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taphrafte, qui nous a gâté tant de vies de Saints, prétendant les rendre plus agréables, fuivant le témoignage de Pfellus fon admirateur.

On voit chez les Grecs, pour le moins autant que chez les Latins, l'amour des fables & la fuperftition, l'un & l'autre enfans de l'ignorance. Pour les fables, je me contenterai de citer l'image miraculeufe d'Edeffe, dont l'empereur Conftantin Porphyrogenete a fait une fi longue hiftoire, que j'ai rapportée exprès. Pour les fuperftitions, l'hiftoire Bizantine en fournit des exemples à chaque page. Il n'y a point d'em- Hift. 1. pereur qui monte fur le trône ou qui en descen- Lv. n.30. de, fans préfages ou prédictions. Il y a toujours quelque caloyer dans une île, fameux par l'auftérité de fa vie, qui promet l'empire à un grand capitaine, & le nouvel empereur le fait évêque d'un grand fiége. Mais ces prétendus prophètes étoient fouvent des impofteurs. Je reviens maintenant à l'Occident.

Clercs chaffeurs & guer

riers.

Un autre effet de la domination des barbares, VIII. c'eft que les évêques & les clercs devinrent chaffeurs & guerriers comme les laïques, ce qui toutefois n'arriva pas fitôt; car dans les commencemens, les barbares, quoique chrétiens n'étoient pas admis dans le clergé. Outre l'ignorance, leur férocité & leur légéreté naturelle empêchoit de leur confier l'administration des facremens & la conduite des ames. Ce ne fut guère qu'au feptième fiècle qu'ils entrèrent in différemment dans les ordres, autant que je puis juger par le nom des évêques & des clercs, qui juiques-là font prefque tous Romains. Auffi ne voyons-nous que depuis ce temps des défenfes Epaon.c. aux clercs de porter les armes, de chaffer, & 4. Cabil,

pour

Conc:

le 2. c. 9.

de nourrir des chiens & des oiseaux
plaifir. Or l'exercice violent de la chasse”, l'atti-

54.XXXI.

rail & la dépenfe qui en font les fuites, ne s'accordent pas avec la modeftie cléricale, avec l'étude, la prière, le foin des pauvres, l'inftruction des peuples, une vie réglée & mortifiée.

L'exercice des armes en eft encore plus éloigné; cependant il devint en quelque façon néceffaire aux évêques, à caufe des biens eccléfiaftiques; car ce fut en ce temps-là que s'établit le droit des fiefs. Sous les deux premières races de nos rois, & bien avant dans la troisième

la guerre ne fe faifoit point par des troupes enrôlées & foudoyées mais par ceux à qui les princes & les feigneurs avoient donné des terres à la charge du fervice. Chacun favoit ce qu'il devoit fournir d'hommes, de chevaux & d'armes, & il devoit les mener lorfqu'il étoit commandé. Or comme les églifes poffédoient dèslors de grandes terres, les évêques fe trouvèrent engagés à fervir l'état comme les autres feigneurs. Je dis les évêques, car tous les biens eccléfiaftiques de chaque diocèse étoient encore adminiftrés en commun fous leur autorité; on

L.xxx.n. n'en avoit diftrait que les biens des monastères : num. 1. ces portions attribuées à chaque clerc , que XXXII. n. nous appellons alors bénéfices, n'étoient pas

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encore diftinguées ; & ce que l'on appeloit alors bénéfices, étoient ou des fiefs donnés à des laïques, ou l'ufufruit de quelque fonds de l'église accordé à un clerc pour récompenfe ou autrement, à la charge de revenir après fa mort à la maffe commune.

Les évêques avoient leurs vaffaux obligés à fervir à leur ordre pour les fiefs qu'ils tenoient d'eux; & quand l'évêque lui-même étoit mandé par le roi, il devoit marcher à la tête de fes troupes. Charlemagne trouvant ce droit établi XXVI, voulut bien s'en relâcher à la prière de fon

Hift. 1.

XLV. n.

peuple;

peuple; & il difpenfa les éveques de fervir en perfonne, pourvu qu'ils envoyaflent leurs vaffaux. Mais ce règlement fut mal obtervé, & nous voyons après comme devant, les évêques armés, combartans, pris & tués à la guerre.

