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que fur des extraits tirés de la Décrétale par des perfones ignorantes ou intéreffées. On a du moins tout lieu de penfer, que ce qu'il en cite, n'aura été emprunté, que de la compilation des Décrétales de Grégoire Ix. La bulle fur l'abbaye de Scozula, n'y eft pas entière. La feconde partie du prononcé de la fentence en eft retranchée, parcequ'elle étoit étrangère au fujet qu'on s'y propofoit. Elle ne l'étoit pas à l'hiftoire de la décifion du procès. Et cependant l'auteur paroît n'en avoir eu nulle conoiffance, non plus que du difpofitif entier de la bulle. Autrement il faudroit dire qu'il n'auroit pas été à l'abri d'une, dissimulation honteuse, ou d'une inatention tout-à-fait inexcufable.

pour

S'il n'avoit pas prétendu expofer aux yeux du public le jugement d'Innocent III. fans s'être mis au fait de la question; rien ne lui auroit été plus préfent que le prononcé de la fentence pontificale. Ce devoit être là le précis de tout ce qu'il avoit à dire. C'est à quoi il devoit fe réduire en dernière analyse. Et toutefois, excepté la présence des cardinaux & la longueur des plaidoiries, il n'a pas lâché un feul mot, qui ait trait à ce difpofitif. Une pareille faute peut-elle jamais fe couvrir? 4°. L'hiftorien prend une allégation de la partie adverse la décifion du Pape. Il feroit inutile d'infifter fur cet argument. Il fufit de rapeller qu'Innocent 111. après avoir expofé en peu de mots l'état de la question, réfume toutes les raifons aportées de part & d'autre, qu'il les fait valoir avec autant de force & peut-être davantage, que n'auroient pu faire les parties. Mais qui s'eft jamais avifé de chercher la fentence d'un juge dans l'énoncé, fans avoir aucun égard au prononcé de l'arêt? Ici le difpofitif eft éloigné de plus de deux colonnes in-folio, de l'endroit où l'auteur a cru trouver le jugement du Pape. Etoit-ce donc dans le précis du premier plaidoyer du procureur de Milan, qu'il faloit prendre cette décifion? Après une bévue fi énorme, quel cas pouroit-on faire de l'autorité de cet écrivain, quand même on n'auroit pu lui contefter la qualité de contemporain de fon héros?

VII. PARTIE.
CHAP. IV.

nocent III. con

VIII. Mais rien ne fait fentir fes mécomptes avec plus d'é- L'hiftorien d'Invidence, que fes monftrueufes contradictions avec la bulle. tredit la Décréta1°. Quoi de plus contradictoire avec elle, que de la faire uni-le de ce pontife: quement décider en faveur de l'archevêque de Milan; tan- bulle par D. Madis que le Pape adjuge à fa partie un domaine avec huit terres billon, fufit pour Tome VI.

LI

l'analyse de cette

CHAP. IV.

ques qui en abu

fent.

la

qui en dépendent? Ce qui fut acordé à l'archevêque, n'è VII. PARTIE. toit peut-être pas auffi confidérable. Un hiftorien impartial & bien au fait, fe feroit-il atiré un reproche fi acablant? 2°. La réprimer les criti- contradiction n'eft-elle pas caractérisée, lorfqu'il nous donne pour la fentence d'Innocent 111. un jugement, qui n'a pas le plus léger raport avec celui que la bulle même nous met entre les mains? 3. Peut-on la combatre plus ouvertement, que d'atribuer à ce Pape des motifs de fa fentence, défavoués par tous ceux fur lefquels il déclare hautement qu'il l'a prononcée à C'eft néanmoins ce que fait notre auteur. 4. A l'entendre, dès que les fceaux furent rompus, l'impofture fut avérée, le jugement porté, la caufe finie. Selon la bulle, après l'examen des fceaux, les plaidoiries continuèrent encore long-tems; on eut recours à la production des témoins pour conftater le poffeffoire; la prefcription fut employée & combatue tour à tour; on répondit à l'ataque; on repliqua à la réponse. Où trouvat-on jamais une contradiction plus marquée? 5. Demandons à l'auteur de la vie d'Innocent trt. pourquoi celui-ci ne fit pas reftituer à l'abbaye de Scozula le port de ce nom avec fa châtellenie, &c ? C'eft, dit-il, parceque ce Pape découvrit par rupture des fceaux, qu'ils avoient été falfifiés. Au contraire, c'eft, dit Innocent lui-même, parcequ'il n'étoit pas prouvé lé gitimement, c'est-à-dire, conformément aux loix, que les biens, dont on redemandoit la reftitution, apartinffent actuellement au monaftère. Et d'où vient que la preuve n'en parut pás complete? Eft-ce que les titres de l'abbé s'étoient trouvés faux? Eft-ce qu'ils n'avoient fait aucune impreffion en fa faveur fur l'efprit du Pape & de fes confeillers, malgré la poffeffion conftante de l'archevêque? Oui, ils en avoient fait de l'aveu du favant pontife, jufqu'au point de rendre obscur ou douteux, à qui apartenoient les biens conteftés. Car ôtez à l'abbé fes titres, ou qui pis eft encore, faites-les déclarer faux; il ne lui reftoit plus rien qui pût répandre le moindre doute fur les droits de fon compétiteur. Mais après tout, comme ces titres n'étoient fufifans pas pour prouver l'ufurpation, l'afaire reftoit dans un état de doute & d'obfcurité. Or, nous dit ce grand Pape, en matière de jurifprudence, nous avons pour maxime, que quand les droits des parties font obfcurs, on juge communément contre le demandeur: Cum obfcura funt jura partium, confuevit contra eum qui petitor eft judicari. Par

