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Ces trésors font trop beaux pour devoir les cacher
Ils font faits pour charmer la vûe:

On doit voir leur beauté, du moins à demi nue..
ANGÉLIQUE.

Oui ; mais il eft, Monfieur, défendu d'y toucher
Et vos mains font un peu trop vives.
LE CHEVALIER.

Un maître a des prérogatives:
Vous voilà maintenant plus belle de moitié.
De tous mes foins je dois être payé.

(Il baife Angélique.)

LA BAGATELLE.

L'excellent précepteur pour de jeunes pupiles!
ANGÉLIQUE.

Je ne faurois m'empêcher de rougir.

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LA BAGATELLE à Angélique,

Vous profitez fort bien de fes leçons utiles ;:
La derniere, fur-tout, vient de vous embellir.

ANGÉLIQUE.

Madame, eft-il bien vrai? Me trouvez-vous jolie?
Et, de vous plaire, aurois-je le bonheur?

Qui;

LA BAGATELLE.

vous avez trouvé le chemin de mon cœur Je veux faire de vous mon éleve chérie.

ANGÉLIQUE.

Me voir auprès de vous, fait toute mon envie;

B

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Et je ne puis retenir mon transport:

Pour vous, dès la plus tendre enfance,
J'ai toujours eu le penchant le plus fort.
LA BAGATELLE.

Il eft jufte, en ce jour, que je la récompense
D'une fi belle paffion.

(au Chevalier.)

Adieu. Pour mon triomphe un balet fe prépare;
Je veux qu'il ferve auffi pour fa réception :
Je cours preffer l'inftant de l'exécution.
Pour y danfer, venez que je vous pare,
Nouvel objet de mon affection.
ANGÉLIQUE.

Déeffe 'de mon ame, ah! que je fuis ravie!

J'aime la danse à la folie.
(revenant fur fes pas.)

LA BAGATELLE.

Monfieur ne nous fuit pas?

Non; il demeure ici ;

Et je le prie avec inftance

De me doubler en mon abfence.

LE CHEVALIER.

Très-volontiers.

ANGÉLIQUE au Chevalier.

A vous quitter ainsi,

Mon cœur a vraiment de la peine;

Mais je reviens bientôt ici ;
Et, l'un des jours de la femaine
J'irai vous voir, mon bon ami.
LE CHEVALIER.

Je le veux de toute mon ame.
Quelque matin que vous veniez chez nous,
Comptez qu'il fera jour pour vous ;
Vous n'aurez qu'à fuivre Madame.

( Angélique fort avec la Bagatellė.)

SCENE I V.

LE CHEVALIER, DAMON.

LE CHEVALIER à part.

UN homme vient; je le connois ;

(haut.)

C'eft un vieux libertin. Eh! C'est vous que je vois!

Je vous embraffe, & de toute mon ame

Cher papa

dont les traits paroiffent rajeunis,

Vous qui tenez la vieilleffe enchaînée

Au char des plaifirs & des ris ;

Vous, l'homme le plus jeune avec des cheveux gris.

DAMON.

Moi, je vous félicite, & fuis des plus ravis...
LE CHEVALIER.

De quoi?

DAMON.

De voir que,

dans cette journée,

Vous foyez, mon très-cher, plus fou que l'autre année.
LE CHEVALIER.

Je reconnois votre joyeuse humeur,
A ce trait de plaifanterie.

Comme vous étes verd, vous venez, je parie,
Acheter là... Vous m'entendez, Monfieur
DAMON.

Il eft vrai que je viens acheter des Etrennes.
Comme vous étes connoiffeur

Et que j'ai là-deffus des clartés peu certaines
Je veux vous confulter.

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Non; je vous rens juftice, En fait de ces matieres,
Mon cher Monfieur Colifichet,

Tout le monde connoît vos fublimes lumieres:

Daignez donc m'écouter, je vais vous mettre au fait

tirpe Des Etrennes que je souhaite,

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Et dont plus d'un motif veut que je faffe emplette;
J'en dois faire présent, au fortir de ce lieu,
A des perfonnes différentes.

LE CHEVALIER.

En voulez-vous d'abord de bien galantes?
DAMON.

Non ; j'en veux prendre, en premier lieu;
Qui foient de peu de conféquence:
Comme des almanachs, des étuits, des écrans,
Ou, pour éviter la dépense,
Quelques paquets de curedents.
LE CHEVALIER.
Si vous faites toujours des préfens de la forte,
Vous ferez riche fort long-temps.
Un homme comme vous peut-il?...

DAMON.

Bon! Bon! Qu'importe?

C'est pour un ami familier;

Dès le collége, il étoit mon intime.
LE CHEVALIER.

Vous le traitez encore en écolier;

Et c'eft, de lui, faire fort peu d'eftime.

DAMON.

Nous avons fait toujours profeffion
D'agir ensemble fans façon :
Et, puifqu'il faut que je le dife,

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