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XXIX. rent plufieurs Chrétiens. Ces attaques Prife d'Of chagrinoient les Empereurs Ottomans; mais rien ne fut plus picquant que la prifé du jeune Ofman fils du Sultan Ibraïm. La Sultane Kiofem mere de l'Empereur voyant que la cruauté dont il ufoit envers les premiers de l'Empire, & craignant elle-même te mauvais naturel de fon fils, voulut lui conferver un fucceffeur en cas qu'il vint à mourir par confpiration de fes fujets. Elle lui perfuada que pour fatisfaire aux devoirs de fa fecte, il devoit aller en pelerinage à la Meque, ou y envoyer un de fes fils; il y envoya Baflé fa Sultane favorite avec Ofman fon fils aîné, dont elle étoit mere. Cette Sultane entra dans un grand Vaiffeau de guerre commandé l'eupar nuque Xomboul, homme très-fidele & très-experimenté. Le Chevalier de Boisbodran étoit alors en mer avec les Galeres de la Religion; il découvrit le Vaiffeau, & vint l'attaquer. Xomboul fe deffendit, & garda fon bord en vaillant homme pendant quelques heures. Comme il parut fur le tillac pour donner fes ordres, un coup de Moufquet lui perça la poitrine; on le porta dans fa chambre, où il donna les ordres neceffaires à fon Lieutenant pour fe bien deffendre.

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Le Chevalier de Boisbaudran fut en même-temps emporté d'un coup de Canon. Les Galeres ne cefferent jamais d'attaquer le Vaiffeau, qui après la mort de Xomboul fut obligé de se rendre. On conduifit Baffé à Malte, qui mourut quelques jours après. Ofman entra enfuite dans P'Ordre de S. Dominique, où il a paffé le refte de les jours. A la nouvelle de cette prife Ibrain entra en fureur, jura d'affiéger Malte, de détruire les Chevaliers; mais il fut préven u par les conjurez qui le mirent en prifon & l'étranglerent quelques jours après.

Lorfque Morozini, General des Venitiens, 16 eut pris Modon dans la Morée, les Chevaliers fe joignifent à fa Flote; & aidé des Galeres de Malte, il livra le combat à la Flote des Turques qu'il rencontra à l'Ile de Melon; & les Turques perdirent la bataille

La Flote des Chevaliers fe mit auffren 1 6 6 6. mer pour fecourir Candie. Le Chevalier Bichi, Prieur de Rome, commandoit les Galeres du Pape, & le Baillif d'Elbene celles de la Religion; mais ils n'eurent point l'occafion de fe diftinguer, parce qu'ils étoient le moins en nombre de ceux qui foutenoient les attaques, & dans la derniere perte que les Venitiens 16. Tome II.

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ont faites de la Morée. Les Chevaliers. joignirent la Flote des Venitiens pour attaquer les Turcs qui affiégeroient Corfou. Les Chevaliers vouloient attaquer la Flote Ottomane, les Venitiens ne voulurent rien hazarder; & leur di rent que s'ils avoient la témerité d'attaquer les ennemis, ils tireroient eux mêmes fur les Galeres de la Religion. Les Chevaliers voyant cela fe retirerent de devant Corfou, & abandonnerent les Venitiens; 722. ils virent dernierement paroître devant l'Ile de Malte la Flote Ottomane au nombre de foixante dix-grands Vaiffeaux. Le Grand-Maître cita les Chevaliers; les Turcs ne voulurent pas hazarder la defcente, ils avoient quelque autre deffein. Ils envoyerent feulement un Chiaoux au Grand-Maître pour demander de la part de fa Hauteffe les Turcs qui étoient efcla ves dans cette Ifle. Le Grand-Maître lui répondit qu'il les rendroit, à condition que le Grand-Seigneur donneroit la liberté à tous les Chrétiens qui étoient efclaves dans fon Empire. Voilà ce qui s'eft paffé de plus confiderable depuis la fondation de cet Ordre jufques aujourd'hui. Je n'ai raporté que les faits qui peuvent meriter la curiofité d'un Lecteur, & qui font l'objet de l'histoire. Je laiffe aux Analistes

de cet Ordre la rélation de tous les petits bâtimens qu'ils ont pris, & le détail de ce qui les regarde en particulier, & à fes Panegyriftes les raports des qualitez particulieres & les Genealogies des Chevaliers qui le compofent. Je ne me fuis attaché qu'à ce qui pouvoit être utile & agréable au Lecteur, & digne de l'attention qu'il voudra donner à cet ou vrage.