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XV. Je regarde encore la fimonie comme un effet Simonie. de l'ignorance. Un homme éclairé, & perfuadé de la religion Chrétienne, ne s'avisera jamais d'en faire un moyen de s'enrichir. Il compren

dra qu'elle eft d'un ordre plus élevé, & nous Aa.vi.propose d'autres biens. Simon lui-même n'offroit 18. &c. de l'argent à S. Pierre, que parce qu'il n'entendoit rien à cette céleste doctrine; & ne demandoit qu'à pouvoir communiquer aux autres le don des miracles pour fe faire admirer & amaffer des tréfors. Plus les hommes font groffiers & ignorans, plus ils font touchés des biens temporels & capables d'y tout rapporter. Les biens fpirituels & invifibles leur paroiffent de belles chimères ; ils s'en moquent, & ne comptent pour les biens folides, que ce qu'ils tiennent entre leurs mains. Aufli ne vois-je point de temps où la fimonie ait régné dans l'églife fi ouvertement que dans le dixième & l'onzième fiècle. Les princes, qui depuis long-temps s'étoient rendus maîtres des élections, vendoient au plus offrant les évêchés & les abbayes; & les évêques fe récompenfoient en détail de ce qu'ils avoient une fois donné: ordonnant des prêtres pour de l'argent, & fe faifant payer les confécrations d'églife & les autres fonctions. Voyez le difcours du pape Silveftre II aux Hift. liv. évêques. A des gens peu touchés des vérités LVIII.A. de la foi, il femble que c'est faire de rien quelque chofe, que d'amaffer des richeffes en an. t. 2, prononçant des paroles & faifant des cérémonies > ils fe croient plus fins que ceux qui le font gra

II.

Mabil.

P. 130.

tuitement.

Or la fimonie a été dans tous les temps la ruine de la difcipline & de la morale chrétienne, dont le premier pas eft le mépris des richefies & le renoncement, du moins d'affection, aux

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biens mêmes que l'on pofsède. Car qui enfeignera cette morale fi fublime, quand ceux qui devroient l'enfeigner l'ignorent eux-mêmes, quand le fel de la terre eft corrompu? Qui ne cherche au contraire à s'enrichir, quand il voit que ni la fcience ni la vertu n'élèvent perfonne aux premières places, & qu'il n'y a que l'argent & la faveur? Ainfi, par un malheureux cerde, l'ignorance & la corruption du cœur produit la fimonie, & la fimonie augmente l'ignorance & le mépris de la vertu.

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Alex. 11.

C. 10. 11.

Ce fut auffi principalement ces trois défordres, XVI. la fimonie, les violences des feigneurs, & l'in- Pénitencontinence des clercs, que les Saints de l'on- ce zième fiècle combattirent avec plus de zèle: epift. 29. mais l'ignorance de l'ancienne difcipline, fit que 20. &c. l'on fe méprit dans l'application des remèdes. Pet.Dam. Ils étoient de deux fortes : les pénitences, & les opuf.vit. cenfures contre ceux qui ne fe foumettoient pas à la pénitence. Les pénitences canoniques étoient encore en vigueur à la fin de l'onzième fiècle, j'en ai rapporté des exemples; loin de fe plaindre qu'elles fuffent exceffives on fe plaignoit de certains nouveaux canons fans autorité, qui les avoient notablement diminuées. Mais on s'étoit imaginé, je ne fais fur quel fondement, que chaque péché de même espèce méritoit fa pénitence; que fi un homicide, par exemple, devoit être expié par une pénitence de dix ans, il falloit cent ans pour dix homicides; ce qui rendoit les pénitences impoffibles & les canons ridicules. Auffi n'étoit-ce pas ainfi que l'entendoient les anciens. Je crois bien que le nombre des péchés de même efpèce ajoutoit à la rigueur de la pénitence, qui étoit toujours foumife à la difcrétion des évêques : mais enfin elle fe mefuroit à proportion de la vie

HiA. 1.

LVIII. n.

14.

10.

des hommes, & on n'obligeoit à faire pénitence jufqu'à la mort, que pour certains crimes les plus énormes.

