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te le nom de lion: ils ont mordu comme un lion mes mains & mes pieds, &c. L'Auteur de cette Paraphrafe eft, à ce qu'on croit, Jofeph l'Aveugle qui vivoit au quatrième fiécle, & étoit fameux dans l'Academie de Sora au delà de l'Euphrate. Le filence de S. Jerôme nous fait foupçonner de faux ces termes ficut leo, qui fe lifent dans fon exemplaire de l'édition d'Angleterre ; car S. Jerôme ne lifoit certainement rien de pareil dans l'Hebreu ; & les Editions d'Alcala & d'Anvers ne le mettent point même dans le Caldéen fur les Pfeaumes. Quelle neceffité d'exprimer les deux leçons dans cette Pharaphrase, & de traduire : ils ont mordu comme des lions mes pieds & mes mains; il fuffifoit de dire comme on fait dans l'édition d'Alcala: ils ont mordu mes pieds & mes mains; ou comme font aujourd'hui les Rabins l'affemblée des méchans m'ont environné mes pieds & mes

mains.

En joignant le verfet 17.

avec le 18. on a de fortes preuves

de la liberté que les Juifs fe font donnés de retoucher à leur gré cette Paraphrafe; & cet endroit doit être fort fufpecte de falfification. Quand à l'âge que l'on donne au Paraphrafte & à la Paraphrafe, c'eft encore une chofe douteufe. Les plus habiles foûtiennent qu'on ne fçait pas le temps auquel ces fortes d'ouvrages ont été compofés, & qu'ils font beaucoup plus nouveaux que ne le difent les Juifs.

Les Rabins qui ont travaillé à la Maffore reconnoiffent une varieté de leçon dans cet endroit comme le dit Jacob Ben-Chaïm. De leur temps, c'eft-à-dire, dans le dixiéme ou onzième fiécle on lifoit caaru, dans le texte caari à la marge de quelques exemplaires; mais de la marge, caari, comme plus favorable aux prétentions des Juifs, à paffé dans leur texte, & les Rabins Kimchi, Salomon, Jarchi, Abénézra & d'autres qui vivoient au fiécle fuivant, n'ont pas manqué de la fuivre, & de la préferer à caaru:

cependant Kimchi lui même & Abénézra reconnoiffent encore la varieté de caari & de caaru dans les plus anciens exemplaires Hebreux, & long-temps depuis le Rabin JeanIfaac écrivant contre Lindanus attefte la verité & fa confcience, & jure qu'il a trouvé caaru dans un ancien Pfautier qui étoit chez fon Grand- pere. Buxtorf, Buxtorf, Capiton, & Galatin affurent qu'ils ont eu entre les mains des manufcrits Hebreux ou caaru fe trouve dans le texte ou dans la marge. Andrade dans fa deffenfe du Concile de Trente, dit qu'il a vû de pareils exemplaires; & Gerard Veftuy cx, ciré dans Genebrard, affuroit auffi qu'il en avoit manié un où fe lifoit caaru. Le Pere Martianay en a remarqué un cotté 626. dans la Biblioteque de M. Colbert, avec la même leçon; il eft vray que le premier trait de l'Ecrivain portoit caari, mais il l'a corrigé lui même, & à mis caaru, en allongeant le queuë du jod. M. Simon s'éleva contre cette cor

rection du manufcrit, prétendant que c'étoit l'ouvrage de quelque Chrétien de mauvaise foi; mais le Pere Martianay ayant fait voir le manuscrit à deux Juifs habiles, ils reconnurent que le trait de la correction étoit de la main d'un Hebreu, de même que le refte du mot, & en donnerent une attcftation en bonne forme. Le manufcrit fut écrit

au troifiéme fiècle par un Juif, pour l'ufage d'un de fes confreres.

Comme les manufcrits Hebreux anciens & d'avant la Maffore font extrêmement rares,

ne font

& que

les Juifs pas autrement curieux d'anciens exemplaires; de là vient qu'on en trouve fi peu aujourd'hui où l'ancienne & veritable leçon fe voie : tous les Juifs ayant grand foin de conformer leurs Bibles à celles des. Mafforétes, qui paffent pour les plus correctes. Lorfque le Cardinal Ximénes fit imprimer les premiéres Polyglottes à Alcala, il y rétablit la leçon de caaru. Bomberg fameux Imprimeur de Venife en

vouloit faire autant dans les Bibles

Hebraïques qu'il imprima; mais le Juif qui corrigeoit fes épreuves l'en empêcha, lui difant que s'il faifoit cette correction il feroit en forte que les Juifs n'acheteroient aucun de fes exemplaires. Amama affure qu'il avoit appris cette hiftoire de Drufius qui la lui avoit repetée plus d'une fois.

Les verfions Orientales anciennes conviennent avec celles des Grecs & des Latins. On a déja vû le Caldéen qui admet l'une & l'autre leçon. La verfion Syriaque qui eft trés-ancienne & qu'on croit faite dés les temps Apoftoliques, porte: ils ont percé ou déchiré mes pieds & mes mains. Les traductions Arabes & Ethiopiennes font prifes fur celle des Sepante , & elles lui font femblables. Tertullien lifoit : exterminaverunt manus meas & pedes meos. Ils ont exterminé, perdu, gâté, mis en pièces mes pieds & mes mains. S. Cyprien: effoderunt. Ils ont arraché, ils ont creusé jusqu'au

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