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Donatiftes, qui avoient tué un prêtre d'Hippone & mutilé un autre. Il le conjure de ne les pas traiter comme ils avoient traité les Catho liques, & ajoute; nous pourrions diffimuler leur mort, puifque nous ne les avons ni accufés, ni amenés devant vous: mais nous ferions fâchés que les fouffrances des ferviteurs de Dieu fuffent vengées par la loi du talion. Il en écrivit Ep. 134. auf au proconfal Apringius, à qui il dit qu'on fera lire dans l'églife les actes du procès de ces hérétiques, pour ramener ceux qu'ils ont féduits. Voulez-vous, ajoute-t-il, que nous n'ofions les faire lire jusqu'au bout, s'ils contiennent l'exéEp. 139. cution fanglante de ces malheureux ? Dans une al. 158. autre lettre à Marcellin il dit que les fouffrances des ferviteurs de Dieu feroient déshonorées par le fang de leurs ennemis, & cite l'exemple des martyrs d'Anaune.

al. 160.

XX. 8.22.

C'étoit trois eccléfiaftiques qui furent tués par les barbares du Trentin auxquels ils prêchoient l'évangile. Les meurtriers furent pris ; mais on demanda leur grâce à l'empereur, qui Hift. 1. Paccorda facilement. Dix ou douze ans auparavant, Marcel évêque d'Apamée en Syrie, ayant été brûlé vif par des Païens dont il avoit abattu le temple, fes enfans vouloient venger fa mort; mais le concile de la province s'y oppofa, jugeant qu'il n'étoit pas jufte de pourfuivre la punition d'une mort, dont il falloit Z.xvIII. plutôt tendre grâces à Dieu. Entre plufieurs autres exemples femblab'es, je m'arrête à celuiSoz. vII. ci, parce que rien ne fait mieux voir quel étoit fur ce point l'efprit de l'églife, que la décifion d'un concile entier.

n. 39.

6.15.

Hift. 1.

Mais cette fainte difcipline étoit oubliée dès XLIII. . le huitième fiècle. La mort.de faint Boniface de Mayence fut vengée par les Chrétiens du pays

21.

n. 62.

& plufieurs Païens tués à cette occafion. Saint Venceslas, duc de Bohême, ayant été tué en haine de la religion par fon frère Boleflas: Otton I, roi d'Allemagne, fit la guerre à celuici pour la mort du martyr. Boleflas le cruel roi de Pologne, ayant tué Š. Staniflas, évêque de L. Lv. m. Cracovie, fut privé de la dignité royale par le 21. pape Grégoire VII, fuivant les hiftoriens Po- . LXII. lonois. Sitôt que faint Thomas de Cantorberi L. xxxII. eût été tué, le roi de France & l'archevêque n. 34-37de Sens fon beau-frère, envoyèrent au pape demander justice de la mort du faint prélat, qu'ils traitoient toutefois de martyr, & le pape ne fe laiffa fléchir qu'à de preffantes follicitations , pour ne pas excommunier le roi d'Angleterre, & mettre le royaume en interdit; ce qui, fuivant les maximes du temps, tendoit à le détrôner. Auffi ce prince en eut une telle L.LXXVE alarme, qu'il fe retira en Irlande, jufqu'à ce n. 38. qu'il fut affuré de fon abfolution. Le pape Innocent III décerna les plus grandes peines contre le comte de Toulouie, que l'on croyoit au teur du meurtre du bienheureux Pierre de Caftelnau. Il ordonna de le dénoncer excommunié ; il déclara tous ceux qui lui avoient fait ferment difpenfés de l'obferver, & permit à tout ca tholique de pourfuivre fa perfonne & s'emparer de fes terres. Enfin rien n'eft plus éloigné de l'ancienne douceur eccléfiaftique, que la conduite de Henri, archevêque de Cologne, pour venger la mort de faint Engelbert fon prédé- L.LXXIX. ceffeur. Sitôt qu'il est élu archevêque, il fait 1, 12. ferment de pourfuivre cette vengeance toute fa S. Envie. Il fait porter avec lui le corps à la diète, gelb. Sur. & le préfente au roi & aux feigneurs : il fait 7. Nor. mettre au ban de l'empire le comte Frideric, auteur du meurtre: il promet mille marcs d'ar

20. Via

L. LVIII. 2. 53.

8. 10.

gent à quiconque le lui livrera, il le paye dou ble; & l'ayant pris, le fait mourir cruellement par la main du bourreau, quoiqu'il témoignât tout le repentir poffible.

A l'égard des hérétiques, ceux qui furent découverts à Orléans & convaincus, en présence du roi Robert, furent brûlés auffitôt ; & fi les évêques ne pourfuivirent pas leur mort, du L. LXVI. moins il ne paroit pas qu'ils s'y oppofaffent. Mais les Bogomiles Manichéens, comme ceuxci, que l'empereur Alexis Comnene découvrit à Conftantinople, furent condamnés au feu par le L. 1x. C. clergé & le patriarche même. Ce fut la peine Th. de ordinaire de ces hérétiques nommés Cathares, hær. 1.12. Patarins, Albigeois, & de plufieurs autres HiA. 1. noms fuivant les pays, mais tous Manichéens, XVIII. n. Ils avoient été condamnés à mort dès le qua2. trième fiècle par l'empereur Juftin, & leurs

XXXI.

n. 59.

