ne conviennent qu'à des ames baffes. Que manque-t'il à ceux qui ent toutes chofes en abondance, difoit Seneque ; & qui font comme les arbitres du monde ? Il leur manque quelqu'un. qui leur dife librement la vérité. Les gens. du monde mettent pour le premier principe de leur morale, qu'il faut cacher fous de faux déhors, ce qu'on a de plus fecret dans le cœur qu'un homme qui ne fçait pas fe déguifer, ne doit pas efpérer de fortune. En vérité, des perfonnes. de ce caractere participent au génie & à la foibleffe des femmes, qui font naturellement enclines à mentir, & qui ont mille adreffes pour fe déguifer, & pour donner le change à ceux qui veulent-les

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