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LE

CONSENTEMENT

FORCÉ,

COMÉDIE EN UN ACTE ET EN PROSE,

DE GUYOT DE MERVILLE,

Représentée pour la premiere fois
le 13 août 1738.

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MICHEL

ICHEL GUYOT DE MERVILLE naquit à Versailles le 1er février 1696. La vie de cet auteur est un exemple des malheurs qu'entraînent après eux un mariage disproportionné, le goût des voyages, et une certaine insouciance qui accompagne presque toujours un penchant exclusif pour poésie.

la

Dès sa jeunesse Guyot de Merville parcourut l'Italie, l'Allemagne, et l'Angleterre. La Hollande étoit alors l'entrepôt des nouveautés littéraires; les livres prohibés sur-tout étoient l'objet d'un commerce considérable; avec un peu d'industrie et d'intelligence il étoit possible de faire en ce pays une fortune rapide. Notre jeune aventurier y alla, et se fit libraire ; mais, plus honnête que ses confreres, ne pouvant résister à l'envie de composer lui-même des livres, il végéta assez

tristement, et revint à Paris un peu moins avancé qu'au moment où il en étoit parti.

De nouvelles étourderies l'y attendoient. Sans fortune et sans état il devint amoureux d'une demoiselle qui n'avoit d'autre mérite que sa beauté vainement ses parens s'opposerent à l'union qu'il vouloit contracter; sa persévérance, ses tendres sollicitations, son adresse à faire valoir les qualités de sa maîtresse, surmonterent leur résistance, et les forcerent à consentir à un mariage qui fit son malheur. La comédie du Consentement Forcé est à peu de choses près un récit fidele de cette intrigue; le naturel charmant qui y regne est la preuve que l'auteur avoit éprouvé tous les sentiinens qu'il prête à Cléante. Long-tems après ce mariage, lorsque, désabusé de l'illusion qui l'avoit égaré, l'auteur lisoit cette comédie qui inspire une gaieté si douce, il ne pouvoit retenir ses larmes : cette anecdote, rapportée par un de ses amis, montre qu'il sentoit, mais trop tard, l'étourderie qu'il avoit faite. Une famillé à soutenir étoit un fardeau beaucoup trop pesant pour un homme qui n'avoit d'autre ressource que son esprit, et qui, par une indolence

insurmontable, ne pouvoit se livrer à des travaux de longue haleine.

Fondant son espoir sur le théâtre, il composa trois tragédies qui furent refusées par les.comédiens. Piqué contre eux, il travailla pour la comédie italienne : sa premiere piece, intitulée les Mascarades Amoureuses, eut quelque succès: c'est un jeune homme de qualité qui devient amoureux d'une paysanne de Nanterre, et qui parvient à obtenir le consentement de son pere pour cette mésalliance. On voit que l'auteur avoit toujours l'imagination pleine des efforts qu'il avoit faits afin de vaincre la résistance que ses parens avoient opposée à son mariage. Cette petite piece dut son succès à l'élégance du style et à la délicatesse des sentimens. Les Impromptus. de l'Amour furent moins heureux; c'est un imbroglio froid et invraisemblable. L'auteur, déja un peu connu, se réconcilia avec les comédiens françois; il leur donna une piece d'un genre absolument nouveau, et qui attira pendant quelque tems l'affluence: Achille à Scyros, comédie héroïque, est une imitation de Métastase. La pompe du spectacle la fit réussir d'abord; mais elle disparut du

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