CHAP. IV.

ler ainfi, n'eft-ce pas fuposer manifeftement, que les droits, & de l'archevêque, & de l'abbé n'étoient pas clairs? Qu'on nous VII. PARTIÉ réponde maintenant, comment il étoit poffible que les titres de l'abbé, convaincus de faux, euffent obfcurci les droits de l'archevêque de Milan, foutenus d'une poffeffion immémoriale: comment le Pape pouvoit donner, pour motifs de fon arêt, des raisons qui n'avoient aucun trait à la fauffeté des pièces, qu'on fupofe publiquement reconue: comment enfin il se vit forcé, dans l'incertitude où le jetoient les titres, de recourir à des principes généraux de droit, fondés fur ce que la présomption est toujours en faveur du poffeffeur. Dans les afaires purement civiles, on n'a recours aux préfomprions, que quand les preuves littérales ou teftimoniales viennent à manquer. Mais fi les titres de l'abbé de Scozula étoient reconus pour faux, outre que les preuves dépofoient en faveur de l'archevêque, les titres de l'abbé, loin de les contre-balancer, ne se tournoientils pas contre lui-même? Non ergo falfa, conclut (a) D. Ma- (a) Dere diplom. billon, fed tantum obfcura jura monachorum exiftimavit prudentiffimus Pontifex : fed quia plus ad petitionis vigorem quam ad defenfionem requiritur; cadit petitione monafterium: at vel inde fuum habet contra conviciatores patrocinium.

que

Rien au monde n'eft donc plus foible & plus chancelant, que les inductions tirées de la Décrétale Inter dilectos, pour montrer que les anciens moines fabriquoient des titres. Si leurs adverfaires avoient feulement jeté les yeux fur l'endroit de la Diplomatique, où D. Mabillon fait l'analyse de la Décrétale qu'ils 'ils leur objectent, auroient-ils eu le courage d'avancer les moines de Scozula perdirent leur procès, parcequ'il fut prouvé que leurs titres primordiaux étoient faux? Supofé, comme ils le publient, que le titre conftitutif eût été folennellement convaincu en présence du Pape & du facré Collège, d'être une pièce fupofée & fabriquée par les moines; feroit-il poffible qu'on n'en trouvât pas le moindre veftige dans le prononcé de la fentence du Pape, & que ce ne fut que dans le plaidoyer du procureur de Milan, qu'on en découvriroit quelque trace? Mais depuis quand les allégations d'une partie adverfe & intéreffée ont-elles acquis la force de preuve & de conviction?

1.

3.

. c. 3. n. x, pag. 228.

VII. PARTIE.

CHAPITRE

V.

Joh. Selden nota in Eadmer, in ap

Moines d'Eli en Angleterre vengés des acufations & foupçons de faux formés contre eux par Selden, Henri Wharton & Richard Simon, &c.

Q

Uelques auteurs proteftans, comme Selden, Wharton, & d'après ce dernier, Richard Simon, copié par quelques pend. nov. edit. modernes, fufpectent, ou acufent de faux tout d'un tems & fans S. Anfelmi p.133 en faire à plufieurs fois, deux bulles de Pafcal 11. un diplome p. 678. Biblioth. de Henri 1. roi d'Angleterre, la continuation de l'hiftoire d'Eli choifie, tom. 2. & la relation de fon érection d'abbaye en évêché, compofée pag. 100.& 101. par Richard, moine & prieur de cette cathédrale.

Anglia facra t. 1.

L'hiftorien Ead

nes de la cathé

titre.

