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1668.

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» trois cens..... A cela près,
A cela près, l'Auteur
d'Andromaque n'en eft pas moins en
pafle d'aller un jour plus loin
que tous
» ceux qui l'ont précédé, & s'il avoit
» observé dans la conduite de son sujet de
» certaines bienséances qui n'y font
pas:
» s'il n'avoit pas fait toutes les fautes qui
» y font contre le bon fens : je l'aurois
déja égalé fans marchander à notre
grand Corneille; mais il faut avouer
» que fi M. Corneille avoit eu à traiter
» un sujet qui étoit de lui-même fi heu-
» reux, il n'auroit pas fait venir Orefte
»en Epire comme un fimple Ambaffa-
» deur; mais comme un Roy, qui eut
» foutenu fa dignité. Il auroit fait trai-
≫ter Pilade en Roy à la Cour de Pyrrhus,
» comme Pollux eft traité à la Cour de
» Créon dans la Médie; où s'il eût man-
qué à le traiter en Roy, il n'eût pas
» cherché à s'en excufer, en difant qu'il
» ne l'eft que dans un Dictionnaire Hifto-

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rique, & qu'il ne l'eft pas dans Euri»pide: car Pilade eft Roy dans Euripide

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même. Il auroit introduit Orefte le trai» tant d'égal, fans nous vouloir faire ac» croire, qu'autrefois le plus grand prin» ce tutoyoit le plus petit, parce que cela » n'a pû être entre gens qui portoient la qualité de Rois ; & que quand cela au❤ roit été, ce n'eft pas les cérémonies des

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anciens Rois qu'il faut retenir dans la Tragédie, mais leur génie & leurs fen» timens, dans lesquels M. Corneille a fi » bien entré,qu'il en a mérité une louange immortelle; & qu'au contraire ce font » ces cérémonies-là qu'il faut accommo» der à notre temps pour ne pas tomber » dans le ridicule. M. Corneille, dis-je, » auroit rendu Andromaque moins étourdie, & pour faire un bel endroit de » ce qui eft une faute de jugement, dans » la résolution qu'elle prend de fe tuer, » avant que le mariage foit confommé, » il auroit tiré Astianax des mains de Pyrrhus, afin qu'elle ne fût pas en danger. » de perdre le fruit de fa mort, & qu'on » ne l'accufat point d'être trop crédule. Il » auroit confervé le caractere violent & » farouche de Pyrrhus, fans qu'il ceffât » d'être honnête homme, parce qu'on » peut être honnête homme dans toutes. » fortes de tempéramens; & donnant » moins d'horreur qu'il ne donne des. » foibleffes de ce prince qui font de pures lâchetés, il auroit empêché le Specta»teur de defirer qu'Hermione en fut vengée, au lieu de craindre pour lui. Il au » roit ménagé autrement la paffion d'Her"mione, il auroit mêlé un point d'hon»neur à fon amour, afin que ce fût lui » qui demandât vengeance plutôt qu'une

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paffion brutale; & pour donner lieu à » cette Princeffe de reprocher à Oreste la » mort de Pyrrhus, avec quelque vrai"femblance après l'avoir obligé à le tuer, "il auroit fait que Pyrrhus lui auroit témoigné du regret d'être infidéle, au lieu » de lui infulter; qu'Orefte l'auroit prise au mot pour se défaire de son Rival, » au lieu que c'eft elle qui le presse à toute » heure de l'affaffiner; & pour prétexter la confpiration d'Orefte, il n'auroit pas manqué à fe fervir utilement de ce qui » fut autrefois la caufe de la mort de Pyrrhus, en joignant l'interêt des Dieux » à celui de fa jaloufic. Enfin il auroit » modéré l'emportement d'Hermione, ou » du moins il l'auroit rendu fenfible pour

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quelque temps au plaifir d'être vengée: » car il n'eft pas poffible qu'après avoir » été outragée jufqu'au bout, qu'après » n'avoir pû obtenir feulement que Pyr» rhus diffimulât à fes yeux le mépris qu'il faifoit d'elle, qu'après qu'il l'a con»gédié,

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Sans pitié, fans douleur, du moins étudiée, » Et qu'elle a perdu toute efpérance de » le voir revenir à elle, puifqu'il a épousé fa rivale; il n'eft dis-je pas poffible, » qu'en cet état elle ne goute un peu fa » vengeance. Pour conclufion, M. Cor»neille auroit tellement préparé toutes

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chofes pour l'action où Pyrrhus se dé» fait de sa Garde, qu'elle eût été une » marque d'intrépidité, au lieu qu'il n'y »a perfonne qui ne le prenne pour une » bévûe infupportable. Voilà ce que je » croi que M. Corneille auroit fait, & » peut-être qu'il auroit encore fait mieux (a) le temps améne toutes chofes; & » comme l'Auteur d'Andromaque eft jeu» ne auffi bien que moi, j'efpere qu'un » jour je n'admirerai pas moins la con» duite de fes ouvrages, que j'admire aujourd'hui la noble impétuofité de fon » génie.

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N. SUBLIGNY eft plus connu par quelques petits ouvrages affez bien écrits, où l'on trouve de l'enjouement & un peu de fatyre; que par fa profeffion d'Avocat au Parlement de Paris. (b) Après s'être déclaré contre M. Racine en donnant une Comédie critique fur la Tragédie d'Andromaque, il devint le panégyriste de cet Auteur, par une réponse à la critique de l'Abbé de Villars fur la Tragé

(a) Subligny fe flatte ici d'avoir corrigé la Tragédie d'Andromaque, d'une façon digne d'être adoptée par M. Corneille, on doute fort que ce grand homme eût fuivi ces confeils, mais M. Racine a fait au mieux de les mépriser.

(b) L'Abbé Granet, dans la Préface de fon Recueil de Differtations fur quelques Tragédies de Corneille & de Racine, dit que Subligny étoit Comédien, mais cer Editeur s'eft trompé, & rien n'eft plus faux.

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SUBLIGNY.

die de Bérénice de M. Racine. * En 1677. 1668. la Phedre de M. Racine, & la Phedre Voyez l'ar- de Pradon ayant été jouées à peu de jours Fénice de l'une de l'autre, M. Subligny fit la critiRacine, fous que de ces deux Tragédies. On connoît l'année 1670. encore du même M. Subligny un petit

ticle de Bé

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Roman intitulé la fauffe Clélie, qui eft amufant. Nous ignorons le temps de la mort de cet Auteur, mais nous conjecturons qu'il laiffa peu de bien à une fille unique qu'il avoit, & qui entra à l'Opera en 1682. lorfque Lully donna à Paris let Ballet du triumphe de l'Amour, où il introduifit pour la premiere fois des Danfeuses; car avant ce temps c'étoit des hommes habillés en femmes. Mademoifelle Subligny fe diftingua de fes camarades par fon talent, & elle parvint à danfer feule des entrées; avantage qu'elle conferva jufqu'à fa retraite de ce Théatre.

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