LXXIII.

♫. 22.

abominations le méritoient bien : mais ce Can. 27. n'étoit pas aux eccléfiaftiques à en pourfuivre Hift. . l'exécution. Auffi voyons-nous que le concile de Latran, fous Alexandre III, reconnoît que l'églife rejette les exécutions fanglantes, quoiqu'elle fouffre d'être aidée par les lois des princes Chrétiens pour réprimer les hérétiques : la maxime a toujours été constante.

Ap.Rain. Mais dans la pratique on ne l'a pas toujours 1204. n. fuivie. Quand le pape Innocent III écrivoit au 65. roi Philippe Augufte d'employer fes armes HiA. 1. contre les Albigeois, & quand il faifoit prêcher LXXVI. n. en France la croifade contre eux, étoit-ce rejeter Hift. Al- les exécutions fanglantes? Je parlerai des croi big. 6. fades en général dans un autre difcours; je ne 16.c.37. parle ici que de la pourfuite des hérétiques, &

47.

j'avoue que je ne puis accorder la conduite des eccléfiaftiques du treizième fiècle avec celle des faints du quatrième. Quand je vois les évêques

i

& les abbés de Citeaux à la tête de ces armées
qui faifoient un fi grand carnage des hérétiques,
comme à la prise de Beziers: quand je vois l'ab-
bé de Câteaux défirer la mort des hérétiques de
Minerbe, quoiqu'il n'osât les y condamner ou
vertement, parce qu'il étoit moine & prêtre :
& les croifés brûler ces malheureux avec grande
joie comme dit le moine de Vaux-Sernai en
plufieurs endroits de fon hiftoire; en tout cela
je ne reconnois plus l'efprit de l'églife.

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Aug. in Jo. tract.

Si l'on n'épargnoit pas la vie des hérétiques, il ne faut pas s'étonner qu'on leur ôtât leurs biens. Auffi avez-vous vu que Grégoire VII offroit à Suenon, roi de Danemarck, une province très-riche occupée par des hérétiques pour être le partage d'un de fes fils; comme fi l'hé réfie étoit un titre légitime de conquête. Depuis les canoniftes ont établi en maxime que les hérétiques n'ont droit de rien pofféder fe fondant fur quelques paffages de faint Auguftin rapportés par Gratien. Mais ils ont éten. du à tous les hérétiques & à tous leurs biens ce que faint Auguftin ne dit que des Donatiftes, des amendes pécuniaires décernées contre eux & des biens d'églife qu'on les avoit obligés à Bonif.ep rendre. Laiffez les réflexions de Gratien, les 1.85. als fommaires & les glofes modernes, & lifez les 50 HA. I. textes originaux : vous verrez qu'ils ne re'pi- xx111.8, rent que douceur & charité, & qu'il ne s'agit 39. que de reftitutions juftes & de peines médicinales pour la converfion des hérétiques.

des Donatiftes,

6. in fine ad Vine.

p. 93. al.

48. ad

Quand faint Grégoire de Nazianze fut appelé Hif. L. à Conftantinople, quoiqu'il pût fe prévaloir xvII. 8. de toute la puiffance de l'empereur Théodose, 50. 62. il ne s'appuya que fur la patience chrétienne ; il ne follicita point les magiftrats pour faire exé cuter contre les hérétiques, les lois qu'ils

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Ep. 81.

méprifoient. Loin de faire confifquer leurs biens, il ne voulut pas faire la moindre démarche pour les obliger à la restitution des revenus immenfes de fon églife, qu'ils payoient depuis quarante ans. Il pardonna généreufement à un affaffin venu jufques dans fa chambre pour le tuer. Il fouffrit d'être poursuivi à coups de pierre jufques dans l'églife; & répondit à un ami qui en étoit indigné : il eft bon de faire punir les coupables pour la correction des autres; mais il eft meilleur & plus divin de foufLib. 1. frir. Ces nobles fentimens étoient oubliés au epift. 10. douzième fiècle, où Pierre de Celles, écrivant à S. Thomas de Cantorberi, difoit que la patience feule étoit le partage de la primitive égli fe perfécutée par les ennemis du dehors: mais à préfent, ajoute-t il, qu'elle eft venue en âge mûr, elle doit corriger les enfans. Comme fi l'églife n'avoit pas été dans fa force fous le grand Théodofe ou n'avoit fouffert que par foibleffe les perfécutions des païens & des hérétiques.

me: sdans

n. 56.

XV. Je finis ces triftes réflexions par le changement Change introduit dans les pénitences. On tourna les pénila pénitences publiques en fupplices & en peines temtence. porelles. J'appelle fupplices ces fpectacles afVid. 1. freux que l'on donnoit au public; faifant paroîLXIII.A. tre le pénitent nu jufques à la ceinture, avec 12. LXXV. une corde au cou & des verges à la main, dont H. 1. il fe faifoit fuftiger par le clergé : comme on fit LXXVI. entre autres à Raimond le vieux, comte de 47. hift. Tou'oufe. Je ne doute point que ce ne foit l'origine des amendes honorables, reçues, depuis plufieurs fiècles, dans les tribunaux féculiers, mais inconnues à toute l'antiquité; & c'eft auffi la fource de ces confréries de pénitens établies en quelques provinces: pénitens

Abig

12.

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