ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

ne doit pas empêcher la pratique d'une regle qui eft de foi très-importante

& très-utile.

[ocr errors]

XXX.

Il faut auffi avouer que fouvent les perfonnes qui font des rapports, ne s'arrêtent pas feulement aux paroles inutiles, & à celles qui font dignes d'être reprises, mais qu'ils fe bleffent quelquefois des difcours les plus innocens & de ceux même où la feule neceffité de l'obéiffance nous engage: il s'en rencontre qui ont l'efprit, ou peut-être le cœur mal difpofé, & qui entendant toutes chofes autrement qu'elles ne font, en forment des accufations fans fondement, quoiqu'elles ne laiffent pas fouvent d'être bien reçûes de nos fuperieurs, qui n'ont pas le loifir de tout examiner, & qui fe laiffent facilement perfuader, que des perfonnes auffi imparfaites, que nous fommes, font très-probablement coupables de toutes les fautes qu'on leur impute.

XXXI.

Il feroit à defirer que les maifons religieufes fuffent exemptes de ces de

fordres, mais puifqu'ils fe trouvent par-tout, & qu'on ne les peut empêcher, il faut croire que Dieu les permet, afin que nous en faffions un bon ufage. Nous devons donc confiderer qu'étant occupez à des actions exterieures, où il eft neceffaire de parler & d'agir, il eft impoffible que nos paroles & nos actions ne tiennent quelque chofe de la corruption & des tenebres qui nous font naturelles, & qui font répandues par-tout. Nos paffions fe coulent & paffent insensiblement de notre cœur dans tout ce que nous faifons: fi nous avons quelque refte de colere, d'impatience, de mauvaise humeur, nous ne manquons pas d'en fentir les mouvemens, auffi-tôt qu'on nous en donne le moindre fujet, nous nous portons avec une ardeur & une activité toute humaine aux travaux qui font conformes à notre inclination; & on voit paroître au contraire tout ce que nous avons de pareffe, de tiedeur & de dégoût, quand on nous occupe à des ouvrages qui ne nous plaifent pas. Il eft mal aifé que nous ne fentions & que nous ne témoignions quelque dédain quand nous agiffons avec des perfonnes que nous n'efti

mons pas beaucoup, & que nous n'ayons trop d'attache à ceux que nous eftimons extraordinairement. Enfin nos paroles auffi bien que tout le refte de nos actions, font femblables à l'état où nous fommes: comme il est impoffible qu'elles ne foient pénétrées du levain qui eft dans notre cœur, & qu'ainfi nous n'ayons bien des fujets de demander pardon à Dieu des fautes que nous y commettons continuellement.

XXXII.

Un puiffant moyen pour affoiblir & diminuer cette corruption, qui eft infeparable des occupations exterieures c'eft de fe fouvenir que toutes les perfonnes qui nous environnent nous font données de Dieu pour prendre garde à notre conduite, & que nous fommes obligez d'agir en forte que nous les édifiïons, & qu'ils ayent fujet d'en rendre un bon témoignage; c'eft ce qui nous oblige de veiller fur toutes nos actions fes faire avec tant de prudence, tant de difcrétion & de charité, que nous ne bleffions pas même ceux qui font les plus fenfibles. Il faut autant que nous pouvons nous

, pour

transformer en eux,

[ocr errors]

nous accommo

der à leurs foibleffes, & prendre les manieres d'agir & de parler qui font plus capables de les édifier. Il faut er cela imiter l'adreffe dont fe fervent les gens du monde, quand ils traitent avec les grands dont ils efperent leur fortune, & dont ils defirent la faveur. Combien ont-ils alors d'attention pour ne leur rien dire de defagreable ? Quelle peine ne prennent ils pas, pour ne rien avancer qui ne foit felon leur efprit? & s'il leur échápe quelque parole contre leur intention, quel foin ne prennent-ils pas de la réparer par toute forte de fatisfactions & d'excufes?

[ocr errors]

Faifons en forte que toutes nos penfées foient, s'il fe peut, comme des paroles de Dieu; n'en difons aucune que pour lui plaire, & tâchons de ne parler que par fon efprit; proportionnons-nous à la capacité & à la foibleffe de ceux qui nous écoutent; en un mot foyons tels à leur égard que nous devons être, & nous leur parlesons comme nous leur devons parler. XXXIII

Mais parce-que nonobstant toutes

nos

nos réfolutions & toute notre vigilance, nous ne laiffons pas de faire beaucoup de fautes; fouffrons avec patience & avec douceur tout ce qu'on blâmera dans notre conduite. Nous fommes affurez que notre orgueil, notre pareffe, notre activité humaine, fe mêlent infenfiblement dans toutes nos œuvres, en forte qu'il n'y en a pas où nous ne trouvions dequoi nous humilier & demander pardon à Dieu. Comme nous ne devons pas douter qu'il ne voye beaucoup d'impureté dans ce qui nous paroît le plus faint, cela nous oblige de fouffrir avec une extrême douceur, ceux qui font de nous des rapports defavantageux qui trouvent en nous bien des chofes à blâmer, & qui nous en font un fujet de confufion.

une,

Quand Dieu veut abandonner les pecheurs à leurs tenebres, il leur envoye de faux prophetes, qui les louent dans les defirs de leur cœur, & qui fanctifient jufqu'à leurs crimes; mais il traite d'une autre maniere ceux qui font à lui, & il ne permet pas que l'huile des pecheurs engraiffe leur tête. Pl. 1404 Il fait que les louanges mêmes veritables peuvent corrompre nos bonnes Tome II. Bb.

« ÀÌÀü°è¼Ó »