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conc. P.

LIX. n.

28.42.

fins, & de les affoiblir en Efpagne, où leur To. x. puiffance en effet a toujours diminué depuis les Croifades. Enfin, le pape Urbain fait en515. D. trevoir dans un de fes fermons un autre motif Hift. L important; c'est d'éteindre les guerres particulières qui régnoient en Occident depuis plus de deux cents ans, & qui tenoient les feigneurs continuellement armés les uns contre les autres. La Croifade fut plus utile pour cet effet que n'avoit été la trève de Dieu, établie par plufieurs conciles vers l'an 1040, pour fufpendre pendant certains jours de la femaine, les actes d'hoftilité. La Croifade tourna contre les infidelles les forces que les Chrétiens employoient à fe détruire eux-mêmes : elle affoiblit la nobleffe, l'engageant à des dépenfes immenfes ; & les fouverains cependant prirent le deffus, & rétablirent peu à peu leur autorité. Je ne vois point que l'on ait mis alors en queftion, fi cette guerre étoit jufte tous les Chrétiens d'Orient & d'Occident le fuppofoient également. Toutefois la différence de religion n'est pas une caufe fuffifante de guerre : & faint 2.2.9.10. Thomas écrivant dans le troifième fiècle, lorf

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c. 28. que les Croisades étoient encore fréquentes dit qu'on ne doit pas contraindre les infidelles à embraffer la foi, mais feulement que les fidelles doivent, quand ils le peuvent, employer la force pour les empêcher de nuire à la religion, foit par leurs perfuafions, foit par leurs perfécutions ouvertes. Et c'eft pour cela, continue-t-il, que les Chrétiens font fouvent la guerre aux infidelles, non pour les contraindre

croire, mais pour les contraindre à ne pas mettre d'obftacle à la foi. Sur ce fondement, les princes Chrétiens ont cru de tout temps être en droit de protéger les Chrétiens étrangers

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opprimés

XXIV n.

29 liv.

LXIV.

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opprimés par leurs fouverains. Ainfi Théodofe Socr. vir. le jeune refufa de rendre au roi de Perie les hift.c.18. Chrétiens Perfans réfugiés chez les Romains, Hift. i. & lui déclara la guerre pour faire ceffer la perfécution. De ce genre, fut la première Croisade l'empereur de Conftantinople imploroit le 31. fecours des Latins contre la puidance formidable des Turcs Seljouquides; & les Chrétiens d'Orient le demandoient encore plus inftamment par les lettres lamentables du patriarche de Jérufalem, que Pierre l'ermite apporta au pape Urbain.

eut

XLII. n.

19.

Il faut auffi convenir de bonne foi que l'averfion des Chrétiens pour les Mufulmans, grande part au deffein de la Croifade. On les regardoit comme une nation maudite, comme des ennemis déclarés de la vraie religion, faifant profeffion d'établir la leur en tous lieux par la force des armes. Leurs propres fujets ne pouvoient s'accoutumer à leur obéir. Saint Jean Hift. liv. Damafcène,, vivant dans la capitale de leur empire un fiècle après leur conquête, adreffe la Damafc. parole à l'empereur Leon Ifaurien, comme à de Imig. fon fouverain, légitime. Cinquante ans après, or. 2. n. les patriarches d'Orient, dans leurs lettres au 12. to. 7. feptième concile général, reconnoiffent de mê- conc. p. me les empereurs Grecs pour leurs maîtres, & traitent les princes Mufulmans de tyrans exé XLIV. crables. Enfin les Chrétiens d'Efpagne n'étoient 33, pas encore apprivoifés avec eux au milieu du Eulog. neuvième fiècle, comme on voit dans S. Euloge de Cordoue. J'avoue que je ne reconnois plus ici le premier efprit du chriftianisme, Vita Bani cette foumiffion parfaite aux empereurs païens fil. n. 91. pendant trois cents ans de perfécution. Mais les Anaf. p. faits ne font que trop certains; & les princes Dim. p. Chrétiens ne traitoient pas les Musulmans pris 96.

L

170.175.

Hift. l.

memor.

14.

11.

II.

en guerre, comme de fimples ennemis : témoins ceux que l'empereur Bafile Macédonien fit écorcher & ceux que firent mourir les papes Leon IV, Jean VII & Benoît VIII.

