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SOY-MESME,

'Et de l'exercice de la charité envers les autres.

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ES hommes font fi

peu

raifonnables, qu'ils vou Ldroient jouir d'une fanté continuelle fans jamais vieillir; fe voir dans l'ef time de tout le monde, & dans l'abondance de toute forte de commo. ditez; avoir des amis agreables, utiles, patiens, toûjours prêts à obliger & à pardonner; mais d'où leur peuvent venir ces biens? Ils ne fauroient fe les procurer à eux-mêmes. Les autres hommes n'ont ni affez de puiffance

pour les leur donner, ni affez de bonté pour le vouloir quand ils le pourroient; & Dieu de fa part ne leur a jamais fait de telles promeffes, ni ne s'eft point engagé à exaucer de tels Vœux. Pourquoi fe fatiguent-ils à defirer avec ardeur ce qu'il leur eft impoffible d'obtenir? Filii hominum, uf- Pfal.3.44 quequò gravi corde: ut quid diligitis vanitatem, & quæritis mendacium?

II.

Il faut donc que nous cherchions uniquement les vrais biens, qui rendent veritablement bons & heureux ceux qui les poffedent; des biens que ni le monde, ni le demon ne fauroient nous ravir malgré nous; des biens qui rempliffent parfaitement nos defirs, & qui

font incorruptibles & éternels; des biens que nous fommes allurez d'obtenir de la bonté de Dieu, fi nous les lui demandons comme il faut, & que nous poffedons même déja fi nous les défirons de tout notre cœur.

III.

Un Payen a dit autrefois, que fi

les hommes avoient l'adreffe de peindre la vertu avec toutes fes beautez, cet excellent portrait charmeroit tellement ceux qui le regarderoient,qu'ils n'auroient plus de paffion que pour un objet fi divin, & qu'ils oubliroient toute autre chofe, Mais difons que fi nous ne nous occupions que de la confideration des biens que Dieu a promis à ceux qui font à lui, & fi nous ne penfions qu'au feul neceffaire, nous nous fentirions bien-tôt élevez au-deffus de nous-mêmes, & dans la poffeffion d'un bonheur incomprehensible à tout autre, qu'à celui qui en jouit.

IV.

Tâchons de nous former une image de ce bonheur, & de nous le reprefenter dans un veritable chrétien. Servons-nous, pour faire ce tableau des veritez qui font répandues dans l'Evangile & dans les écrits des Apôtres; rendons-nous plus fenfibles les mêmes veritez, en les regardant dans les actions de Jefus-Chrift,& des faints qui ont imité ce divin maître; mais ce qui eft le principal, rendons-nous ce tableau propre; animons-le par des de

firs faints & ardens, & prenons la réfolution d'en être nous-mêmes de fidelles copies.

V.

19.

Un veritable chrétien ne tient à la terre que par fon corps: & il dit avec tous les difciples de Jefus Chrift: Qu'il Joan.15. n'eft pas de ce monde, felon la parole de Jesus-Christ même. Il eft parmi les hommes comme n'y étant point, & il n'eft aucunement en peine de ce qui peut arriver , parce qu'il a mis tous fes foins entre les mains de Dieu. La vûe continuelle qu'il a des biens & des maux éternels, efface devant fes yeux tout ce qui fait l'efperance & la crainte, la joie & la trifteffe, la gloire & le malheur des autres hommes.

lui

VI.

Dès que l'efprit eft dégagé de fon Corps, & qu'il eft élevé au-deffus des fens, il voit le monde auffi méprifable qu'il eft; & il comprend cette parole de l'Ecriture: Que tout le monde Joan. s. eft plongé dans le mal. Il reconnoît que 19. par toute la terre on ne rencontre que des objets de concupifcence, de va

Apocal.

18.

nité & d'orgueil; que des aveugles & des infenfez, qui gémiffent de leurs miferes, fans rien faire pour en fortir, que des furieux qui ne fentent point les plaies mortelles de leur ame,ou qui même s'en réjouiffent & s'en glorifient.

VII.

On n'eft pas plûtôt forti du monde, felon l'ordre qu'on en a reçû de Dieu que l'on comprend que cette babylone eft la demeure des demons, & la retraite de tout efprit impur; qu'elle enyvre toutes les nations de la terre du vin de fa prostitution: que fes crimes montent continuellement juf qu'au ciel; & que Dieu irrité de fes iniquitez, ordonne par un jugement irrevocable, qu'on multiplie fes tourmens & fes douleurs, à proportion de ce qu'elle s'eft élevée dans fon orgueil, & de ce qu'elle s'eft plongée dans les delices. Sa condamnation vient en un moment; fon partage eft l'affliction la famine & la mort; & enfuite le feu du ciel la confume tellement, qu'il ne refte plus de fes délices, de fes grandeurs & de fes richeffes, que de miferables ruines.

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