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Ce témoignage eft fuceint, il eft fimple & par conféquent plus que probable. On y voit qu'alors on croyoit que Jeanne étoit divinement infpirée pour ses opérations militaires; c'eft-à-dire, pour ne point abufer des termes, qu'elle étoit dirigée & conduite par la Pro vidence. C'eft ainfi qu'on peut & qu'on doit même expliquer ce terme d'infpirée divinement, divinitùs admonita.

Le même Pape s'eft expliqué fur le fait de la Pucelle, avec plus d'étendue au livre fixiéme de fes Commentaires Historiques. Son témoignage mérite d'autant plus de créance, que ce Pape fit revoir pour la deuxième fois le procès de condamnation & la Sentence rendue à Rouen contre cette fille. Ce qu'il en dit eft fort étendu, & ne renferme que ce que nous en avons marqué dans fon Hiftoire. Mais le Sçavant Pontife convient toujours qu'elle étoit infpirée, & il en tire la preuve des merveilles qu'elle a

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opérées, (Joanna pauperis agricola filia, divino afflata fpiritu, ficut res ejus gefta demonftrant.) En effet les feules actions, bonnes ou mauvaifes, font le témoignage le plus certain de l'efprit bon ou mauvais, qui conduit l'homme dans fes opérations. Et lorfqu'il parle de fa condamnation, il ne fçauroit s'empêcher de la juftifier fur fa réligion & fes mœurs; & par conféquent de condamner l'iniquité de fes Juges. Et felon lui les Anglois ne fe déterminérent à la faire mourir que fur cette imagination, que tant que cette fille vivroit, ils ne pourroient jamais refter victorieux. ** Et pour terminer ce qu'il dit de

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Rothomagi diligenter examinata eft (Joanna) an fortilegiis, an dæmonio uteretur, an quicquam de Religione pravè fentiret; nihil inventum eft emendatione dignum, nifi virile indumentum quo illa utebatur; neque hoc ultimo fupplicio dignum cenfuere. Pius II. Libro V1. Commentariorum.

** Credibile eft vivente virgine, quamvis captâ, Anglicos fe nunquam fatis tutos exilti maviffe, qui tot præliis ab ea fuperati fuiffent, Pius Papa 11, Libro VI, Commentariorum.

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cette Héroïne, il affure comme une vérité conftante, qu'elle feule a fait lever le fiége d'Orleans, que feule elle a foumis au Roi toutes les Places qui font entre Bourges & Paris: qu'elle a réduit Reims à l'autorité du Roi, où elle l'a fait couronner, & qu'enfin elle a opéré plufieurs autres merveilles, par lefquelles elle a commencé à délivrer la France du joug des Anglois. Tels font les éloges qu'il donne à la Pucelle: mais il s'en faut bien qu'il parle auffi avantageufement du Roi Charles, dont il dépeint -avec beaucoup de force & trop de vérité la vie lafcive & voluptueufe qu'il menoit dans le Berri; & il avoue qu'on n'avoit de crédit auprès de lui, qu'en approuvant & en imitant les déreglemens, qui l'ont deshonoré, & qui ont donné lieu au Dauphin Louis, fon fils, de fe revolter contre lui.

VIII

Battifte Fulgofe, Doge de Gennes.

Nous fommes toujours en Ita. lie; & le témoignage de Battifte Fulgofe, Doge de la République de Gennes, eft affez diftingué pour trouver ici fa place. Cet Ecrivain à l'imitation de Valere Maxime, an cien Littérateur latin, a recueilli & rapporté à certains chefs les faits les plus remarquables de l'histoire moderne. Il dit donc,, qu'au temps » que les plus belles Provinces du Royaume gemiffoient fous le joug >> tyrannique des Anglois, parut »Jeanne, fille de Jacques d'Arc, »native du Village de Domremi » fur les frontieres de Lorraine >> On la regardoit comme une es >>pece de Propheteffe à caufe des >> vifions extraordinaires, qu'elle di » foit avoir eues meme avant l'âge de 15. ans. Le Duc Charles de

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» Lorraine l'envoya vers Robert

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de Baudricourt Gouverneur de »Vaucouleur; & ce dernier la fit » presenter au Roi Charles VII. à » qui elle promit toute victoire fur »fes ennmis. Cependant on eut la »precaution de ne la pas croire »fans l'éprouver fur certains faits » fecrets, dont elle fit connoître la » vérité. Dès qu'on crut s'en devoir » fervir on la mit à la tête de l'ar»mée de France. Alors étant à che>> val avec l'armure & l'appareil » militaire, on l'auroit prife pour

un General, foit par le ton de >> voix avec lequel elle commandoit, »foit par les ordres qu'elle donnoit toujours à propos. Son courage >>extraordinaire obligea les Anglois » à lever le fiége d'Orleans, & quoi» qu'elle fut bleffée au cou, elle ne » s'étonna ni du bruit des armes, »ni de voir tomber morts à fes pieds » la plupart des combattans; pas » même du fang qui couloit de fa

playe. Elle agiffoit avec tant de » valeur & d'activité, qu'elle rem>pliffoit en même temps les fonc

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