La Croifade ne fut pas réfolue par le pape Indul- Urbain feul, mais par le concile de Clermont compofé de plus de deux cents évêques affemplénière, blés de tout l'Occident; & on y fut fi perfuadé

gence

de la volonté de Dieu pour former cette entreprife, que l'on en fit le cri de guerre. Pour venir à l'exécution, & mettre les peuples en mouvement, le grand reffort fut l'indulgence. plénière, & ce fut alors qu'elle commença. De tout temps l'église avoit laiffé à la difcrétion des évêques de remettre quelque partie de la pénitence canonique, fuivant la ferveur du pénitent & les autres circonftances; mais on n'avoit point vu jufques alors, qu'en faveur d'une feule œuvre, le pécheur fût déchargé de toutes les peines temporelles dont il pouvoit être redevable à la juftice de Dieu. Il ne falloit pas moins qu'un concile nombreux, préfidé par le pape en perfonne, pour autorifer un tel changement dans l'ufage de la pénitence; & on crut fans doute en avoir de bonnes raisons. Depuis plus de deux fiècles, les évêques avoient beaucoup de peine à foumettre les pécheurs aux 3. Difc. pénitences canoniques: on les avoit même rendues impraticables en les multipliant felon le Hift. 1. nombre des péchés, d'où étoit venue l'invenLX.. 52. tion de les commuer, pour en racheter des années entières en peu de jours. Or, entre les commutations de pénitence, on employoit depuis long-temps les pélerinages de Rome, de Compoftelle, ou de Jérufalem; & la Croifade ajoutoit les périls de la guerre. On crut donc que cette pénitence valoit bien les jeûnes, les

n. 16.

prières & les aumônes que chaque pénitent pouvoit faire en particulier, & qu'elle feroit plus utile à l'églife, fans être moins agréable à Dieu.

L'indulgence tenoit lieu de folde aux Croisés, & je ne vois pas dans les premiers voyages de levées de deniers pour l'entretien de ces troupes. La première fut la décime Saladine, à l'occafion de la troisième Croifade; mais comme l'indulgence ne donnoit pas la nourriture corporelle, on fuppofoit que les Croilés fubfifteroient à leurs dépens, ou aux frais des riches qui voudroient bien les entretenir; & cette dépenfe très- confidérable, dans un fi long voyage, devoit être comptée pour une grande partie de la pénitence. L'indulgence ne laiffa pas d'être acceptée avec joie, même à ces conditions.

Les nobles qui fe fentoient la plupart chargés de crimes, entr'autres de pillages fur les églifes & les pauvres, s'eftimèrent heureux d'avoir pour toute pénitence leur exercice ordinaire, qui étoit de faire la guerre, avec espérance, s'ils y étoient tués, de la gloire du martyre. Auparavant une partie de la pénitence étoit de ne point porter les armes & de ne point monter à cheval ici l'un & l'autre étoit non-feulement permis, mais commandé, en forte que les Croifés changeoient feulement d'objet fans rien changer à leur manière de vie. La nobleffe entraînoit le petit peuple dont la plupart étoient des ferfs attachés aux terres, & entièrement dépendans de leurs feigneurs; & plufieurs fans doute aimoient mieux les fuivre dans ce voyage, que de demeurer chez eux occupés à l'agriculture &

11.

aux métiers. Ainfi fe formèrent ces armées im- Hift. 1. menfes que vous voyez dans l'histoire : il fem- LXIV. bloit qu'il n'y eût qu'à marcher vers la terre- 11 45. affurer fon falut.

fainte

pour

46.

Les eccléfiaftiques fe croifèrent comme les autres mais ce devoit être par un motif différent, pour inftruire les Croifés, les confoler & leur adminiftrer les facremens, non pour racheter eux-mêmes leurs pénitences : car fuivant les vraies règles, les pénitences canoniques n'étoient pas établies pour les clercs: quand ils avoient failli, on fe contentoit, fuivant le Can. 2. canon des Apôtres, de les dépofer & les réduire à l'état des laïques, fans y ajouter d'autre peine, pour ne les pas punir deux fois. Peut-être néanmoins qu'on n'y regardoit pas de fi près dans l'onzième fiècle, & que les eccléfiaftiques, dont il n'y avoit que trop de coupables, cherchoient auffi-bien que les laïques à expier leurs péchés par la croisade. Ce qui eft certain, c'eft qu'ils fe croyoient permis de porter les armes, & de s'en fervir en cette guerre & en toutes les autres, contre les infiHift. 1. delles. Vous avez vu les évêques de Hongrie, LXXXI.7. armés contre les Tartares, lorfqu'ils défolèrent 48.

l.

ce royaume en 1241. Les prélats du cinquième fiècle n'en ufoient pas ainfi : le pape S. Leon & S. Loup, évêque de Troyes, n'arrêtèrent Hift. Attila que par leurs prières & leurs raifons; & XXVIII.n. ceux qui ne pouvoient arrêter ces barbares par XXXVII. la douceur, fe laiffoient maffacrer, comme S. น. 49. Nicaife de Reims, & S. Privat de Givaudan ; Martyr & l'églife approuvoit tellement leur conduite, 21. Aug. qu'elle les compte entre les martyrs.

39.

14. Dec.

Les moines mêmes & leurs abbés fe croifèrent, quoique cette dévotion les éloignât plus que les autres de leur vocation, qui étoit la Greg. de folitude & la retraite. J'ai rapporté en fon lieu la réponse de S. Grégoire de Nyffe à un SoliHift. liv. taire de Cappadoce, qui l'avoit confulté fur le XVII. 49. voyage de Jérufalem, & vous avez vu qu'il

Eunt.

Hier.

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