Depuis que l'on eut rendu les pénitences impoffibles, à force de les multiplier, il fallut venir 52. à des compenfations & des eftimations, telles Burch. l. qu'on les voit dans le décret de Burchard, & 6. c. 12. dans les écrits de Pierre Damien. C'étoit des Pet.Dam. pleaumes, des génuflexions, des coups de difVita SS. cipline, des aumônes, des pélerinages: toutes Rod. &c. actions que l'on peut faire fans fe convertir. Ainfi Dom. c. celui qui en récitant des pfeaumes ou fe flagellant rachetoit en peu de jours plufieurs années de pénitence, n'en retitoit pas le fruit qu'elle eût produit: favoir, d'exciter & de fortifier les fentimens de componction par de longues & fréquentes réflexions, & de détruire les mauvaifes habitudes, en demeurant long-temps éloigné des occafions, & pratiquant long-temps les vertus contraires. C'eft ce que ne faifoient pas des génuflexions ou des prières vocales. Les pénitences acquittées par autrui le faifoient beaucoup moins; & les difciplines qu'un faint moine fe donnoit pour un pécheur, n'étoient pas pour ce pécheur des pénitences médicinales. Car le péché n'eft pas comme une dette pécuniaire, que tout autre peut payer à la décharge du débiteur, & en quelque monnoie que ce foit; c'est une maladie qu'il faut guérir en la perfonne du malade. Aufli un concile national 1565. d'Angleterre tenu l'an 747, condamnoit ces Hift. 1. pénitences acquittées par autrui, & en apporXXXVIII. toit cette raison remarquable: que par ce moyen les riches fe fauveroient plus aifément que les pauvres, contre la parole expreffe de l'évangile. Un autre abus furent les pénitences forcées, Tolet. 6. J'en trouve en Efpagne dès le feptième fiècle.

tom. 6.

conc.pag.

n. 14.

Conc.

LIV. n.

23. 24.

Conc.

c. 2.

Enfuite les évêques voyant plufieurs pécheurs Hif. 1. qui ne venoient point fe foumettre à la pénitence, s'en plaignirent dans les parlemens, & prièrent les princes de les y contraindre par leur Tribur. puiffance temporelle. C'étoit bien ignorer la na- an. 895. ture de la pénitence, qui confifte dans le repen- Hift. liv. tir & dans la converfion du cœur: c'étoit met- LI. n. 8. tre le pécheur, qui, pour prévenir la juftice Nic. 1. divine, fe punit volontairement lui-même, au ep. 66. rang du criminel, que la juftice humaine punit malgré lui. Je compte entre les pénitences forcées, les défenfes que les évêques faifoient à des coupables non pénitens, de manger de la chair, de porter du linge, de monter à cheval, & d'autres femblables. Si les coupables les obfervoient, j'admire leur docilité s'ils ne les obfervoient pas, j'admire la fimplicité des évêques.

Cenfu

L'autre remède contre les défordres du dixiè- XVII. me fiècle, furent les excommunications & les autres cenfures eccléfiaftiques. Le remède étoit res bon en foi; mais à force de le pouffer, on le rendit inutile. Les cenfures ne font des peines que pour ceux qui les craignent; car que ferviroit de défendre à un Juif ou à un Mahométan l'entrée de l'église ou l'ufage des facremens? Donc quand un Chrétien eft affez méchant pour méprifer les cenfures, ou affez fort pour les violer impunément, elles ne font que l'irriter fans le corriger; parce qu'elles ne font fondées. que fur la foi & fur le refpect de la puiffance de l'églife. Il n'en eft pas de même des peines temporelles tout homme craint naturellement la perte de fes biens, de fa liberté, de fa vie.

C'eft fur ces principes que les anciens avoient ffagement réglé l'ufage des peines fpirituelles. La difcipline ne fut jamais plus févère que du

temps des perfécutions. Comme tous ceux qui fe faifoient Chrétiens, le faifoient de bonne foi & après de longues épreuves, ils étoient dociles & foumis à leurs fupérieurs. Si quelqu'un ne vouloit pas obéir, il avoit toute liberté de fe retirer & de retourner au paganifme, fans être retenu par aucun refpect humain, & l'église en Cypr. fer, étoit délivrée. Mais en ces temps-là même, on de lapf. évitoit, tant qu'il étoit poffible, d'en venir à cette extrémité; & l'églife fouffroit dans fon

cont. Parm.

c. 2. n. 8.

Ib. n. 13.

fein jufqu'à de mauvais pafteurs, plutôt que de s'expofer au péril de rompre l'unité.

Aug.111. Depuis que les Chrétiens furent devenus le plus grand nombre, l'Eglife fut encore plus réfervée à ufer de fon autorité, & S. Auguftin nous apprend, non comme une difcipline nou14. &c. velle, mais comme l'ancienne tradition, qu'elle toléroit les péchés de la multitude, & n'employoit les peines que contre les particuliers; lorfqu'un méchant fe trouvant feul au milieu d'un grand nombre de bons, il étoit vraifemblable qu'il fe foumettroit, ou que tous s'élèveroient contre lui. Mais, ajoute-t-il, quand le méchant eft affez fort pour entraîner la multitude, ou quand c'eft la multitude qui eft coupable, il ne refte que de gémir devant Dieu, & d'exhorter en général, profitant des occafions où le peuple eft mieux difpofé à s'humilier, comme dans les calamités publiques. Hift. liv. Suivant ces fages maximes, le pape XII. n. 4. prit la défense de S. Athanafe perfécuté, & 24. écrivit en fa faveur; & le pape Innocent en Liv. XXI. ufa'de même à l'égard de S. Chryfoftôme: mais ils fe gardèrent bien de prononcer ni dépofition, ni excommunication contre les évêques qui avoient condamné injuftement ces grands Saints, fachant bien qu'ils n'euffent pas été

n.49.50.

Jules

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