malheureux amant s'eft percé le fein, 1666. Cadmus & Hermione, pénétrés de douleur, font frapés d'un fpectacle extraor dinaire, le Maître des Dieux fe préfente au milieu de fon brillant palais, & pour les confoler, leur fait voir Sémelé qu'il a rendu immortelle. On verra par cette analyse, ce que l'Auteur a ajouté à la fable pour former l'intrigue de fon Poëme, qu'il eft aifé de comparer avec l'Opéra que M. de la Motte a donné fur le même fujet en 1709. Les Piéces en machines, ainfi que les Poëmes Lyriques, ne font point foumises à cette étroite obfervation des régles qu'on éxige dans les autres. La variété du Spectacle, les chạngemens des décorations, les chants, les danfes, & les autres agrémens qu'on y joint, en fauvent les défectuofités, & empêchent qu'on éxamine trop fcrupuleufement l'économie Théatrale, & fi les Scenes font affez liées, les fituations ménagées, & les penfées fort juftes; pour peu qu'elles foient paffables, elles font fares d'être applaudies,& c'eft juftement le cas où se trouva l'Ouvrage dont nous parlons, & qui eut affez de fuccès pour exciter la curiofité du Roy, qui voulut honorer une de fes repréfentations de fa préfence. Robinet nous ap prend ce fait dans fa Lettre en vers du 16. Janvier 1666. & en même-temps le 1666. nom de l'Auteur de la mufique des divertiffemens. Sa Majesté le même jour, Se font l'amour fur nouveau frais, Ce font, ce dit-on, des merveilles, Pour les oreilles je le croi, Car Boyer qui fur le Théatre, Et j'ajoute ici feulement, Et dans une autre Lettre du 6. Mars fuivant. Ceux qui donnent dans la machine, Rencontrer leur compte au Marais, * De la Mufique du Roy, qui a fait plufieurs divertiffemens pour la Cour, & beaucoup de petits airs. 1666. Mais quand il faut fe fatisfaire, Le couft eft un mal néceffaire, Mais mal qui peut paffer pour bien, A qui de fon or use bien. D'ailleurs de pareilles machines, Des machines préfque divines, (a) Et les vers, de Monfieur Boyer,. Dignes d'un immortel loyer, Méritent bien, fans aucun doute, Qu'on y courre, quoi qu'il en coûte. Finiffons par quelques morceaux de verfification; on verra que l'Auteur, cherchant toujours l'efprit & le fublime, lorfque fouvent il ne falloit que du naturel, est tombé dans un galimathias inintelligible peut-être à lui-même, & des difcours bas, répétés fi fréquemment, qu'on eft tenté de croire que c'eft le hazard qui a jetté dans fon Poëme quelques vers heureux qu'on y ren contre.. Acte premier, Scene quatrième, Cadmus, étonné de la résistance de Sémelé, en fait des plaintes à Hermione. (a) Nous avons dit ci-dessus en parlant de la Tragédie de la Toifon d'Or, de M. Corneille, que M. le Marquis de Sourdeac, inventeur des machines extraordinaires qui y parurent, en avoit fait préfent aux Comédiens du Marais, ces mêmes machines fervirent dans la Tragédie des Amours de Jupiter, & de Semelé, & contribuerent beaucoup à sa réussitë. LE ROY. Madame, vous devez connoître votre fille : Et vous fait négliger le reste de mon fang; elle ? Vous me vantez fouvent votre race immor telle, Et Sémelé fans doute au point que je la voi, Prend pour lui tout l'orgueil que vous avez pour moi. Acte II. Scene III. Alcméon, jaloux de la préférence que Sémelé donne au Berger, fous la figure duquel il ignore que Jupiter cache fa grandeur, tire fon épée pour l'en fraper. ALCMÉON. C'est trop fouffrir. SÉMELE'. O Dieux ! JUPITER. Ne craignez rien, Princesse, ALCME'O N. Quel charme fur mes bras jette tant de foiblesse? 1666. 1666. JUPITER à Sémelé. Pouvez-vous pour un Dieu craindre quelque danger, SÉMELE'. Ma tendreffe d'abord n'a rien vữ qu'un Dans la Scene fuivante, Junon vient offrir fon fecours à Alcméon, & lui apprend qu'elle eft la Déeffe de la haine. ALCME'o N. Pour venger mon amour, prétez-moi votre Si je ne fçais qu'aimer, haiffez-la pour moi. Tu feras fatisfait, & c'est-là mon emploi, Voici un échantillon de la converfation amoureuse de Jupiter & de Sémelé, dans le Jardin enchanté. ( Acte III. Scene premiere.) JUPITER. Ici loin de Junon, & loin de votre Cour, Et fans autre témoin, que les yeux de l'amour, Nous goûterons tous deux, ce que dedans les ames, Répandent de douceurs les plus heureuses Tout ce que font fentir de joie, & de plaisir, |