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néceffité, & non pas le choix & l'art, qui ont produit les diverfes efpéces d'écritures Hieroglyphiques, & qui leur ont donné cours, nous allons examiner l'origine & le progrès de l'art de la parole. La comparaison de ces deux arts, que l'on peut, pour ainfi dire, regarder comme freres, répandra du jour fur l'un & fur l'au

tre.

Crigine §. 8. Le langage, fi l'on en juge & progrès par les monumens de l'Antiquité, du langage. & par la nature de la chofe, aété d'abord extrêmement groffier, ftérile, & équivoque: (a) en forte

(a) A juger feulement par la nature des chofes, & indépendamment de la révélation, qui eft un guide plus sûr, l'on feroit porté à admettre l'opinion de Dio+ 1, 2. dore de Sicile, & de Vitruve, * que les *L. 2. 1. premiers hommes ont vécu pendant un tems dans les cavernes & les forêts, à la maniére des bêtes, n'articulant que des fons confus & indéterminés;jufqu'à ce que, s'étant afïociés pour fe fecourir mutuellement, ils foient arrivés par dégrés à en former de distincts, par le moyen de fignes ou de marques arbitraires convenues que

que les hommes fe trouvoient perpétuellement dans l'embarras, à chaque nouvelle idée, & à cha

entr'eux, afin que celui qui parloit, pût exprimer les idées qu'il avoit befoin de communiquer aux autres. C'eft ce qui a donné lieu aux différentes Langues; car tout le monde convient que le langage n'est point inné.

adv. Eunem. lib. 12.

* H. crit.

Cette origine du langage eft fi naturelle, qu'un Pere de l'Eglife, § & Richard $ Greg. Ny T. Simon, Prêtre de l'Oratoire, * ont travaillé l'un & l'autre à l'établir: Mais ils auroient pû être mieux informés; car rien du V. T. 1. de plus évident par l'Ecriture fainte que I. c. 14. le langage a une origine différente. Elle 15.4.3.0.21. nous apprend que Dieu enfeigna la Religion au premier homme; ce qui ne nous permet pas de douter qu'il ne lui ait enfeigné en même tems à parler. Si l'on dit que le langage a pû fe former par le fecours feul de la raifon, il eft aifé de répondre que la Religion a également pû le former, & l'a pû beaucoup plus facilement, & plus promptement. Ajoutez que, quand Dieu eut créé l'homme, il lui donna la femme pour être fa compagne, & lui faire fociété. Mais comment profiter de cet avanta ge, s'ils ne pouvoient s'entendre? Croirons-nous donc que Dieu les ait laiffé se tirer eux-mêmes comme ils pourroient, de la triste condition des bêtes? Non; & notre opinion ne fe réduit pas à une fimple probabilité. Moyfe, fi je ne me trom

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que cas extraordinaire, pour fe faire entendre les uns aux autres. La nature les porta à prévenir ces

pe, nous dit expreffément que Dieu a enfeigné le langage à l'homme. Voici fes paroles. Dieu amena devant Adam les bêtes de la campagne, & les oifeaux de l'air, afin de voir quels noms il vouloit leur donner. Et le nom qu'Adam donna à chaque Créature vivante, eft celui qui lui est resté. Ainfi Adam a donné des noms aux beftiaux, aux oifeaux de l'air, & aux différentes bêtes de Gen. 2. 19. la campagne. Ici l'Hiftorien, par une figure ordinaire du difcours, au lieu de rapporter le fimple fait que Dieu a enfeigné le langage aux hommes, nous représente Dieu dans l'action même de l'enfeigner; en employant une forme d'inftruction la plus propre que l'on puiffe imaginer pour une inf celle truction élémentaire, je veux dire, de donner des noms aux fubftances qui étoient les plus familiéres à Adam, & auquel il étoit néceffaire par conféquent qu'elles euffent chacune un nom particulier, afin de les diftinguer. Ces paroles: Dieu amena différens animaux à Adam pour VOIR quels noms il voudroit leur donner: Ne préfentent-elles pas en effet l'image familiére d'une perfonne à laquelle on donne des instructions élémentaires ? En un mot, la façon dont le Prophéte raconte ce fait important, me paroît renfermer une élégance peu commune.

Il eft furprenant que l'on ne fe foit pas apperçu d'une interprétation auffi natu

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défauts, en ajoutant aux paroles des fignes convenables & fignificatifs. En conféquence, la con

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felle du Texte, au lieu de donner tant d'effors à l'imagination, & de courir après des fens mystérieux qui n'avoient d'autre fondement que des fyftêmes favoris. De toutes les interprétations, la plus reçue, quoiqu'elle ne foit peut-être pas mieux fondée que les autres, eft celle qui veut qu'Adam ait donné à chaque animal un nom qui en exprimoit la nature. Mais, de quelque maniére bizarre que ce Texte ait été commenté, rien n'égale l'abfurdité de la fignification que Tindal propose, avec une intention marquée d'avilir le Texte. Quelques perfonnes, dit ce grand Philofophe, feroient prefque tentées de croire que l'Auteur du livre de la Ge» nèse a pensé que les idées attachées aux mots le font naturellement, & non par » convention. Car nous ne pouvons, di» fent-elles, donner un autre fens à ce qu'il avance, que Dieu amena tous les > animaux à Adam, auffi tôt qu'il eut été créé, pour leur impofer des noms ; & que celui qu'Adam donna à chaque Créature vivante lui eft demeuré. » Some Would be almoft apt to imagine, that the author of the book of Genefis thought that the words had ideas naturally fixed to them, and not by confent. Otherwife, Say they, how can we account for his fuppofing that God brought all animals before Adam, as foon as he was created, to give them na

verfation dans les premiers fiécles du monde fut foutenue par un difcours entremêlé de mots & d'actions. L'ufage & la coutume, ainsi qu'il est arrivé dans la plûpart des autres chofes de la vie, changérent enfuite en ornement ce qui étoit dû à la néceffité: Mais la pratique fubfifta encore longtems après que la néceffité eut ceffé; finguliérement parmi les Orientaux, dont le caractère s'ac commodoit naturellement d'une forme de converfation qui exerçoit fi bien leur vivacité par le mouvement, & la contentoit fi

mes; and that whatsoever Adam called eve ry living Creature, that was the name the reof. Christianity as old as the creation. 89, ed. p.228. Mais quoique ce que nous avons dit,prouve que Dieu a enfeigné le langage aux hommes; cependant il ne feroit pas raifonnable de fuppofer que ce langage fe foit étendu au-delà des néceffités alors actuelles de l'homme, & qu'il n'ait pas .eu par lui-même la capacité de le perfectionner, & de l'enrichir. Ainfi le premier langage a néceffairement été férile & borné.

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