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Baudricour ne la rebuta pas.

Elle eft préfentée au Duc de Lor

raine.

Son oncle la mena en péléri nage à S. Nicolas près Nanci Le Duc Charles de Lorraine en ayant oui parler, la voulut voir, & lui envoya un passeport pour la venir trouver à Nancy s c'étoit vers les Fêtes de la Pentecôte 1428. Ce Prince étoit malade; & quoique fon inquiétude roulât plus fur fa maladie que fur toute autre chofe, il ne laissa pas de l'interroger fur les bruits qui couroient à fon fujet. Elle avoua naturellement qu'elle vouloit aller fecourir le Dauphin; c'eft ainfi qu'elle nommoit Charles

§ Dépofition de la Dame de Touroulde.

VII. parce qu'il n'étoit pas encore facré. Elle fupplia donc très - instamment le Duc de commander à fon Fils; (c'étoit René d'Anjou, qui avoit époufé fa Fille) de la vouloir bien conduire vers Monfieur le Dauphin Charles, & qu'elle prieroit Dieu pour fa fanté. Le Duc lui demanda ce qu'elle penfoit de fa maladie; elle lui répondit ingénuement, que comme il vivoit mal avec la Ducheffe fa femme t, qui étoit une Princeffe vertueufe, il ne guériroit pas s'il ne changeoit de vie & de conduite à fon égard. C'est ce qui fut déposé au procès de fa révifion. Le Duc la congédia & lui donna quatre francs, qu'elle confia fur le

† Dépofition de la Dame de Touroulde.

champ à fon oncle, qui la remit enfuite entre les mains de fes pere & mere.

Préfentée à Baudricour pour la Seconde & troifiéme fois. Mais elle perféveroit toujours dans les mêmes idées, & continuoit à tenir les mêmes difcours, jufques à dire qu'elle étoit réfolue de prendre un habit d'homme pour fe faire préfenter au Dauphin. Et ce même oncle perfécuté de nouveau par fa niéce la conduifit pour la feconde fois à Vaucouleur, pour y être présentée au même Baudricour, qui la rebuta comme la premiere fois. Enfin le fiége d'Orléans ayant été formé au mois d'Octobre 1428. les troupes de France furent enfuite battues dans la Beauçe la

premiere semaine de Carême à la Journée des Harencs. Elle fut donc présentée l'année 1429. pour la troifiéme fois à Baudricourt, & ce ne fut pas fans peine qu'il l'écouta. Elle fut alors trois femaines à Vaucouleur, où elle fe confeffa au Curé. Un jour cet Eccléfiaftique vint armé d'une étole & accompagné du Capitaine Baudricourt, il entra chez la Pucelle; dès qu'elle le vit entrer, elle fe jette à fes pieds en préfence du Capitaine alors le Curé, qui paroiffoit la vouloir exorcifer, lui dit, » que fi elle étoit de la part de l'ennemi des hommes, qu'elle fe retirât » d'avec eux; que fi c'étoit de » la part de Dieu, qu'elle de» meurât. Cette Fille ne fut pas peu étonnée d'un pareil

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difcours, qui ne pouvoit venir que de la confidence qu'elle lui avoit faite de fon état dans la confeffion *. Ce qui étonna Baudricourt fut une nouvelle qu'elle lui dit que le Samedi 12 Février, veille des Brandons, c'est-à-dire du premier Dimanche de Carême, le Roi avoit fait une grande perte devant Orléans. Perfonne ne fut plus furpris que ce Capitaine lorfqu'il en apprit la nouvelle, que les ennemis en publierent par tout le Royaume. Et c'eft ce qui l'engagea à l'envoyer au Roi.

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Dépofition du Samedi 31. Janvier 1456. rendue par Catherine, femme d'un Charron de Vaucouleur nommé Henri, chez qui logea la Pucelle : & c'eft elle qui dépofe tout ce que deffus.

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