Compiegne délivré.

Après la prife de la Pucelle le Duc de Bourgogne preffa vivement le fiége de Compiegne, qui fut continué jusqu'au mois de Novembre. Alors le Comte de Bourbon Vendôme raffembla tout ce qu'il put des troupes du Roi qui étoient dans les garnifons, & vint attaquer les Anglois & les Bourguignons, qui perdirent, avec la plus grande partie de leur armée, tous leurs bagages, & furent par-là contraints de leverle fiége. Dans le tems du féjour de la Pucelle au Château de Beaurevoir, on lui difoit fouvent que Compiegne réduit à l'extrémité, demandoit à capituler; ce qu'on refusoit d'accorder aux habitans , parce

que pour intimider les autres villes qui s'étoient foûmises aut Roi, on y vouloit mettre tout à feu & à fang, jufqu'aux enfans mêmes qui étoient à la mamelle; ce qui affligea fi fort cette Fille, qu'elle réfolut de fauter du haut de la tour où elle étoit prifonniere, pour aller fecourir des Sujets auffi fidels à leur Souverain: elle fe bleffa dans cette chûte, & pria: qu'on lui permit de fe confeffer; ce qui lui fut accordé.

Prieres de la Pucelle à Dieu.

Dans le tems de fa captivité elle demandoit continuellement quatre chofes à notre Seigneur, 1o d'être bientôt expédiée; 2o qu'il plut à Dieu de fecourir les François ; 3° de faire fon falut; 40 enfin que વિંડ

elle étoit conduite à Paris, elle put avoir copie des interrogatoires qu'on lui avoit fait, pour les préfenter aux Juges. Tout le tems de fa demeure en France fe réduit à quinze mois. Elle partit de Vaucouleur au mois de Février 1429. Sa premiére action d'éclat fut la levée du fiége d'Orléans, qui fe fit le 8 Mai, le Dimanche d'après l'Af cenfion; après quoi elle conduifit le Roi à Reims pour y être facré ; c'eft ce qui fe fit le 7 Juillet de la même année: c'est ce qu'elle avoit promis d'exé

cuter.

De-là elle fe rendit à Compiegne, où elle fut prife le 24 Mai veille de l'Afcenfion 1430: ainfi elle avoit été plus loin que fes promeffes, & que la miffion qu'elle disoit avoir.

On la retint enfuite une année entiere en prifon, & ne fut brûlée que le 30 Mai 1431,

veille de la Fête-Dieu.

Reputation qu'elle avoit dans les Pays étrangers.

On feroit furpris, si les actes n'en fubfiftoient pas encore aujourd'hui, de la réputation qu'elle avoit, même dans les Pays étrangers. Le Comte d'Armagnac Jean IV. qui mourut depuis en 1450. s'étoit retiré auprès du Roi d'Arragon, écrivit à la Pucelle fur l'obédience due au Pape : il y en avoit alors trois, dont deux antipapes agitoient & tourmentoient l'Eglife: c'eft fur quoi le Comte d'Armagnac confulte cette Fille par la Lettre fui

vante, tirée du Procès même de fa condamnation.

LETTRE

Du Comte d'Armagnac à Jeanne la Pucelle.

Ma très-chere Dame, je me » recommande humblement à vous, & vous fupplie pour Dieu que attendu la divifion, qui eft à préfent en la fainte Eglife univerfelle, fur le fait des Papes; car il y a trois con»tendans du Papat un demeure à Rome, qui fe fait » nommer Martin Quint, auquel tous les Rois chrétiens obéiffent; l'autre demeure à » Paniscelles au Royaume de Valence, lequel fe fait appel»ler le Pape Clément VII. le

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