I. Sur un paffage de M. Simon pris de travers, des critimer n'a jamais ques ont avancé, que fi Wharton a montré, que les moines reproché aux moi d'Eli forgèrent de fausses pièces fous le nom du roi & du pape; drale d'Eli la fa- il a produit les propres paroles d'Eadmer, moine Bénédictin. brication d'aucun Or quelle idée peut donner un pareil difcours, finon que ces pièces furent fabriquées par les moines d'Eli; que ce fait est atefté par Eadmer hiftorien exact, ami fidèle & compagnon inféparable des travaux & des perfécutions de S. Anfelme; que la vérité feule a pu aracher de la bouche d'un Bénédictin cette étrange difamation de fes propres confrères; qu'une acufation fi grave eft confignée en propres termes dans fes écrits, & que c'eft delà que Wharton l'a fait paffer dans fes notes, fans rien changer aux expreffions de ce pieux auteur? Qui pouroit douter après le témoignage d'un historien du tems d'un fi grand poids, que les moines d'Eli n'aient été des fauffaires, que nulle apologie ne fauroit laver?

Néanmoins, dans la plus exacte vérité, jamais Eadmer ne leur reprocha la fabrication d'aucunes pièces; jamais il ne lui échapa un feul mot, ni en bien, ni en mal de celles d'Eli. Difons plus, quoique Wharton & Simon s'infcrivent en faux contr'elles; jamais ils n'ont allégué les propres paroles d'Eadmer, comme énonçant l'impofture des Moines. Si Wharton a prétendu s'autorifer du fufrage de cet auteur, c'eft par des conféquences tirées d'extrêmement loin. La fauffeté des monumens contestés doit résulter, felon lui, de leur comparaison avec la narration

CHAP. V.

(a) Bibliot. choifie, tom. 2. p.

101.

de ce témoin (1) oculaire. Ce n'eft donc pas fur fes propres paroles, que Wharton apuie fon infcription en faux: mais il EN VII. PARTIE. CONCLUT, dit (a) M. Simon, que pour ériger l'abbaye d'Eli en évéché, le Pape ne s'en mêla point (première conféquence) & qu'AINS I la bulle produite par les moines eft abfolument fausse: feconde conféquence, qui coule directement de la première, & non pas des paroles d'Eadmer. Wharton n'avoit garde de citer cet hiftorien, comme acufant de faux les pièces concernant l'érection de l'évêché d'Eli, lui qui les atribue à un auteur qui vivoit plus de 200 ans après la mort.

رو

de M. Simon. Au

bulles & les char

II. M. Simon a pouffé les chofes à de fi grands excès, que les Anachronisme proteftans, les plus ennemis des moines, paroiffent mo- lieu de prouver dérés, en comparaifon de ce critique. Sur la garantie de fon que les moines Wharton, auteur bien digne de fes éloges, il débite que les d'Eli ont forgé les moines d'Eli » forgèrent de fauffes pièces fous le nom du roi & tes acufées ; il al» du pape, pour montrer qu'après Hervé l'abbaye d'Eli ne fut lègue les raifons point érigée en évêché, fans lettres royaux & fans bulle dur qu'ils auroient pu "pape: Diplomata regia & pontificia confinxerunt. Ce qu'il ger : mais rien de » convainc de faux, ajoute-t-il, par la relation d'Eadmer, qui plus abfurde ou » fut présent à cette afaire. « C'est-à-dire, par des conféquences tirées de la diverfité de fa relation d'avec celle de l'hiftorien d'Eli. Simon & Wharton n'en demandent pas davantage, & c'en eft furement trop.

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Mais 1o. au lieu de présenter au public des extraits fidèles de Wharton; dès le premier pas que fait notre bibliothécaire critique, il commence par s'écarter de fon guide, pour donner dans un anachronisme groffier. Il dit qu'après Hervé, l'abbaye d'Eli fut érigée en évêché; & c'est justement Hervé qui en fut le premier évêque, felon Wharton lui-même & tous les hiftoriens Anglois.

avoir de les for

de plus frivole.

2o. Quel intérêt avoient les moines à forger cette histoire? Etoit-ce pour nous aprendre que l'érection de leur abbaye en évêché, avoit été réfolue fans les confulter & fans qu'ils en fuffent rien? Monachis (b) omnino inconfultis, Ecclefiæ filiis (b) Joh. Selden & ignorantibus. Ainfi leur hiftorien s'en explique-t-il. Ce in Eadmer. nota n'eft pas néanmoins que leur abbé ne les eût prévenus fur fon edit. S. Anfelmi, deffein. Ce n'eft pas non plus qu'il n'eût obtenu de vive voix pag. 132, leur agrément, dont il fut fans doute dreffé des actes authen

(1) Falfa hac effe conftabunt, dit Whar- | Eadmeri, qui rebus agendis interfuit, reton, cité par M. Simon, fi cum veriffima latione conferantur.

ad calcem nov.

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