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des Chevaliers de Malte. rent.le Canon de leurs Galeres pour attaquer les deux de Vifconti, qui fuit dans le Château S. Sauveur. Le Commandant des Galeres arrêta les Chevaliers & les obligea d'abandonner leur Canon.

Visconti s'embarqua fur un Galion qui fut agité par la tempête, & qui vint fe brifer contre les rochers de Malte. Le Grand-Maître. au lieu de fe venger, lui donna liberalement tout ce qui lui étoit neceffaire, & lui fournit un bâtiment pour fe retirer à Saragoffe de Sicile.

On avoit fait très-peu de fortifications dans l'Ifle. Le Grand Maître nomma George Scheling Baillif d'Allemagne, SurIntendant des fortifications, & lui ordonna de les faire continuer. Ce Baillif

employa l'Ingenieur Ferramolin qui fit faire un grand Cavalier pour deffendre le Château S. Ange.Il fit élever du côté de terre deux Boullevarts au Fort S. Elme " il y fit creufer de larges foffez, & fi profonds que l'eau de la mer y entroit. Charles-Quint prit la réfolution d'affiéger Alger. Les Chevaliers armerent leurs Galeres; tous ceux qui étoient dans P'Ifle vouloient s'embarquer pour y aller. Ils fe flatoient d'aller dompter l'Afrique dans peu de temps, comme Belizaire fit fous Juftinien le Grand, & de fe couvrir

XII

Siége d'Al

ger.

54 I.

de Lauriers; mais ils fe trompoient,comme nous le verrons. Le Grand - Maître afin de ne refter pas feul dans l'Ifle, ordonna qu'il n'y auroit que cent - cinquante Chevaliers fur chaque bâtiment.

On négligeoit dans la Flote les vivres & les munitions; & pour empêcher cette négligence, le Grand-Maître établit un pourvoyeur pour prendre foin de toutes. les munitions, & nomma le Chevalier Jean Barientos à cette Charge.

Les Galeres quitterent le Port de Malte le vingtiéme d'Aouft; elles furent agitées avec violence par une furieuse tempête, & elles furent contraintes d'aborder à Porto-Palo; & le quatriéme de Septembre,comme le temps étoit calme, elles quitterent le Port. Elles prirent trois Galiotes Turques que les Chevaliers laifferent à Naples, où ils aborderent. Delà les Galeres allerent à Ligourne, où elles rencontrerent la Flote de Charles-Quint qu'il commandoit en perfonne. Après s'être arrêté au Port Maon pour faire de l'eau, elles vinrent enfuite à l'Ile de Maiorque. La Flote Imperiale étoit compofée de dix-huit Galeres & de cent Vaiffeaux de guerre. Dom Fernand de Tolede Duc Dalbe la commandoit fous les ordres de l'Empereur. Cette Flote entra

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dans le Golfe d'Alger où elle paffa deux jours à examiner quelque endroit favorable pour faire defcente; on la fit le jour fuivant dans un endroit bas à un mille au deffus de ce Golfe.

Les Arabes avoient occupé une partie du rivage. Après que la defcente fut achevée, l'armée Imperiale fe mit en bon ordre pour les attaquer. Les Chevaliers firent l'avant-garde & chargerent les Arabes qui fuirent d'abord. Après cela l'Empereur fit fommer Azam Aga, rénegat de Sardaigne, Vice-Roy d'Alger, de rendre la place. Il n'avoit que huit cent Janniffaires & cinq mille Maures pour fe deffendre ; il répondit qu'il ne vouloit pas la rendre, & qu'il fe difpofoit à fe battre. Il fit enfuite une fortie avec les Arabes, & def cendit dans la plaine contre l'armée de Charles-Quint qui fe mit en mouvement Le Commandant de Malte faifoit l'avantgarde avec cinq cens hommes, & quelques volontaires ; le refte de l'armée fuivoit cet avant-garde, l'Infanterie étoit fur la gauche, & la Cavalerie avoit la droite. Les Maures firent une décharge de. Moufqueterie fur l'avant-garde, & se retirerent far une éminence; ils tirerent quelques coups de Canons, ils avoient placé quelques piéces fur cette éminence

qui étoient trop relevées pour plonger dans les bataillons. L'armée marcha vers cette éminence,les Maures tinrent ferme contre l'avant-garde; l'Infanterie Efpagnole étant arrivée, l'avant-garde & cette Infanterie. les chargerent, & les chafferent dans la Ville; les Troupes de l'Empereur fe logerent fur l'éminence.

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A peine furent-ils refté quelque temps dans ce pofte qu'ils croyoient favorable qu'il s'éleva une groffe pluye qui incomoda extrêmement la Cavalerie; elle étoit campée fur le penchant de cette coline, où il le formoit des torrents qui entraînoient les Chevaux. A la faveur de cette pluye, la Garnifon fortit de la Ville, attaqua le pofte des Italiens qui étoientlogez fur un Pont qui donnoit dans le camp. Le mauvais temps les empêchoit de fe deffendre, les ennemis tomberent fur eux, & pafferent trois Compagnies fous le fabre. Cet accident mit toute l'armée en allarme. On courut aux armes. La Garnifon profitant du défordre avançoit toujours, & tuoit tout ce qui s'oppofoit à fa marche. Colomna & Spinola se mirent à la tête de deux Regiments, & arrêterent les ennemis ;, enfuite ils les chargerent & les mirent en déroute; la Garnifon fuit vers la Ville, les Efpagnols

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les pourfuivirent. Affan ayant veu entrer les Janniffaires & une groffe partie des Arabes, fit fermer les portes,

de

peur que les foldats de l'Empereur n'entraffent avec les Fuyards, & laiffa plufieurs Maures hors de la Ville que les Espagnols pafferent au fil de l'épée.

On fit ouvrir la tranchée pour approcher de la place; mais l'orage qui continuoit, rendoit tous les travaux inutiles à caufe des inondations qui rempliffoient toutes les ouvertures qu'on avoit faites. Les ennemis pointerent une Batterie contre le Pont que les Italiens gardoient. Cette Batterie tua plufieurs foldats, & on fut obligé d'abandonner ce Pont. Quand ils virent qu'on l'avoit abandonné, ils s'en rendirent maîtres, entrerent dans le camp par cet endroit, & mirent en défordre les premiers Regiments qu'ils attaquerent. Les Chevaliers s'avancerent pour les arrêter, ils ne purent pas les repouffer, & l'Empereur détacha les Allemands pour foutenir les Chevaliers. Quand ce renfort fut arrivé, les ennemis furent repouffez, & furent obligez de fe retirer dans la Ville; les Chevaliers ne perdirent que dix hommes.

XIII.

Retraite de

L'orage continuoit toûjours, & les bâtiments de mer fe heurtoient les uns con- l'armée,

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