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répandre en beaucoup de difcours, où l'on ne garde prefque jamais les regles de la charité & de la prudence chré

tienne.

L'inconftance fait auffi faire une infinité de fautes contre la fanté de l'ame & du corps. En même tems qué des perfonnes infirmes font obligées de s'abandonner aux remedes les plus dégoûtans pour fe foulager, elles cherchent fouvent des ragoûts capables de les rendre malades; & d'autres fois elles font par pure complaifance d'autres femblables excès contre les regles de la medecine corporelle & fpirituelle, fans craindre de les violer & de fe nuire.

D'autres s'appliquent d'abord à leurs infirmitez avec un foin raifonnable; mais la moindre affaire qu'ils fe font à eux-mêmes, leur fait oublier & leurs incommoditez & leurs remedes, quelques néceffaires qu'ils leur foient."

On en voit qui femblent mener une vie fort reglée, s'occupant tout entir à travailler, à lire des livres de pieté, & à prier Dieu; mais ils gâtent tout ce qu'ils femblent faire de bien, en s'y appliquant avec une impetuofité & une activité toute charnelle.

Quelquefois l'ardeur qu'ils ont pour leur ouvrage, leur fait differer leurs prieres, qu'ils ne difent enfuite qu'avec empreffement & peu d'attention; un autre jour l'envie de lire les obligera d'oublier leur travail : & ces divers changemens qui font les effets de l'inftabilité de leur cœur, marquent qu'ils agiffent peu par l'efprit de la foy, qui eft toujours le même, & qui rend conftans & uniformes ceux qui le fuivent.

On confidere peu cette parole terrible de faint Paul; que celui qui n'a pas foin de fes domestiques, eft pire qu'un infidele ; on veut en tirer du fervice, & on n'eft pas affez injufte pour leur refufer leurs gages; mais pourvû qu'on en foit fervi, on se met peu en peine s'ils fervent Dieu. Chaque maifon chrétienne devroit être comme une petite églife, où l'on eût foin avant toute chofe que tous fuffent inftruits des regles de l'Evangile, où on les fît pratiquer exactement; où les maîtres & les maîtreffes les enfeignaffent, & par leurs paroles, & par leur exemple. Chacun de nous a fon ouvrage particulier où il doit s'employer; mais la priere étant l'ouvrage de tous

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les chrétiens, on la devroit faire en commun & s'affembler le foir, le matin, & quand on le peut à d'autres heures pour s'unir enfemble, & pour paroître devant Dieu avec la même foy, avec les mêmes defirs, & dans une charité mutuelle qui nous uniroit à Jefus Christ, qui l'obligeroit de demeurer avec nous, de nous donner fa paix & de benir nos travaux,

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QUE CHACUN s'éleve le plus qu'il peut.

I.

Ous les hommes ont une inclination très-forte à fe faire valoir, & à s'élever autant qu'ils peuvent ; les moins habiles ont affez d'adreffe pour publier tout ce qui leur est avantageux, & pour cacher fous un profond filence ce qui les humilie. Cette inclination paroît dans les entretiens des perfonnes fimples & groffieres, qui parlent fans diffimulation & felon la pente de leur cœur; ils ne manquent pas de raconter d'abord à ceux avec qui ils font connoiffance tout ce qu'ils croient capable de donner bonne opinion d'eux, ils découvrent ce qu'ils font, en relevant tant qu'ils peuvent leurs qualitez ou leurs actions;& ils joi gnent à la peinture qu'ils font de leur état préfent,des marques du defir qu'ils auroient d'un état plus élevé. Comme

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cette paffion eft une fuite néceffaire de notre orgueil, elle eft commune à tout le monde; & elle croît à mefure que nous croiffons nous-mêmes. Les grands font encore moins contens de leur grandeur, que les moindres hommes ne le font de leur condition; leur ambition étant plus ardente, ils en font plus tourmentez,& leurs fouhaits étant fans bornes, il eft plus difficile qu'ils foient remplis.

I I.

S'il y a quelque chofe en nous qui puiffe nous procurer de l'eftime, nous ne l'ignorons pas, & nous ne nous portons que trop à le faire connoître. Un auteur met fon nom à fon livre : un graveur à la planche qu'il a gravé; & un peintre, aux tableaux qui fortent de fa main. Les perfonnes de condition font mettre leurs armes à leur caroffe; ils ont un grand équipage, une grande fuite & un grand train; ils portent de riches & de magnifiques habits, pour fe diftinguer des autres, & s'attirer leur veneration par des marques de grandeur ; enfin tous ceux qui ont quelque adreffe, quelque fcience, ou quelque autre chofe de confiderable, favent bien

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