Indépendamment de la guerre, les feigneuries IX. temporelles devinrent aux évêques une grande Seigneu fource de distraction. Les feigneurs avoient ries temporel es beaucoup de part aux affaires d'état, qui fe traides égli toient ou dans les affemblées générales, ou dans fes. les confeils particuliers des princes; & les évêques, comme lettrés, y étoient plus utiles que les autres feigneurs. Il falloit donc être prefque toujours en voyage: car ni la cour du prince, ni les affemblées ou parlemens, n'avoient point de lieu fixe. Charlemagne, par exemple, étoit tantôt deçà, tantôt de-là le Rhin; tantôten Italie, tantôt en Saxe: aujourd'hui à Rome, dans trois mois à Aix-la-Chapelle. Il menoit toujours avec lui grand nombre d'evêques, fuivis de leurs vaffaux & de leurs domestiques. Quelle perte de temps! Quelle distraction! Quand trouvoient-ils du loifir pour vifiter leurs diocèfes, pour prêcher, pour étudier? les parlemens ou affemblées générales étoient auffi des conciles; mais ce n'étoit plus ces conciles établis fi fagement par les canons en chaque province, entre les évêques voifins c'étoit des conciles nationaux de tout l'empire François, où l'on voyoit ensemble l'archevêque de Cologne avec ceux de Tours, de Narbonne & de Milan, les évêques d'Italie, de Saxe & d'Aquitaine. Les règlemens en étoient plus uniformes; mais le peu de résidence des évêques nuifoit à l'exécution.

Ces affemblées étoient effentiellement parlemens & conciles par occafion, pour profiter de la rencontre de tant d'évêques enfemble. Le

E

principal objet étoit donc le temporel, les affaires d'état : & les évêques ne pouvoient se dis penfer d'y prendre part, étant convoqués pour cet effet comme les autres feigneurs. De-là vient ce mélange du temporel & du fpirituel, fi perHift. 7. nicieux à la religion. J'ai rapporté en leur XXII. 7. temps les maximes des anciens fur la diftinction 45. liv. des deux puiffances eccléfiaftiques & féculière;

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31.

entr'autres la lettre de Synefius, & le fameux paffage du pape Gélafe, tant de fois relevé dans la fuite. Vous avez vu que ces faints docteurs étoient perfuadés, qu'encore que les deux puiffances euffent été jointes quelquefois avant la venue de Jefus-Chrift, Dieu connoiffant la foibleffe humaine, les a depuis entièrement féparées; & que comme les princes fouverains, bien qu'établis par l'ordre de Dieu, n'ont aucune part au facerdoce de la loi nouvelle, ainfi les évêques n'ont reçu de Jefus-Chrift aucun pouvoir fur les chofes temporelles en forte qu'ils font entièrement foumis aux princes à cet égard, comme pour le fpirituel les princes font entièrement foumis aux évêques. Voilà les maximes de la fainte antiquité, que nous voyons en leur entier au huitième fiècle dans la feconde lettre du pape Grégoire III à Leon Ifaurien. Hift. 1. Le pape Nicolas I les alléguoit encore au fiècle XLII. 7. fuivant, écrivant à l'empereur de ConftantinoNic. ple. Avant Jefus-Chrift, dit-il, il y avoit des 8. to. 8. rois qui étoient auffi prêtres, comme MelchifeP. dech. Le diable l'a imité en la perfonne des empereurs payens qui étoient fouverains Pontifes. hift. 1. 1. Mais après la venue de celui qui est véritablement roi & pontife, l'empereur ne s'eft plus attribué les droits de pontife, ni le pontife les droits de l'empereur. Jefus-Christ a séparé les deux puiffances: en forte que les empereurs

9.

conc.

ep.

324. B.

B. 41.

chrétiens euffent befoin des pontifes pour la vie éternelle, & que les pontifes fe ferviffent des lois des empereurs pour la vie & les affaires temporelles. Ainfi parloit le pape Nicolas, que perfonne n'accufe d'avoir négligé les droits de fon fiége.

X.

Conclufion des

Mais depuis que les évêques fe virent feigneurs & admis en part du gouvernement des états, ils crurent avoir, comme évêques, ce deux qu'ils n'avoient que comme feigneurs; ils pré- puiffantendirent juger les rois, non feulement dans le ces. tribunal de la pénitence, mais dans les conciles; & les rois, peu inftruits de leurs droits, n'en difconvenoient pas, comme je l'ai rapporté, entr'autres, de Charles le Chauve & de Louis d'Outremer. La cérémonie du facre, introduite depuis le milieu du huitième siècle, fervit encore de prétexte : les évêques, en impofant la couronne, fembloient donner le royaume de la part de Dieu.

n. 12.LV.

Dès auparavant je trouve un attentat notable Hift. L. fur la dignité royale, que je compte pour le XL. 17.n. premier. C'eft la dépofition de Vamba, roi des 46. LII. Vifigoths en Espagne, au douzième concile de n. 36. Tolède, l'an 681, fous prétexte qu'on l'avoit Liv. XI. mis en pénitence & revêtu de l'habit monasti- n. 29. que: quoiqu'à fon infçu, parce qu'une maladie lui avoit fait perdre connoiffance. Le fecond L.xXLVII. exemple célèbre eft la pénitence de Louis le n. 40. Débonnaire, après laquelle les évêques qui la lui imposèrent, piétendoient qu'il ne lui étoit plus permis de reprendre la dignité royale. Saint Ambroife ne tira pas de telles conféquences de la pénitence de Théodofe. Dira-t-on que ce grand Saint manquât de courage pour faire valoir l'autorité de l'églife? ou qu'il fût moins éclairé que les évêques Goths du feptiè

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