페이지 이미지
PDF
ePub

303

HISTOIRE

DES

TEMPLIERS.

A

LIVRE SIXIE'ME.

Guillaume

Près que les conquêtes des Croifez 1 1 1 8. & l'établiffement du Royaume de Jerufalem par Godefroy de Bouillon & de de Tyr, libg plufieurs autres Principautez que les Chré-'• tiens poffedoient en Orient, eurent facilité le voyage de la Terre - Sainte, les Pellerins y accouroient tous les jours en grand nombre de toute l'Europe. Ils étoient extrêmement incommodez par les courfes fréquentes des Sarrafins & par les brigandages des Arabes, qui voloient impunément les Voyageurs & les faifoient fouvent mourir.

Les Troupes que le Roy de Jerufalem entretenoit pour deffendre fon Royaume, étoient occupées à garder les Places où on

les mettoit en garnifon, & à s'oppofer aux armées des Infideles, & rien ne pouvoit favorifer la route des Pellerins.

Il arriva fous le Regne de Baudouin II. auparavant Prince d'Edeffe,coufin du premier Baudouin, frere de Godefroy de Bouillon, que Hugues des Payens & Géofroy de Saint-Omer ou Ademar,fe préfenta au Patriarche, avec neuf autres Gentilhommes François, pour s'offrir à deffendre les Pellerins des artaques des Infideles, & pour leur procurer une route affurée. Il dit qu'il vouloit fupporter la fatigue d'un exercice auffi pénible, en expiation de fes fautes & pour s'attirer la mifericorde du Seigneur.

Garimond, Patriarche latin de Jerufalem,approuva le pieux deffein de ces Gentilhommes & les reçut à la profeffion Monaftique,à laquelle ils s'engagerent & leur donna la benediction des Chevaliers. Ils firent veu de pauvreté, de chafteté & d'obeiffance, en prefence de ce Patriarche,& promirent de s'occuper à deffendre les Chrétiens contre les Infideles, & re connurent Hugues des Payens pour leur premier Grand-Maître.

Le Roy vit que cet établissement feroit avantageux à fon Royaume,& pour le favorifer il leur donna un Palais qu'il avoit

dans Jerufalem, fitué du côté du midy vers l'ancien Temple de Salomon ; ils firent leur premiere demeure dans ce Palais, & les habitans de la Ville les appellerent TEMPLIERS, à caufe de l'ancienne place du Temple, près de laquelle ils étoient logez.

Si cet établiffement fut avantageux aux, Math. Pa Pellerins, il le fut encore bien plus aux ris- p. 8g. Chevaliers de cet Ordre; tous les Princes Chrétiens & les plus grands Seigneurs leur donnerent un grand nombre de terres, non feulement dans la Palestine, où ils avoient pris naiffance, mais même dans toute l'Europe; & ces richeffes leur furent données dans peu de temps. En mil deux cens quarante-quatre ils avoient déja plus de neuf mille maifons de leur Ordre, & leurs revenus étoient immenfes. Leur nombre augmentoit auffi confiderablement.La Nobleffe de toute l'Europe fe faifoit honneur d'entrer dans cet Ordre,pour acquerir de la gloire, à caufe des occafions tres-fréquentes que ces Religieux avoient de combattre contre les Infideles. On comptoit dans le feul Couvent de Jerufalem plus de trois cens Chevaliers, fans les, Clercs & les Servans de l'Ordre qui y demeuroient en grand nombre. Ces Religieux menoient la même vie que les Chanoines

I 1 27.

Reguliers lorsqu'ils étoient dans leurs Mo. nafteres, & qu'ils n'étoient pas occupez à la guerre.

Cependant le Royaume de Jerufalem manquoit de Troupes & n'en pouvoit avoir que par le fecours que les Princes de l'Europe vouloient accorder. Le Roy pour obtenir du fecours, & pour porter le Pape à exhorter les Princes Chrétiens à fe croifer,députa de fa part & de celle de tous les Princes Chrétiens de l'Afie, le GrandMaître du Temple Hugues des Payens, qui fe prefenta à Honorius II. à Troye en Champagne, où le Pape tenoit un Con-cile, & lui expofa le nouvel établissement des Chevaliers de Jerufalem, & le pria de l'approuver. Le Pape approuva l'établisfement des Chevaliers, & ordonna à faint Bernard de leur dreffer une Regle. S.Bernard executa l'ordre du Pape, & donna une Regle aux Templiers, qu'on a perduë. Il refte cependant quelques articles de cetin opus S te Regle dans les Ouvrages de S. Bernard, dont voici les principaux:

Mat, adnot.

Зство

1. Ils devoient affifter aux Offices de l'Eglife, qui fe faifoient tant la nuit que le jour. C'étoit l'usage non feulement des Religieux, mais même de la plus grande partie des Chrétiens, comme on peut le voir par les Histoires de ce fiecle.Et parce

que leur vie militaire pouvo it les empêcher de fatisfaire à cet article ils étoient obligez de réciter dévotemen t treize Pater pour Matines, fept pour cha cune des petites Heures,& neuf pour les Vefpres. On les obligeoit feulement à la récitation de POraifon Dominicale, parce qu'ils étoient laïques & bien fouvent non lettrez, (uivant Púfage de ce temps, où la Nobleffe s'occupoit uniquement à l'exercice des armes & méprifoit les fciences, jufqu'à ne point apprendre à lire ni à écrire.

2. Lorfqu'un Religieux mouroit, tous les autres étoient obligez de reciter cent fois le Pater, pour le repos de fon ame, & de donner à un pauvre pendant quarante jours la portion qu'ils avoient accoutumé de fervir au Chevalier qui venoit de mourir.

13. Ils étoient obligez à faire maigre pendant la plus grande partie de l'année ; (30) & il ne leur étoit permis de manger de la viande que pendant trois jours de la femaine, le Dimanche, le Mardy & le Jeudy; & ils jeunoient le Mercredy & le Vendredy, fuivant l'ufage de l'Eglife.

47. Lorfque les Chevaliers alloient combattre il étoit permis à chacun d'avoir trois chevaux avec un Ecuyer. La chaffe leur étoit deffendue en toute ma

« 이전계속 »